Tout oppose les deux protagonistes du « Match » de Grégory Panaccione. A gauche du filet, un athlète élancé, affuté comme Novak Djokovic et au service ravageur. A droite du filet, un barbu ventripotent, affublé de souliers vernis trop petits et à la carrure plus proche du catcheur que du tennisman. Le match démarre à sens unique : le professionnel dominant copieusement le dilettante. Pourtant, la glorieuse incertitude du sport va reprendre ses droits, et les spectateurs/lecteurs vont avoir droit à une rencontre au suspens hors du commun.
BD franco-belge et tennis n’ont pas souvent l’occasion de se croiser... L’élégant sport roi de la Porte d’Auteuil se prêtant peut-être plus volontiers au dessin d’humour pince-sans-rire façon Sempé. Ce n’est pas du tout la voie explorée avec brio par Grégory Panaccione. Avec un aplomb extraordinaire, il découpe son histoire point après point, restituant avec beaucoup de justesse les mouvements du tennis et la langueur des jeux qui s’égrennent. C’est bien sûr ce qui rend le décalage comique intéressant : plus le match est dessiné et raconté sérieusement, plus les incursions burlesques fonctionnent ! Le pataud, qui n’aurait pas détonné dans un épisode du manga « One Piece », est un merveilleux hurluberlu qui bien malgré lui va faire rebondir (dans tous les sens du terme) ce « Match », dans un esprit proche des comédies muettes de Laurel & Hardy.
Un exercice de style réjouissant, qui se lit avec le claquement des balles jaunes en bruit de fond.
(par Morgan Di Salvia)
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