Dire que Mauricio de Sousa est une star au Brésil, c’est peu dire. Depuis les années 1960, quasiment tous les Brésiliens apprennent à lire, à rire et à aimer avec ses bandes dessinées, Turma da Mônica.
Les histoires de ce groupe de gamins qui évoquent des Peanuts d’Amérique du sud sont publiés sous forme de plusieurs mensuels qui occupent les premières piles des kiosques du pays.
Parmi les copains de la bande à Mônica figurent parfois des petits footballers inspirés par les légendes de la Seleçao. Puisque Neymar Jr est publié en français, nous avons saisi la balle au bond pour un rapide entretien avec une légende vivante de la bande dessinée mondiale, que l’on compare souvent à un "Disney brésilien".
Quels sont les authentiques footballeurs que vous avez incarnés en personnages de bandes dessinées ?
Pelé, Ronaldinho et Neymar, sont les footballers avec qui j’ai le plus travaillé. Jusqu’à leur dédier leur propre magazine mensuel. Neymar Jr reste un personnage important pour lequel je développe désormais des aventures publiées en albums.
D’autres footballeurs ont également fait leur apparition dans l’univers de Turma da Mônica. Il a même été question de créer des magazines pour Ronaldo et Maradona, mais nous avons dû faire marche arrière. Maradona, parce qu’il venait de quitter l’Argentine pour l’Italie et Ronaldo, du fait d’un véto du Real de Madrid qui contrôlait son image.
Comment est venue l’idée de vous intéresser ainsi aux footballeurs ?
Tout a commencé dans les années 1970 en rencontrant Pelé dans un vol vers l’Europe. J’ai suggéré la création d’un personnage évoquant Pelé enfant, Pelezinho. Celui-ci a remporté un fort succès public et cela m’a incité à m’intéresser à d’autres footballeurs…
J’adore ces occasions d’offrir du bonheur et des exemples positifs à mes lecteurs. Pelé a été le premier personnage réel à avoir son propre magazine. Mais souvent dans les histoires de Turma da Mônica, nous rendons hommage à des personnalités authentiques comme Lady Gaga, Michael Jackson, l’animateur de télévision Silvio Santos, Amy Winehouse, entre autres...
Comment transpose-t-on un personnage authentique dans votre univers ?
Ce n’est pas facile d’adapter la réalité à la fiction dessinée. Pour moi, l’important est de montrer aux lecteurs que certains rêvent peuvent se réaliser et nourrir notre vie. C’est pourquoi je préfère les dessiner ces personnalité dans leur enfance, avant leur accès à la popularité. Les lecteurs s’identifient mieux aux enfants qu’ils étaient autrefois.
Que sont devenus Pelezinho et Ronaldino Gaúcho ?
Ils n’ont plus de magazine, mais ils apparaissent encore à l’occasion dans certaines histoires. Ils ont été publiés dans plus de 30 pays. Surtout en Europe. Nous négocions actuellement la relance de Neymar Jr. déjà publié en Espagne (lorsque le vrai Neymar jouait au Barça, NDLR.) et comme il joue maintenant en France, j’espère que sa version française sera un succès.
Avez-vous rencontré ces joueurs ?
Je les ai tous rencontrés à plusieurs reprises pour qu’ils me racontent leur enfance. Le lien était très fort avec Pelé. Comme je l’ai dit, notre première conversation a eu lieu dans un avion. Quand je lui ai présenté mes premières recherches de personnage, il n’était pas convaincu. Il pensait que j’allais le représenter en athlète, pas comme un enfant normal... Or, je n’avais pas besoin d’évoquer la puissance pour quelqu’un qui a un talent si naturel. Il a finalement accepté l’idée après avoir montré le personnage à ses propres enfants qui l’ont adoré. Quels meilleurs partenaires de jeux pour des gamins qui aiment le ballon que d’autres gamins ?
Propos recueillis par Laurent Melikian
(par Laurent Melikian)
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