Issu d’une lignée tragique, comme maudite, Ira Rath ne sait faire qu’une chose : donner la mort. Mais il le fait bien, aux dires de ceux qui l’engagent. Il le fait sans le moindre état d’âme, sans une once de pitié. Mais il se trouve qu’il a, aussi, dans un moment d’égarement sans doute, donné la vie. Et le voilà à présent avec un contrat à honorer sur la tête de son enfant devenu grand.
Et nous voila nous, au fil du récit, à arpenter deux histoires distinctes, l’une menant à l’autre. D’une part la généalogie des Rath, où la violence et la folie meurtrières semblent se transmettre de père en fils, jusqu’à Ruben, fils d’Ira, dont le tort sera, ironiquement, d’avoir refusé de tuer. D’autre part la lutte qui oppose le père, le fils, et ceux qui ont engagé le premier pour assassiner le second.
Nerveux et incisif, Men of Wrath nous plonge littéralement dans un déferlement de haine primaire et de brutalité froide. L’intrigue, ramassée, se permet cependant d’instaurer une mythologie familiale - renforcée par la symbolique des noms sur laquelle s’appuient les auteurs - qui confère une certaine profondeur à l’aventure.
Jason Aaron, au scénario, nous propose un univers et une ambiance - bien servis par le trait rugueux de Ron Garney - assez proches de ce qu’il a développé, et développe encore, dans Southern Bastards. Pour autant, ce Men of Wrath nous a moins séduit et convaincu que ce dernier.
Certes, le destin d’Ira et Ruben s’avère poignant, intense, et tout bonnement terrible ; certes cette tragédie familiale, matinée du poids de l’héritage qui confère au récit une réelle portée, présente un intérêt évident. Mais le tout paraît par moments manquer d’ampleur. Il aurait sans doute fallu plus de temps avec les personnages, plus de pages pour poser les choses, pour ralentir le rythme ou pour faire ressentir la charge du passé, des erreurs et des deuils.
On achève la lecture frappé par ce que l’on vient de traverser mais un peu sur notre faim. Comme s’il manquait quelque chose ou si cela était allé trop vite au final. Une pointe de regret, pour un volume malgré cela saisissant.
(par Aurélien Pigeat)
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Men of Wrath. Par Jason Aaron (scénario) et Ron Garney (dessin). Couleur de Matt Milla. Traduction Françoise Effosse-Roche. Urban Comics, collection Urban Indies. Sortie le 26 juin 2015. 160 pages. 15 euros.
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