La ligne éditoriale d’Urban China ne nous propose pas uniquement de découvrir des manhua, des bandes dessinées chinoises, mais également des récits ayant pour sujet la Chine. A l’image de La Ville copiée, album européen, et The Shadow Hero, comics book, ce Marco Polo : La route de la soie est l’œuvre d’un auteur italien, Marco Tabilio, désireux de faire découvrir un grand personnage de son enfance.
L’histoire est bien connue dans ses grandes lignes, celle d’un garçon de 17 ans, citoyen de Venise du temps de son firmament, qui accompagne son père et son oncle sur la route de la soie pour rencontrer Kubilaï Khan, petit-fils de Gengis Khan et empereur de Chine.
Ils traversent la Palestine, rencontrent le futur Pape Grégoire X, rallient l’Arménie et le désert de Gobi jusqu’à atteindre le cœur de l’Empire du Milieu. Ils y séjourneront une vingtaine d’années et accompliront diverses missions pour le grand khan avant de revenir à Venise après un nouveau voyage tout aussi rocambolesque.
Le scénario opte comme point de vue le moment où Marco Polo relate ses aventures à Rusticien de Pise, lorsqu’il est enfermé en prison après la défaite des vénitiens face aux génois. Ce récit orale prend forme à travers l’imaginaire que suscite à l’époque ces contrées lointaines et Marco Tabilio construit un univers narratif et graphique qui se veut autant poétique qu’extraordinaire.
Son trait simple convient parfaitement à l’aspect conte merveilleux de l’œuvre qui ne vise ni l’exactitude ni l’exhaustivité. C’est une évocation enflammée et merveilleuse, à l’image des cartes pittoresques qui le jalonne, qui s’attarde de façon fort différente aux divers chapitres de ces tribulations, laissant certaines nimbées dans le mystère ou le fantasme des lecteurs. Qui sait ce qui s’est réellement passé de toute façon ?
Marco Tabilio a cherché à faire vivre le « Livre des merveilles » pour ce qu’il a représenté en son temps : un voyage extraordinaire qui ne peut rendre justice aux expériences uniques que vécurent ces étonnants marchands, et sur ce point son album est une belle réussite, nous happant dans un conte onirique dont ne savons pas toujours ce qui est véridique ou non, comme toute grande histoire d’explorateur !
(par Guillaume Boutet)
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