Nul besoin d’avoir choisi grec ancien au lycée pour avoir une idée du mythe : Médée, fille de roi, a causé la perte de Jason, à tel point qu’elle a fait naître une notion de psychologie... Le propos de Blandine le Callet, romancière et spécialiste de latin et de philosophie antique : raconter sa jeunesse, revenir à son enfance pour expliquer sa vie. L’Ombre d’Hécate évoque ainsi ses relations tendues avec un père effrayant, Aiétès, et sa complicité contrariée avec Argos. Poussée par son père à maîtriser la magie et le pouvoir des plantes, Médée se coupe petit à petit de ses amis d’enfance et se retrouve, à l’orée de l’adolescence, investie de lourdes responsabilités...
Avec ce caractère à la fois rebelle et bridé, cette Médée en devenir évoque la soif de savoir d’Hypathie. Mais ici, nous baignons dans la légende antique. Un univers qui donne à cette femme subtile un des pires rôles qui soit : gardienne farouche de son clan, assassine de son propre mari. Nous n’en sommes pas encore là tandis que ce tome 1 évoque son éducation malsaine. Mais Nancy Peña, avec son trait délicat, la rend forcément très émouvante, et essentiellement victime de son père. Une vision qui rend d’autant plus pertinente la suite de cette histoire : comment Blandine le Callet va-t-elle orchestrer le passage à l’âge adulte d’une jeune femme pleine d’humanité ?
(par David TAUGIS)
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