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Marché de la BD 2012 : La "surproduction" est-elle responsable de la paupérisation des auteurs ? (3/3)

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 18 février 2013                      Lien  
Nous achevons notre réflexion sur le marché de la BD 2012 sur cette question : la "surproduction" est-elle responsable d'une paupérisation des auteurs ? Car pour fournir 5 560 albums dans l'année, il a bien fallu les créer. Cela s'est-il fait dans des conditions défavorables à la profession ? Petit tour de la question.
Marché de la BD 2012 : La "surproduction" est-elle responsable de la paupérisation des auteurs ? (3/3)
La ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti
Photo : D. Pasamonik

Si l’on en croit certains auteurs de bande dessinée, leur misère serait grandissante en France.

Une illustration récente a été leur réaction aux propos du ministre de la culture Aurélie Filippetti. Que disait la ministre ? Que la BD favorisait l’accès à la lecture pour les enfants les plus jeunes, chiffres à l’appui : "Les enfants qui lisent la bande dessinée ont une pratique culturelle importante. 90% des 11-14 ans déclarent aujourd’hui qu’ils ont lu une BD. C’est très bien, il faut les encourager et aussi les orienter vers la diversité de la bande dessinée, les différentes écoles, les différents genres et les amener à former leur goût."

D’aucuns en ont conclu que la ministre considérait la BD comme une littérature pour les enfants. Il me semble qu’au contraire, elle se félicitait des vertus de la BD et, dans le reste de l’interview, d’une diversité dans la lecture.

"Un secteur qui se porte bien" (Aurélie Filippetti)

On lui est surtout tombé dessus parce qu’elle avait osé dire que la BD tenait plutôt le coup, comparée aux autres secteurs du livre : "...il y a encore eu une légère progression l’année dernière. C’est vrai qu’il y a beaucoup d’œuvres, près de 5500 œuvres nouvelles, mais je trouve cela extrêmement positif, moi. L’essentiel est que la diversité du marché éditorial soit conservée, que les jeunes et les nouveaux talents puissent émerger et que chacun y trouve sa place. Apparemment, c’est le cas."

Était-ce maladroit ? Nous ne le pensons pas. Outre qu’elle y mettait les précautions d’usage ("apparemment"), elle s’appuyait sur les études de marché que l’on peut lire dans Livres-Hebdo ou ailleurs. Même si cette réalité du marché est un cliché incomplet, comme nous l’avons expliqué, elle est néanmoins incontestable : la BD ne s’est pas écroulée en 2012, alors que le livre dans son ensemble a plutôt reculé.

Même si elle donne raison au ministre, notre enquête ne nous a pas fait rencontrer que des gens sereins, même chez les éditeurs. Les plus gros se "recentrent" : abandon des filiales et des activités non-stratégiques, repositionnement sur les "valeurs sûres", protection du résultat au besoin par un système de spin-offs de séries au succès éprouvé ou une publication plus rapide que naguère grâce à des "saisons" confiées à des équipes. Il s’agit de répondre à un consommateur moins patient.

Nervosité palpable

Chez Média-Participations, on envisagerait une réduction des nouveautés dans une proportion de 8 à 10% dans les saisons prochaines. D’autres labels leur emboitent le pas. Est-ce annonciateur d’une réduction de la production des nouveautés ?

Pas forcément, car les 80 titres de Média-participations rapportés à 5500 albums, ce n’est pas grand chose. La manœuvre est tout autre : elle consiste à concentrer la puissance de feu sur moins de titres : à investissement constant, cela veut dire plus de marketing, plus de promotion et plus d’implication dans la qualité éditoriale.

Cette tendance ne fait pas l’affaire des auteurs chez qui, depuis quelques années déjà, la réduction des à-valoir a créé un malaise constant. Comme nous l’avons expliqué, le fait que plus de 50% de l’offre nationale soit d’origine étrangère pèse logiquement sur les prix d’achat de la création.

La nécessité d’un rythme de publication accéléré a favorisé le dessin "rapide" au détriment d’un dessin plus "élaboré". Par définition, Trondheim ou Jul produisent plus rapidement que Schuiten ou Andréas par exemple.

Le travail en équipes sur certaines séries publiées en "saisons" ou encore sur la reprise de personnages emblématiques (Spirou, Blake & Mortimer,...) a nivelé la qualité, creusant plus encore le fossé en une bande dessinée dite "d’auteurs" et une bande dessinée dite "commerciale".

Marko Armspach. Il n’envisage pas de lâcher ses activités parrallèles.
Capture d’écran de "Sous les Bulles", un documentaire de Maiana Bidegain (c) Mediakrea

Sous les bulles

Le documentaire de Maiana Bidegain & Joël Callède présenté au Festival d’Angoulême, "Sous les bulles, l’autre visage du monde de la bande dessinée" (MediaKrea) a cette ambition : "Une enquête dans l’univers de la Bande Dessinée franco-belge pour en découvrir la réalité économique contrastée, à travers ses différents acteurs."

"Entre « success stories » et angoisses face à un secteur en pleine mutation, un monde se révèle, beaucoup plus féroce et fragile que l’on aurait pu l’imaginer" disent ses auteurs. C’est un documentaire d’une implacable honnêteté et qui fait un travail de pédagogie sur les dessous de l’édition qui mérite d’être diffusé.

Plusieurs témoins de renom y participent, comme le scénariste Fabien Vehlmann qui donne des chiffres : l’à-valoir sur une BD de vente moyenne est de 20 000 euros à se partager entre le dessinateur et le scénariste (souvent 3/4 et 1/4). Le scénario met trois mois à s’écrire, déclare-t-il, et le dessin un an. Sauf que Goscinny se donnait un mois et que les Rivaux de Painful Gulch de Lucky Luke a été dessiné en un mois (mais c’est une exception, un défi de la part de Morris).

Formé dans une école de commerce, Vehlmann, ce membre très actif du syndicat des auteurs, le SNAC-BD, dit une chose juste : "Il y a un sentiment d’insécurité assez fort chez les auteurs, d’autant qu’il y a une forme de précarité dans ce métier."

Marko Armspach, sympathique dessinateur interrogé par le film donne une autre partie de l’équation : jusque là, il faisait de la pub et de l’illustration et il n’envisage pas de lâcher ces activités tant que son statut d’auteur ne sera pas installé.

Au fond, le profil d’un auteur d’aujourd’hui ressemble à celui d’un Bastien Vivès, formé à l’animation, ayant commencé comme illustrateur pour enfants avant de devenir la coqueluche de la nouvelle génération ; ou à un Clément Oubrerie faisant des aller-retour entre l’animation et la BD ; ou encore à une Catherine qui, à l’instar d’un Willem ou d’un Pétillon avant elle, alterne le travail de dessinatrice de presse, où elle est salariée, et celui d’auteure de BD.

Le cas d’Isabelle Bauthian, qui écrivait il y a quelques jours une lettre ouverte à la ministre de la Culture où elle exprimait sa désespérance, montre bien la difficulté de ce métier : elle a produit, comme scénariste, dix ouvrages en sept ans. Elle se considère comme une "privilégiée" en gagnant 750 euros par mois (un scénario se paie entre 70 et 100 euros la page). Elle est donc obligée d’avoir une activité complémentaire en dépit d’une activité qui l’occupe, dit-elle au ministre, "à temps plein". On comprend, en regardant ces chiffres, que le rapport entre le temps passé et la valeur commerciale de son travail est très déséquilibré.

Quelles solutions ?

Alors, la "surproduction" est-elle responsable de la paupérisation des auteurs. Nous ne le pensons pas : il y a vingt ans, 800 livres avaient la chance d’être publiés ; aujourd’hui, il y en a 5000. Le CA de la BD est de 400 millions d’euros. Il y a, en France, selon Gilles Ratier, environ 1 510 auteurs francophones qui "vivent de leur travail" [1]. Une manne qui doit être partagée de façon équitable mais qui ne suffit pas à nourrir toutes les bouches. Heureusement, l’activité d’auteur bande dessinée n’est pas forcément exclusive.

"Je ne sais pas de quoi tous ces auteurs vivent !" s’exclame, dans le même documentaire, Jean Van Hamme qui fait partie, selon Ratier, des 89 auteurs privilégiés de séries ou d’œuvres indépendantes bien installées qui ont été tirées à plus de 50 000 ex. en 2011 et qui réalisent l’essentiel du chiffre sur ce secteur. "En 2012, dit Ratier, 78 d’entre elles appartiennent au domaine franco-belge et leur fonds représente environ 60% du chiffre d’affaires des principaux éditeurs".

Van Hamme s’étonne qu’il y ait autant d’auteurs derrière cette "surproduction" avant de donner lui-même une partie de la réponse à la question qu’il se pose : à ses débuts, pendant plusieurs années, il a vécu aux crochets de son épouse, le temps que les ventes de ses séries décollent. Cela avait été son choix. S’il n’avait pas eu cette opportunité, il serait sans doute revenu à la fonction d’ingénieur commercial pour laquelle il avait été formé. Et c’est bien là l’un des problèmes de la BD : c’est la gestation plus ou moins longue (entre six et quinze ans) d’un auteur best-seller.

Jean Van Hamme : "Je ne sais pas de quoi tous ces auteurs vivent !"
Capture d’écran de "Sous les Bulles", un documentaire de Maiana Bidegain (c) Mediakrea

Une situation qui doit être améliorée, mais comment ?

L’auteur étant un indépendant (pas de chômage, aucune sécurité d’emploi, concurrence accrue en raison de la "surproduction"...), il est particulièrement fragilisé ces derniers temps.

Il serait peut-être temps de mettre sur la table la question de son statut et d’examiner les différents modèles qui coexistent. En Belgique par exemple, certains auteurs qui cotisent à la Smart (ou à d’autres organismes, comme Merveille) ont droit au chômage, ce qui leur donne un statut comparable aux intermittents du spectacle et qui permet de "lisser" les périodes d’inaction entre deux projets.

Isabelle Bauthian a écrit une lettre à la ministre
Capture d’écran de "Sous les Bulles", un documentaire de Maiana Bidegain (c) Mediakrea

La ministre devrait peut-être réfléchir à un moyen d’accompagner l’éclosion de ces talents sur une période plus ou moins longue, peut-être par un système comme celui de Smart ou un autre.

Peut-être aussi devrait-on se pencher sur le déséquilibre de la balance commerciale entre la France et certains pays producteurs de BD. Rappelons que les patrons japonais de Shueisha ou de Kodansha font partie des délégations ministérielles dans les négociations économiques intergouvernementales en Asie. On est encore loin de cette situation ici.

Il faut enfin que les éditeurs et les auteurs travaillent davantage leur partenariat. Un exemple en est donné récemment aux éditions Paquet qui ont mis au point un logiciel qui permet à leurs auteurs de consulter en temps réel leur tirage, leurs chiffres de vente, leurs droits d’auteur et le montant qu’il reste à recouvrir de l’avance, histoire de lever toute suspicion et de se concentrer sur l’objectif principal d’un livre : trouver son public.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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A lire

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- Marché de la BD 2012 : La glorieuse incertitude des chiffres (2/3)

- Marché de la BD 2012 : La situation complexe des auteurs (3/3)

[1Ratier prend seulement en compte les auteurs européens de bandes dessinées francophones qui ont, au moins, trois albums disponibles au catalogue d’éditeurs bien diffusés et un contrat en cours ou un emploi régulier dans la presse ou l’illustration.

 
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56 Messages :
  • Je trouve cette analyse assez intéressante et reflète bien la situation actuelle. D’un côté des auteurs établis (peu) avec des tirages conséquents et de l’autre une kyrielle de dessinateurs, scénaristes, coloristes qui tirent la langue… Perso, j’ai chois de ne pas mettre tous mes oeufs dans le même panier :-) Graphiste et illustrateur à temps plein au sein de ma société et dessinateur de bd sur la tranche. 2 albums publiés chez Paquet en 2011 et 2012 (le suivant en 2013) et des ventes honorables vu la bonne diffusion du produit (et sa qualité !). Cela me laisse les coudées franches et je ne suis pas taillable et corvéable à merci… Les éditions Paquet dispose par ailleurs d’un logiciel redoutable accessible à ses auteurs et qui donne une situation claire des ventes, des retours, des replacements etc.Exemplaire ! Je lis aussi que certains auteurs cherchent un statut, j’ose à peine dire une sécurité… Ca me laisse perplexe… Ils se sont peut-être trompé de job… Le fonctionnariat dans ce domaine, je n’y crois pas du tout. Amicalement.

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    • Répondu par David Chauvel le 18 février 2013 à  15:40 :

      Avoir un statut, ce n’est pas du "fonctionnariat".
      Le fait d’être indépendant, et en dehors du travail salarié ou du statut de fonctionnaire, n’oblige pas à renoncer à toute forme de protection sociale et se mettre en précarité permanence sous prétexte qu’on voudrait appliquer à tous les sains préceptes capitalistes de "vends ou crève" (avec pour justification d’avoir voulu vivre d’une activité artistique). L’auteur n’a pas à "payer" ou "être puni" pour avoir fait un choix différent de la majorité de la population. Ce serait même en contradiction avec des principes d’égalité de droits qu’il serait souhaitable de ne pas perdre de vue.
      Des avancées, il y en a eu, avec la déclaration de revenus simplifiée, l’accès à la caisse de retraite, le droit à la formation... Pourquoi s’arrêter là ? Il n’y aucune raison de ne pas pouvoir étendre le champ de la protection sociale, à partir du moment où la situation des auteurs se dégrade.

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      • Répondu par Sylvain Runberg le 18 février 2013 à  17:02 :

        Un bon résumé de la situation David. A croire que pour certains, être auteur, ça doit forcément se payer, en étant ceux qui dans la chaine de l’industrie du livre devraient se contenter des miettes qu’éventuellement on voudrait bien leur laisser.

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      • Répondu par balduino le 18 février 2013 à  19:06 :

        Cher David,
        Le statut d’indépendant est un statut,du moins en Belgique.Il assure une couverture mutuelle et pension. Le fait de choisir ce statut n’est donc pas se mettre en précarité. Ou alors je ne comprends plus rien…
        Du reste, Smart offre aussi des possibilités de couverture pour des cotisations extrêmement réduites.
        Je ne me sens pas "puni" :-) Du reste les indépendants sont majoritaire en Belgique…

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        • Répondu par Yaneck Chareyre le 18 février 2013 à  21:31 :

          La belgique n’est pas la france.

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      • Répondu par JC Lebourdais le 20 février 2013 à  16:27 :

        Les intermittents du spectacles coutent plusieurs milliards à l’état chaque année. Donc au contribuable.
        Donc en réalité ils sont fonctionnaires. CQFD
        Il faut arrêter de se voiler la face.

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        • Répondu par Saahdi le 22 février 2013 à  17:21 :

          Le statut en lui-même répond à une réalité de terrain. Costumières, perchman, maquilleuses, régisseurs, techniciens divers, danseurs, comédiens ou autres acteurs du spectacle vivant, exercent leurs métiers lorsqu’un spectacle se crée. Lorsqu’il est achevé, que ce soit sur une scène ou derrière une caméra, leur travail est terminé. On ne peut décemment pas leur demander de vivre de l’air du temps lorsqu’on a plus besoin d’eux, et pour sauter d’un contrat à un autre, c’est une vraie galère. Croyez-le, la plupart des intermittents sont courageux, volontaires et ne demandent qu’à bosser. Mais le secteur est ainsi fait que, ben du travail, ils n’en ont pas en permanence.
          Le régime intermittent, c’est ni plus ni moins le chômage adapté à un secteur qui fonctionne différemment des autres.

          En fait, le problème ne vient pas de l’écrasante majorité des intermittents qui bossent honnêtement et surtout lorsqu’ils le peuvent ; il ne vient même pas des acteurs connus qui émargeraient aux assedic en proportion des cachets astronomiques qu’ils touchent pour des films (ça a eu cours, ça n’est plus le cas.)

          Le problème est le suivant : Prenez un producteur lambda qui emploie dix personnes à temps plein, comprenez en CDI réel, effectif ; mais il ne les déclare et il ne les paie que 15 jours par mois, les enjoignant pour le reste, à faire appel au régime des intermittents. Ils acceptent ou dégagent. Ceux-là on les appelle les "permittents".
          C’est subtil : même si pour l’employeur, les charges d’un intermittent sont plus importantes que pour un salarié du régime général, il les paie sur une période plus courte et laisse ensuite le contribuable régler le reste.
          C’est ce procédé frauduleux qui pèse très lourd. La cour des comptes peut bien répéter à chaque rapport qu’il faut faire quelque chose, tous les gouvernements s’y cassent les dents.
          Quoi faire ?
          - Coller un inspecteur du travail derrière chaque intermittent ? Ouais bof, mais en fait non, nous ne sommes pas encore dans une dystopie d’Orwell.
          - Abroger le statut ? Ok. Alors là, dressons un panorama au pifomètre : des centaines de milliers de gens au chômage, plein cette fois-ci. Des spectacles qui n’ont plus lieu, des projets artistiques qui tombent à l’eau, des films qui ne passeront jamais le stade du scénario. Des maisons de prod qui ferment, des techniciens qui déposent le bilan pour peu qu’ils disposaient d’une structure liée au spectacle, leurs employés eux-mêmes envoyés à pôle emploi.

          L’intermittence, c’est une myriade de petites mains qui ne cherchent en rien à arnaquer les concitoyens mais veulent simplement travailler, même dans l’ombre, derrière les rideaux. Ils sont les lutins dont on prétendrait qu’ils n’existent pas, mais qui maintiennent, avec leur richesse et leurs compétences, la culture en vie.

          Pas CQFD : c’est un débat et il est complexe, il implique des êtres humains, leur devenir ou leur survie. On ne peut pas le clôturer comme un théorème.

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    • Répondu le 18 février 2013 à  17:03 :

      Les intermittents vont être contents d’apprendre qu’ils sont fonctionnaires...

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    • Répondu le 18 février 2013 à  18:38 :

      Faire le pinpin dans la comm. et faire de la BD le soir est à la portée de tous, je sais, je le fais. Celà n’empêche pas de regretter énormément que les auteurs n’aient pas un vrai statut, comme l’a si bien expliqué David Chauvel.

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      • Répondu par N Demare le 19 février 2013 à  01:14 :

        heu... à la portée de tous ?
        non, si je faisais du zep ou du lapinot peut être, mais quand on fait du réaliste et détaillé ?
        ... perso une page c’est 3 à 5 jours de taff rien que pour crayonné/encrage, à coup de 10/15h par jours... alors avoir un taff à coté... c’est déjà pas toujours évident d’avoir une vie...

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        • Répondu par Fred le 20 février 2013 à  01:08 :

          si je faisais du zep ou du lapinot peut être

          Si vous êtiez capable de faire du ZEP, vous seriez richissime.

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          • Répondu le 20 février 2013 à  12:45 :

            la formule "Du Zep" est un raccourci pour dire "dessiner avec le degré de stylisation de Zep"

            Ce n’est pas l’exemple que j’aurai choisi car le système de représentation que Zep emploie pour Titeuf est quand même assez sophistiqué.
            Je penserai plutôt à "du Mathieu Sapin" pour illustrer une façon de dessiner plus "légère", plus "rapide".

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          • Répondu par Saahdi le 20 février 2013 à  17:49 :

            Joli le coup bas, Fred.
            Mais ma fois vous avez raison. Dessinons avec les pieds pour faire du fric ! Et l’on justifiera le côté torchon bâclé en l’érigeant en style, en institution ! Comme ça au passage, on se foutra bien de la gueule de ces cons de lecteurs qui de toutes façons ne savent pas différencier un dessin de marmot de trois ans d’un Delacroix. Pour quoi se faire suer à chiader nos planches ? Laissons ça aux mecs qui font de la Fantasy, c’est tous des sales geeks qui ne méritent que notre mépris. L’important c’est le fric ! Faut vendre, vendre, plus, et plus vite !

            Il me vient à l’esprit le parfait exemple du foutage de gueule bien cynique proposé par Delcourt, cette petite collection où l’on a demandé à Vives et maintenant à Delisle (parce que bon le gars il vend, donc il est crédible) de faire trois dessins pourris puis de les copier-coller autant de fois que nécessaire pour remplir 100 pages.
            Vive la BD tendance qui rend richissime !

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            • Répondu le 20 février 2013 à  21:46 :

              exemple du foutage de gueule bien cynique proposé par Delcourt, cette petite collection où l’on a demandé à Vives et maintenant à Delisle (parce que bon le gars il vend, donc il est crédible) de faire trois dessins pourris puis de les copier-coller autant de fois que nécessaire pour remplir 100 pages.

              Vous avez tout faux mon gars. Delcourt n’a rien demandé à personne, Vives a fait ça de lui-même pour son blog, ce n’est que plus tard que Trondheim lui a proposé de l’éditer pour la collection Shampooing. Vives n’a d’ailleurs rien inventé, ça s’appelle la réitération iconique, et Trondheim l’a fait dès ses débuts avec Monolinguistes, Psychanalyse, et Moins d’un quart de seconde pour vivre.

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            • Répondu par Sergio Salma le 20 février 2013 à  22:20 :

              Saahdi, vous avez pris vos gouttes ?

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              • Répondu par Saahdi le 21 février 2013 à  12:28 :

                Pas la peine, je me drogue à la BD. J’en lis, j’en vend et j’en vis. Jugez du résultat.
                Et au passage j’adore votre boulot.

                En réaction au message précédent.
                Une petite histoire, si vous me le permettez : à l’orée de la décennie 90 j’étais aux beaux-arts de Luminy à Marseille. Fin de deuxième année, les profs passent dans l’atelier pour estimer le travail des étudiants. Je n’ai rien exposé : mes toiles par trop figuratives n’ont pas les faveurs de ceux qui ne jurent que par les monochromes de Klein et les blocs de béton hérissés d’acier exposés à New-York.
                Je prends le balai de l’atelier, le plante dans la poubelle pleine. J’appose mon nom sur l’oeuvre ainsi qu’un titre ("transcendance" ou un truc du genre, m’en souviens plus bien...) Puis je m’éclipse, direction les calanques pour piquer une tête.
                Je n’ai même pas eu à argumenter mon non-travail : on l’a fait à ma place. Ce "rendu" a été apprécié, très bien noté, commenté et m’a ouvert l’accès à ma troisième année - pour laquelle je n’ai pas rempilé.
                Ce jour-là, j’avais enfin compris que prendre les gens pour des bananes pouvait nous assurer une légitimité artistique.

                Tout ça pour dire, que le foutage de gueule consistant à copier-coller un dessin soit affublé d’une définition savante, voire un discours inspiré, ne le dispense en aucune façon d’être du foutage de gueule. Comme je le disais plus haut, le n’importe quoi se justifie voire s’institutionnalise très bien, pour peu qu’on soit plus fort en verbiage qu’en dessin.

                On peut vendre 100 à 150 pages de blog pour moins de 10 euros et se propulser artiste bankable (donc crédible). On peut aussi passer 60 heures sur une planche histoire de donner autre chose aux lecteurs que du vent, et espérer au moins un peu de reconnaissance - à savoir, tout le contraire d’une pique gratuite telle que celle de Fred.

                Là-dessus ma pause est terminée, je retourne, messieurs, vendre vos albums. Et pour tous, j’y mettrai du coeur.

                Répondre à ce message

                • Répondu par Frede le 21 février 2013 à  16:00 :

                  pour peu qu’on soit plus fort en verbiage qu’en dessin.

                  Voilà qui sent très fort son aigri de base. Vous vouliez être artiste et vous n’êtes que libraire, alors vous en voulez à tout le monde. On peut comprendre mais vous tombez mal, parce que Bastien Vives n’est pas qu’un humoriste de premier ordre avec ses livres tirés de son blog, il est également l’un des meilleur dessinateur de bd actuel, avec une justesse, une grâce et une volupté jamais égalées.

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                  • Répondu par Saahdi le 21 février 2013 à  17:10 :

                    Et hop, on passe à la psycho de comptoir ! Dites donc, vous n’avez pas perdu de temps. J’en conclus que vous n’avez plus d’arguments et ce n’est pas plus mal.
                    A présent, vous ne pourrez abonder que dans le préjugé. Ou le brossage d’"artistes" bankables dans le sens du poil.

                    "et vous n’êtes que libraire"
                    Mes confrères apprécieront. C’est bien ce que je disais : du mépris. Et ça, ça parle bien plus de vous que de quiconque.

                    Je vous donne ceci en guise d’adieu : je ne suis pas que libraire. Mais ce métier, je l’aime et j’en suis fier.

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                    • Répondu par Oncle Francois le 22 février 2013 à  12:00 :

                      Oui, les libraires et les acheteurs de BD dessinent moins bien que les auteurs, mais est ce une raison pour les mépriser ? A la limite, si tout le monde savait dessiner et raconter , il n’y aurait plus d’auteurs pros.

                      Répondre à ce message

  • En fait la bd franco-belge à vous lire, c’est une bd française, qui s’occupe des auteurs français.

    Pourquoi ne pas distinguer le cas des auteurs belges des auteurs français ?

    Vous parlez de la Smart pour la Belgique qui permet de toucher le chômage. Pouvez-vous être plus précis ? Vous ne citez qu’un seul auteur en exemple. Doit-on comprendre que tout auteur de bd belge n’y a pas droit ? Ou bien au contraire les belges sont mieux lotis que les français ?
    Merci de préciser la situation belge.

    Et désolé pour nos amis français :)

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 18 février 2013 à  16:38 :

      Eh oui, 85% de notre lectorat est français. Et celui du marché de la BD aussi.

      Il est clair que le système SMART (ou autre, nous avons modifié l’article en ce sens) mériterait un développement plus circonstancié. Mais nous ne pouvons pas envisager tous les problèmes en même temps. C’était une suggestion incidente, mais nous y reviendrons probablement un de ces jours.

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      • Répondu par Martin. le 18 février 2013 à  20:21 :

        Eh oui, 85% de notre lectorat est français. Et celui du marché de la BD aussi.

        Ca je le sais. Mais quel est le pourcentage d’auteurs belges/français dans ce marché ?

        Ce sont d’eux dont vous parlez en discutant la paupérisation des auteurs. On dit qu’il y a 1800 auteurs. Combien de français et de belges ?
        Merci encore pour ces nouvelles précisions.

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  • J’ai beaucoup de mal à concevoir que vivre de son art c’est toucher des sommes inférieures au SMIC, puis de produire pour produire pour continuer à toucher de si faibles sommes. Bref de cumuler autant d’inconvénients et si peu d’avantages.
    Je crois que malheureusement il est utopique de penser que le gouvernement va créer un statut aussi avantageux que celui des intermittents du spectacle (comme j’ai pu lire par ailleurs), surtout en période de crise et pour « seulement » moins de 1000 personnes en France, qui de plus, communiquent si peu par le biais de son syndicat auprès du grand public sur cette situation.
    Bien que l’article semble dire le contraire, l’offre pléthorique d’albums sur une année au regard des ventes créé bien une situation de Surproduction dont les auteurs sont évidemment les premières « victimes collatérales ».
    Dans ce genre de situation, on est proche de la bulle spéculative, et à un moment donné, le risque est que les éditeurs coupent les robinets, ce qui laissera sur le carreau les plus « faibles », et c’est visiblement ce que compte entamer Média-participations.

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    • Répondu le 18 février 2013 à  17:48 :

      S’il n’y a que 1000 ou 1500 auteurs pour qui, on pourrait créér un statut spécial
      un peu comme smart en belgique, ça va quand même pas ruiner le pays, non ?
      Ou qu’on nous mette aux statuts des intermittents au moins, ça protègera la création sans que ceux qui la font, ( une grosse majorité ) ne soient considérés comme un Lumpenproletariat sous smicards.

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    • Répondu par David Chauvel le 18 février 2013 à  19:24 :

      Le syndicat qui "communique si peu" vous remercie. Pour information, il ne fonctionne qu’avec des auteurs bénévoles, qui prennent sur leur temps, et pour certains depuis des années, pour le faire fonctionner. Si vous vous sentez une âme de communicant, c’est avec grand plaisir que nous vous accueillerons et vous laisserons vous occuper de leur "comm". Vous savez où nous trouver. A bon entendeur...

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      • Répondu par Yo le 18 février 2013 à  19:55 :

        Désolé que vous le preniez ainsi Monsieur Chauvel, je ne voulais pas vous offusquer. Ma phrase était peut-être maladroite... Ce que je voulais dire par "communiquer si peu", c’était plutôt en terme d’action. L’histoire à montrer que les "batailles syndicales" ne se font pas généralement seulement à coups de prospectus distribués.

        Le SNAC a t’il l’intention de demander à ses adhérents de ne plus livrer de planches tant que des négociations sérieuses n’auront pas été entamées ?
        Le SNAC prévoit-il de demander à ses adhérents de faire une grève de la dédicace pendant le FIBD pour protester contre cette situation intolérable ?
        Le SNAC a t’il l’intention de faire des actions tout court ?
        Loin de moi l’idée de faire la leçon au SNAC(dont je vous assure de mon entière empathie), mais à un moment donné, quand la situation perdure et s’aggrave, et que vous n’obtenez peu ou aucune avancée, quelles solutions reste-il ?
        Que nous le voulions ou non, et le monde d’aujourd’hui tourne comme ça, pas de relais média égale pas d’avancée sociale et pas d’actions de communication, pas de relais média.

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        • Répondu par Sergio Salma le 18 février 2013 à  21:56 :

          Il reste les grues.

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          • Répondu par Yo le 18 février 2013 à  22:39 :

            J’y ai pensé aussi en regardant les infos ce soir. Bien vu Monsieur Salma...

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        • Répondu par David Chauvel le 18 février 2013 à  23:59 :

          Le Snac travaille dans l’ombre, monsieur, ne vous en déplaise. Et non, il n’appellera pas à une rétention des planches. Qui dit rétention des planches, dit rétention des paiements, et j’aimerais bien savoir comment la majorité des auteur qui gagne 1000 euros par moins ou moins pourrait se passer de paiement, ne serait-ce qu’un mois ou deux. Un blocage de ce genre est impossible.
          Un blocage des dédicaces ne serait pas plus utile et "prendrait en otage", comme on aime si bien le dire dans les journaux, les braves citoyens venus passer un dimanche au beau pays de la si sympathique "Bédé". Et ce, d’autant plus que pour imposer une action collective, encore faut-il être suivi, hors si le Snac représente une bonne partie des auteurs, il ne représente pas TOUS les auteurs et ne le fera jamais. Il ne peut donc imposer ce genre d’action à l’ensemble de la profession.
          Par contre, il est de toutes les négociations, dont celles actuellement en cours autour du numérique, sous l’égide du Ministère et il oeuvre au jour le jour, mais dans une discrétion logique, à résoudre les conflits qui ne manquent pas de nous êtres soumis, entre les auteurs et leurs maisons d’éditions. Et comme je vous l’ai dit, parce qu’il fonctionne avec un groupe d’auteurs bénévoles et souvent toujours les mêmes, il n’a pas toujours le temps de communiquer comme il le devrait, le regrette et n’attend que les bonnes volontés pour s’en occuper. Mais ça, c’est plus compliqué et plus fatigant, que quelques mots tapés sur internet... Et puis ça oblige aussi à se confronter à un quelque chose d’extrêmement déplaisant, qu’on appelle réalité.

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          • Répondu par Yo le 19 février 2013 à  10:48 :

            Monsieur Chauvel, encore désolé de pas pouvoir m’inscrire dans votre syndicat car le temps me manque, mon emploi dans l’insertion sociale est assez chronophage, mais rassurez-vous, il me maintient bien dans ce que vous appelez la "Réalité".
            Comme je l’ai dit plus haut, je ne cherche pas à vous faire la leçon, mais j’essaie juste de comprendre comment vous allez pouvoir faire évoluer la situation dans un rapport de force aussi inégale.
            Ce n’est pas un jugement de valeur mais un simple constat. Bon courage à vos bénévoles...

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          • Répondu le 20 février 2013 à  10:36 :

            Pardonnez-moi mais comment voulez vous faire pression sur les éditeurs autrement que par une menace quelconque ? Les syndicats ne représentent que très très rarement tous les salariés d’une entreprise ou d’une profession quand ils font grève. Et heureusement d’ailleurs, sinon il n’y aurait jamais aucune contestation...

            Ce qu’il faudrait c’est que quelques "gros" soutiennent une action qui profite à tous, qu’ils défendent cette idée d’un statut un peu plus protecteur par exemple...

            Van Hamme par exemple ? Ha ! ha !

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  • Permettez, cher Didier Pasamonik, que je rectifie légèrement vos propos ; tant qu’à vous auto-citer, soyez un peu plus exact et précis.

    Ce qui a suscité une vive réaction chez certains auteurs, ce n’est pas l’analyse de Mme Filippetti sur le fait que "la BD tenait plutôt le coup, comparée aux autres secteurs du livre", mais bel et bien le début de sa phrase, ici oubliée, je cite ;
    "Non, on ne m’a pas parlé de "crise de la BD". Par rapport à l’ensemble de l’industrie du livre, c’est même un secteur qui se porte bien..."

    Cette petite phrase, anodine dans un contexte plus général, n’est malgré tout pas si innocente, au regard de la situation de précarité de nombre d’auteurs de BD, qui voient depuis quelques temps les conditions qu’on leur accorde se réduire dramatiquement. C’est une méconnaissance de leur situation qu’ils peuvent aisément prendre pour une non prise en considération.

    Il n’y a sans doute pas de "crise de la BD" dans un contexte économique général plutôt morose, mais bel et bien une "crise" dans la BD. Cependant, je suis certain que ce malentendu sera prochainement éclairci, dès que le Ministère de la Culture aura reçu et entendu les représentants des auteurs, notamment le CPE au sein duquel le SnacBD défend les auteurs de BD.

    Cette mini-"crise" (de communication) aura du moins eu le mérite de mettre en lumière cette situation des auteurs, et permettra je l’espère de se pencher rapidement sur leur statut particulier, qui reste encore à définir (allez déclarer à deux centres d’impôts différents que vous êtes "auteur de Bande Dessinée" et comparez les conseils qui vous seront donnés) et à consolider.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 18 février 2013 à  17:42 :

      Cher Maëster, j’adore vous permettre ;)

      Soyons encore plus précis, la question était "Est-ce que les professionnels de la BD : auteurs, éditeurs, libraires... sont venus vers vous pour vous parler d’une "crise de la BD" ?"

      Et la réponse a été : Non. C’est donc que le défaut de communication était aussi dans notre/votre camp. Sa réponse était honnête. je crois qu’elle n’a pas apprécié qu’on lui fasse un procès d’intention sur cette réponse.

      D’autant que je me suis aperçu depuis que le monde de la BD est loin de lui être étranger.

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      • Répondu par lebon le 18 février 2013 à  17:52 :

        En Belgique, il n’y a ni statut d’intermittent, ni statut d’artiste, en tout cas pas au sens légal du terme. Une preuve ? Aucun artiste ne possède un document officiel de ce genre, quant à la loi-programme de 2002 sur ce sujet, c’est un véritable foutoir d’incertitudes dans lequel l’ASBL SMART et la S.A. Merveille qui font toutes deux du secrétariat social pour "artistes" tirent les marrons du feu, Smart c’est un portefeuille client de plus de 10 000 têtes, un peu moins pour Merveille SA.
        Comme le salariat en BD n’existe pas et que plus aucun jeune diplômé en art ne souhaite s’installer comme indépendant vu les risques, chaque année, des bataillons de chômeurs artistes diplômésviennent créer une concurrence déloyale en pratiquant des prix à la baisse, tuant les derniers indépendants qui tentent de survivre. Dans le domaine du graphisme, c’est une véritable hécatombe. II reste alors une solution, retourner à l’école pour prétendre faire le prof, mais là aussi ça commence à bouchonner grave.

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      • Répondu par callede le 18 février 2013 à  17:53 :

        Réponse honnête, c’est vite dit... Il me semble que le syndicat des auteurs l’a interpellé à plusieurs reprises. De plus, il y a quelques mois le dessinateur Stephane Crety lui a remis en main propre une note de synthèse insistant sur les difficultés actuelles des auteurs avec quelques pistes de réflexions, et lui a longuement parlé à cette occasion. Enfin, Maiana Bidegain et moi-même avons sollicité à plusieurs reprises la ministre pour "Sous les bulles" afin de parler de la "crise" actuelle et notamment de la situation des auteurs. En l’absence de réponse, nous l’avons interpellé directement lors du FIPA de Biarritz et lui avons remis une copie du DVD avant le festival d’Angoulême. Dire que personne n’est venu vers elle, notamment du côté des auteurs, est faux.

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        • Répondu par Henscher le 18 février 2013 à  18:16 :

          Cela fait même plusieurs mois, en fait, que la ministre refuse de rencontrer quelque organisation d’auteurs que ce soit, BD ou autre, dans le cadre des discussions sur le numérique.

          Le SNE, lui, n’a pas ces problèmes d’accès.

          Etrange notion de la médiation, pour le moins.

          "Selon que vous serez puissant ou misérable..." (Air connu)

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        • Répondu par stéphane créty le 18 février 2013 à  19:43 :

          j’ose espérer que madame la ministre a d’autres canaux d’information que les fébriles interventions d’auteur entre deux portes....sinon, elle est aussi renseigné qu’un certain nombre de commentateurs ici présents qui cumulent erreur et imprécision avec un entrain réjouissant.

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      • Répondu par Maester le 18 février 2013 à  19:49 :

        "Il n’est pire sourd..." Voir les réponses ci-dessous.

        Mais il est vrai qu’on aurait dû commencer par la "tweeter" au lieu de solliciter des entrevues, ça aurait été beaucoup plus vite.

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  • l’à-valoir sur une BD de vente moyenne est de 20 000 euros, oui certes, mais combien considérez vous qu’il y ait de" ventes moyennes" sur 5500 sorties, ou en d’autres termes quels sont le chiffres de ventes d’une vente "moyenne" pour vous en nombres d’exemplaires vendus.
    Car des à-valoir aussi haut semblent devenus bien rares,
    on est plus entre 9 et 13.000 € parmi mes nombreux collègues.

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  • Jean Van Hamme : "Je ne sais pas de quoi tous ces auteurs vivent !"
    Ils vivotent Monsieur Van Hamme, à mi smic ou 2/3 de smic la plupart du temps
    et vous le savez fort bien. Sans indemnités chomage, sans droits à être malades, sans ... rien.La corde raide, années après années.

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  • J’ai débarqué un beau jour de décembre à la rédaction du beau journal de Spirou.
    C’était le dernier hiver du siècle dernier ! J’y ai d’abord rencontré un homme charmant qui portait une chemise assez dingue. J’ai ensuite été introduit dans le bureau du Boss ! A la vue de mes dessins, il m’a dit (je me souviens encore avec émotion de ses mots) : « Tu sais, ici, y’a du fric à prendre. Si tu te démerdes bien, tu peux te faire des couilles en or ! » A l’époque (1999), un auteur débutant était rémunéré 1000 francs français (152,45 euros) pour une planche noir & blanc et 300 francs (45,73 euros) pour le scénario. Un auteur « confirmé » touchait le double, soit 2000 francs (304,89 euros) la planche n&b et 600 francs (91,46 euros) le scénario. La couleur était rémunérée 300 francs (45,73 euros). Le journal Spirou était vendu alors 10 francs soit 1,53 euros. Aujourd’hui, il est vendu 2,30 euros. En un peu plus de 10 ans il a augmenté de 0,77 euros soit une augmentation d’environ 50%. Si on applique la même augmentation de 50% (appelons cela « le coût de la vie ») sur la rémunération d’une planche, un auteur débutant aujourd’hui devrait toucher 364,95 euros (dessin+scénaro+coul.). C’est presque le cas, un auteur débutant touche actuellement 350 euros. Soit un manque à gagner de 14,95 euros quand même ! J’ai malheureusement appris qu’un auteur « confirmé » aujourd’hui toucherai la même somme !!! Si cela est exact, les grands perdants d’aujourd’hui seraient ces derniers. Actuellement donc, il vaut mieux être débutant que professionnel. Mais les « gagnants d’aujourd’hui » seront les « perdants de demain ». Alors quand je repense au Boss, je me dis qu’il avait raison. Pour une très très grande majorité, les auteurs de bédé se font des couilles en or, mais des toutes petites, des toutes toutes petites…

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  • Parmi ces 5500 albums jetés à la volée sur le marché, depuis au moins 3 ou 4 ans que ça dure, certains sont ils sortis du lot et ont cartonné ?? car c’est le but, non ? Trouver des nouveaux succès futurs.

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    • Répondu le 20 février 2013 à  12:57 :

      Avant, les éditeurs étaient des éleveurs. Ils avaient une petite écurie. Ils bichonnaient leurs chevaux en espérant qu’un maximum d’entre eux deviennent des cracks.

      Aujourd’hui les éditeurs sont des agriculteurs. ils sèment des milliers de graines en repiquant l’année suivante les deux ou trois pousses qui ont pris racine.

      Cette seconde attitude est bien plus efficace, elle sélectionne depuis les années 2000 des succès dans des domaines moins normés (adaptations, blogs, documentaires,...)

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      • Répondu par Sergio Salma le 22 février 2013 à  12:07 :

        C’était mieux avant.

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      • Répondu le 22 février 2013 à  18:01 :

        C’est clairement ce qu’on retrouve chez les "petits" éditeurs aujourd’hui. Ça paye moins, mais ça bichonne, ça suis, ça aide et ça pousse ses auteurs à devenir des cracks.

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  • Marché de la BD 2012 : demande de précision SVP !
    20 février 2013 12:25, par Oncle Francois

    Bonjour Monsieur Pasamonik !

    Une question me taraude l’esprit suite à la lecture de votre excellent article (qui est aussi une étude et presque une analyse). Quand vous dites : "Chez Média-Participations, on envisagerait une réduction des nouveautés dans une proportion de 8 à 10% dans les saisons prochaines.", est ce à dire que Dupuis, Lombard et Dargaud vont chacun réduire de 8 à 10% le nombre de nouveautés. Concernant Dargaud, un libraire m’a dit que cet éditeur était lié au traducteur de comics DC (Batman et Superman, notablement, mais aussi le très amusant Sergio Aragonés qui avait publié chez Dupuis d’amusants gags il y a plus de vingt ans), Urban Comics. Or il me semble qu’ils sortent à eux seuls beaucoup de livres ces temps -çi. Dans l’attente de vous lire ! Cordialement

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  • Ici dans les commentaires on parle de chaîne de l’industrie du livre,là de bulles spéculatives et de robinets qui se ferment,là encore de lumpenprolétariat terme cher à Karl Marx économiste auteur du livre "Le Capital".Livre où il étudie les contradictions et failles du système capitaliste industriel.

    Marx a qui ,pour certain,la crise financière actuelle donne un statut de visionnaire quand d’autres spécialistes ne lui portent aucune considération.A chacun de voir.

    Néanmoins,à titre informatif,il est certainement intéressant de se pencher sur la synthèse de ce qu’il décrit comme la recherche incessante de l’accumulation de capital:le capitalisme.Capitalisme que Marx voyait cycliquement aller dans le mur ;par suite des crises que ses contradictions et excès internes entraînent invariablement.

    Ramené à la situation des auteurs de BD,l’analyse de Marx prend un coloration particulière.Et l’article de monsieur Pasamonik ,quand il parle de l’action des éditeurs et de Média-participations en particulier nous y amène directement et, donne des clefs.Il dit :

    "Notre enquête ne nous a pas fait rencontrer que des gens sereins, même chez les éditeurs. Les plus gros se "recentrent" : abandon des filiales et des activités non-stratégiques, repositionnement sur les "valeurs sûres", protection du résultat au besoin par un système de spin-offs de séries au succès éprouvé ou une publication plus rapide que naguère grâce à des "saisons" confiées à des équipes. Chez Média-Participations, on envisagerait une réduction des nouveautés dans une proportion de 8 à 10% dans les saisons prochaines. D’autres labels leur emboîtent le pas. Est-ce annonciateur d’une réduction de la production des nouveautés ?
    Pas forcément, car les 80 titres de Média-participations rapportés à 5500 albums, ce n’est pas grand chose. La manœuvre est tout autre : elle consiste à concentrer la puissance de feu sur moins de titres : à investissement constant, cela veut dire plus de marketing, plus de promotion et plus d’implication dans la qualité éditoriale."

    Tout est dit:donc pour Marx ,qui cherchait à déterminer la loi constitutive de l’économie de marché :"Les possédants accumulent du capital en exploitant toujours davantage le salariat.C’est le travail qui crée de la valeur en produisant des biens.Mais,au lieu de verser l’intégralité de la valeur ainsi créée au travailleur,le capitaliste en détourne une partie pour lui(ce qui est normal):c’est la plus-value.Pour extraire toujours plus de valeur,le capitaliste a besoin d’augmenter davantage les capacités de production,donc d’investir(sur les "valeurs sûres)Du coup,son taux de profit baisse.Pour se refaire,il paupérise encore et encore les travailleurs.La tension s’accroît donc entre les classes sociales."

    On est en droit d’en penser ce que l’on veut,et il est trop facile de porter de façon binaire toute la faute sur les seuls éditeurs.Le spectre des forces en présence est bien plus large. Aujourd’hui- alors que l’air d’Angoulême et encore chaud-ce rapport de force est plus intolérable que jamais.

    Pour Marx,dont beaucoup disent qu’il est le seul qui ait pensé en même temps l’économie et la société,l’économie de marché porte en son sein l’injustice et,englobe de ce fait des notions de hiérarchie et de stratégie.

    Il affirmait au final que pour se renouveler ,renaître de ses cendres et repartir de plus belle,le système ne pouvait,par les égarements et la "cruauté"qu’il a entraîné,échapper à une saine révolution.

    Dès lors, on ne peut dire moins que lui :

    Vive la BD libre.

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    • Répondu par Oncle Francois le 22 février 2013 à  17:40 :

      Sans vouloir vous vexer, ami occulte (cryptomarxiste, sans doute), je préfère Groucho dans la même famille !°)

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      • Répondu le 22 février 2013 à  18:18 :

        Une fois de plus vous vous poilez tout seul devant votre glace, bien content de votre bedaine mais je ne vois pas ce qu’une quelconque préférence vient faire là-dedans. Il réfléchissait sur les lois qui régissent l’économie de marché et leurs conséquences Groucho Marx ?

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      • Répondu par la plume occulte le 22 février 2013 à  19:43 :

        Vous êtes un grand penseur cher Oncle ,un prix Nobel d’économie a quasiment dit la même chose... Les grands esprit immanquablement se rencontrent !

        Après vous êtes de la bonne droite décomplexée et joviale et ,vous défendez un BD pleine de héros intrépides et musculeux toute aussi remplie de femmes pulpeuses, modèle de séries populaires et connotées à gauche .Et, de ce fait, regrettez la place démesurée qu’occupe"l’autre BD".

        Toute la tribu culturelle et ses différents prescripteurs, qui se positionnent idéologiquement à gauche, passent leur temps à faire la promotion d’une BD prétendument nouvelle ,qui glorifie les valeurs et paradigme bourgeois : donc de droite.Ils vont s’offusquer les bobos et thuriféraires,il n’empêche...

        Vous voyez cher Oncle rien n’est simple.

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        • Répondu par Oncle Francois le 23 février 2013 à  18:13 :

          Hum, il me semble que le grand Marcel Gotlib avait aussi utilisé cette astuce... il y a plus de trente ans sans doute !

          Concernant mes goûts en BD, j’aime bien surtout les grands classiques qui ont bercé ma jeunesse (les séries qui étaient publiées dans les hebdos Tintin et Sprou), puis celles publiées dans Pilote et Charlie-mensuel(là, j’étais étudiant-diandian !), puis celles de l’Echo, Métal, Fluide et compagnie (et là jeune actif dans la force de l’âge). J’ai donc des gouts assez eclectiques, je pense, et les étagères de mes bibiothèques le déplorent chaque jour davantage, car je ne suis pas près de passer au numérique !!

          Je suis conscient de la force du phénomène Nostalgie, qui fait que l’on reste fidèle à des lectures propres à laisser une trace durable sur la psyché du lecteur avide de sensations. Maintenant, il m’arrive d’emprunter à la bibliothèque quelques livres récents popur essayer de me "tenir à la page" sans me ruiner, mais je dois dire que je ne suis guère emballé par les nouvelles tendances... Le dessin peut parfois sembler brouillon s’il soutient un texte d’hauteurs ethèrées (arf arf !°). Dans d’autresz cas, le dessin est solide, mais alors le scénario est assez léger et manque de reflexion et d’originalité. Tintin était le journal des 7 à 77 ans, donc tout le monde pouvait le lire dans cette tranche d’âge ; maintenant il me semble que les éditeurs "ciblent" leurs productions pour atteindre un certain public, ce qui laissera tous les autres lecteurs indifférents. Tout cela est bien triste, je crois que je vais me reposer un peu devant la télévision et un verre d’apéritif, bien installé près d’un bon feu de bois. Au fait, avez vous lu le Droit à la paresse de Lafarge (gendre de Karl Marx, je crois) ?

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  • La surproduction est -telle responsable de la paupérisation des auteurs et donc de la "crise" supposée ou réelle de la BD ? Bonne question.Et pour y répondre, en complément d’un commentaire précédent,il convient,toujours à titre informatif ,de comparer les éléments de cette crise avec les causes de la grande crise économique mondiale actuelle.

    Comment est née la crise financière :

    1.D’une surabondance de liquidité dans les pays occidentaux et asiatique et,du gonflement du capital financier en quête d’emploi.Ensuite ,de l’incapacité des gouvernements à freiner et réguler une gigantesque concentration des patrimoines et,d’imposer une meilleure répartition des revenus.C’est l’accumulation de capital de la théorie chère au penseur économiste Marx.Encore lui.

    Dans la BD:regroupement/rachat des diverses maisons d’éditions en mastodontes éditoriaux ,plus multiplication des "petit" éditeurs.De là naît une supposée surproduction avec une sensation de trop plein général.Production pléthorique en quête de lecteurs /acheteurs.

    2.Le marché de la finance a été incapable de créer par lui-même la demande au plein usage des moyens de production.C’est la baisse tendancielle du taux de profit.

    Dans la BD,les différents éditeurs produisent beaucoup d’albums, mais se sont montrés incapables de proposer une offre spécifique qui correspond au grand public( public populaire,le plus nombreux)en généralisant l’onéreux album cartonné qui correspond,lui, à un public ciblé et participent immanquablement à la gentrification générale de la BD.La BD quitte alors les supermarchés qui s’en désintéressent (les ventes alors dégringolent)et semble compter sur la seule librairie pour absorber et vivifier l’ensemble.

    3.Pour contourner cette baisse potentielle de rentabilité,le capitalisme(américain)utilise alors le levier du crédit, poussant les ménages à investir et s’endetter pour doper la demande par rapport à l’offre.Par effet boule de neige,les banques du monde entier,gorgées de créances pourries et confrontées à une crise de paiement,ferment les robinets du crédit au risque d’asphyxier l’économie réelle et, de déclencher le chômage et les faillite personnelles.D’une crise locale on passe à une récession globale,avec à l’horizon ,cette propension du capitalisme à l’alternance de formation puis d’explosion de bulles spéculatives.

    Dans la BD,les gros éditeurs qui constatent une baisse tendancielle du taux de profit(et la crise économique mondiale joue là doublement en cause agravante)se recentrent et investissent sur les valeurs-sûres,ciblant et, insistant sur un public déjà conquis plutôt que d’essayer d’en attirer et séduire un nouveau par une offre adaptée .Ils compensent au passage en fermant les robinets,en généralisant les offres financières à la baisse,paupérisant les auteurs avec les drames humains qui vont avec,"tuant"un métier...

    Donc, accumulation de capital,baisse du taux de profit (par non anticipation)compensation,accroissement des inégalités par contagion...égal : crise économique mondiale.

    Regroupement et multiplication des éditeurs donc"surproduction",incapacité de conquérir un nouveau public,donc baisse de la plus-value,compensation,accroissement des inégalités...égal:crise de la bd.

    C’est pour le moins troublant ces corrélations ,surtout si on ajoute que d’après Marx qui a théorisé tout cela:pour dépasser ses propres limites,le capital est contraint d’élargir sans cesse le cercle de son accumulation et d’accélérer le cycle de ses rotations...Mais là aussi à chacun de voir.Certains spécialistes libéraux rient de tout ça.

    Donc,plus près de nous, qu’on ne s’y trompe pas,l’offre pléthorique dans la BD,cette satanée"surproduction"est plutôt une chance ,un vrai signe de vitalité.Le problème vient d’abord on le voit, d’une incapacité chronique à élargir le lectorat,à solliciter le grand public :la force vive de la consommation culturelle courante.Public déjà largement et efficacement sollicité par ailleurs.

    On constate l’incapacité à proposer à ce potentiel lecteur/acheteur une offre attrayante ,moderne,différenciée et qui surtout tient compte de la conjoncture économique et sociale.Alors que se généralisent partout le discount et le low-cost.

    Si on compte avec ça ,la tendance "excluante" de la communauté culturelle (et on pense en priorité à Angoulême)à faire la promotion d’un seul modèle de BD,ça fait beaucoup de handicaps. Avec le résultat que l’on sait ....

    On le voit,la BD a à faire une vraie révolution d’esprit ,prisonnière qu’elle est de ses réflexes conditionnés et d’autres choses moins reluisantes.

    Alors on le redit :

    Vive la BD libre.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 26 février 2013 à  18:03 :

      La surproduction est -telle responsable de la paupérisation des auteurs et donc de la "crise" supposée ou réelle de la BD ? Bonne question.

      Voilà qui déforme quelque peu mes propos. La "crise" et la paupérisation des auteurs sont deux choses distinctes. Les éditeurs peuvent devenir plus riches et les auteurs plus pauvres, par exemple.

      Il y a des logiques économiques qui se mettent en place : crise de la grande distribution, multiplication des auteurs et des éditeurs (principale responsable, selon moi, de la surproduction), embourgeoisement du genre en contradiction avec sa tradition commerciale (gentrification), switch d’une partie des consommateurs vers les supports électroniques qui deviendront peut-être les nouveaux commanditaires de la création...

      Tout cela crée un marasme que nous avons tenté de décrire et qui ne se réduit pas à l’énonciation de quelques chiffres dont nous avons montré les limites, sinon la vacuité.

      Il y a donc non pas une mais plusieurs questions.

      Et pour y répondre, en complément d’un commentaire précédent,il convient,toujours à titre informatif ,de comparer les éléments de cette crise avec les causes de la grande crise économique mondiale actuelle.

      En fait, vous n’informez pas, vous désinformez, car votre explication tourne rapidement au galimatias. Vous mettez en avant de vieilles théories marxistes que Schumpeter démonta en un tour de main, prouvant que Marx était un sociologue intéressant et créatif mais un bien piètre économiste, soulignant au passage que les concepts de communisme, de capitalisme et de démocratie étaient vraiment étrangers aux lois de l’économie. Dès 1942, il démontrait que nos économies modernes devraient s’adapter aux ruptures sociétales qui s’offriraient à eux dans le futur, c’est à dire aujourd’hui.

      Donc,plus près de nous, qu’on ne s’y trompe pas,l’offre pléthorique dans la BD,cette satanée"surproduction"est plutôt une chance ,un vrai signe de vitalité.

      Je vous rejoins complètement sur ce point. Nous sommes condamnés à nous adapter à la nouvelle donne. Et ce n’est pas un "product crunch" qui résoudra le problème, au contraire, il faut multiplier les initiatives pour trouver la bonne issue.

      Le problème vient d’abord on le voit, d’une incapacité chronique à élargir le lectorat,à solliciter le grand public :la force vive de la consommation culturelle courante.Public déjà largement et efficacement sollicité par ailleurs.

      Vous êtes injuste. Les éditeurs multiplient les efforts en créant des segments nouveaux, de nouveaux produits de niche (ex : Bamboo, Jungle), en surfant sur la vague manga (ex : Lastman de Vivès & co), en multipliant les dérivés audiovisuels. Ils sont peut-être en train de fabriquer les best-sellers de demain, mais vous n’en savez rien.

      On constate l’incapacité à proposer à ce potentiel lecteur/acheteur une offre attrayante ,moderne,différenciée et qui surtout tient compte de la conjoncture économique et sociale.Alors que se généralisent partout le discount et le low-cost.

      Je vous rejoins sur ces deux points : il est plus facile de surmultiplier les produits "arty" que de trouver de nouvelles offres "grand public" ; sur la question du prix, rien n’est fait non plus pour aller vers un public populaire, seuls les mangas le font.

      Vive la BD libre.

      Comme si elle n’était pas libre. Tsss.

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      • Répondu par la plume occulte le 27 février 2013 à  17:41 :

        "En fait, vous n’informez pas, vous désinformez, car votre explication tourne rapidement au galimatias. Vous mettez en avant de vieilles théories marxistes que Schumpeter démonta en un tour de main, prouvant que Marx était un sociologue intéressant et créatif mais un bien piètre économiste."

        Darwin aussi c’est vieux comme théorie et pourtant ça marche encore malgré ce que disent certain.Après il est certain qu’il ne faut pas voir en Marx autre chose qu’une boîte à outils intellectuelle précieuse pour comprendre les crises récurrentes de l’économie de marché.L’autrichien Schumpeter reconnaissait d’ailleurs volontiers en Marx l’homme qui a posé toutes les bonnes questions.Tout ça est à prendre avec des pincettes bien sûr ,et le bonhomme ratisse large.N’est-ce pas un Alain Minc qui n’hésite pas à se présenter comme le "Dernier marxiste français"....De la précaution donc ,et si ce n’est pas pour l’information pour vous plaire ce sera pour l’anecdote.

        "Vous êtes injuste. Les éditeurs multiplient les efforts en créant des segments nouveaux, de nouveaux produits de niche (ex : Bamboo, Jungle), en surfant sur la vague manga (ex : Lastman de Vivès & co), en multipliant les dérivés audiovisuels. Ils sont peut-être en train de fabriquer les best-sellers de demain, mais vous n’en savez rien."

        Comme l’on fait remarquer plusieurs auteurs,il ne faut pas compter sur les dérivés audiovisuels pour vendre un livre de plus.Ils disent que c’est loin d’être la panacée qu’on imagine.Le réflexe de l’achat BD se perd.C’est le plus grave.

        "Vive la BD libre.
        Comme si elle n’était pas libre. Tsss"

        Allons retrouvez l’esprit pionnier monsieur Pasamonik ;concluons avec une dernière de ce cher Marx qui incitait l’observateur à se placer du point de vue des dominés et autres oubliés pour comprendre une époque et un contexte, parce qu’il déchire’ce point de vue, le voile d’enchantement dont l’idéologie dominante cherche à le recouvrir. Schumpeter lui voyait dans une situation de crise une bienvenue force de "destruction créatrice".Alors pris dans cet élan disons -le :

        Vive la BD libre.

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    • Répondu par Oncle Francois le 27 février 2013 à  11:11 :

      "On constate l’incapacité à proposer à ce potentiel lecteur/acheteur une offre attrayante ,moderne,différenciée et qui surtout tient compte de la conjoncture économique et sociale.Alors que se généralisent partout le discount et le low-cost."

      Je vous trouve bien dûr, ami au culte (et non du cul..). L’offre attrayante et moderne, vous l’avez sur des milliers de blogs sur le web, et parfois de façon gratuite ! Ce que je trouve amusant, c’est quand des éditeurs sans inspiration ne trouvent rien de mieux à éditer sur papier que des contenus déjà parus sur le net.

      Il y a aussi les médiathèques et bibliothèques municipales qui ont énormément enrichi leur fond. Vers 1970, il n’y avait que quelques Astérix au rayon Adulte, là maintenant, on a des centaines de titres.

      Répondre à ce message

  • la "surproduction" est-elle responsable d’une paupérisation des auteurs, oui car de nombreux scénaristes et dessineux l’auront remarqué : le dialogue est le suivant de la part des éditeurs, c’est la crise, je t’enlèves - forcé - 70 à 100 euros par pages ! ah bon, tu comprends pas, renseignes toi sur le web !

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