À la fin du premier tome, nous avions laissé Mattéo, jeune franco-espagnol, élevé dans la culture anarchiste, déserter en plein cœur de la Première Guerre mondiale. En partant pour l’Espagne, Mattéo est tombé amoureux de la révolution, dépité qu’il était de devoir laisser sa flamme pour Juliette lentement s’éteindre. En revenant en France saluer sa mère, Mattéo retrouve Juliette. Il tente de la convaincre de l’accompagner à Petrograd, où il se rend pour une mission de reportage sur l’affrontement entre les Rouges et les Noirs. En haut des vignes de Collioure, le jeune anarchiste attend bagages aux poings la jeune femme qui l’accompagnera peut-être dans les rues de la Révolution russe…
Depuis l’entame de cette série, Jean-Pierre Gibrat se donne du temps. Grand bien lui fait, car ce récit dense corrige ce qui avait pu décevoir dans Le Vol du corbeau. Avec Mattéo, il trouve l’ampleur qui lui permet d’exprimer au mieux son talent de dialoguiste, quitte à être parfois bavard. En installant une intrigue aux multiples ramifications, Gibrat joue la partition qu’il connaît le mieux : le cœur a ses raisons que la raison ignore. Raffinée et pleine de gouaille, sa fresque révolutionnaire remet l’humain au centre du débat. Une démonstration de la façon par laquelle l’amour peut gripper la mécanique de l’histoire en marche.
(par Morgan Di Salvia)
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A propos de Jean-Pierre Gibrat, sur ActuaBD :
> « On peut prendre position en décrivant des personnages ! » (entretien en octobre 2008)
> Les Gens Honnêtes T1
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