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Michel Suro (organisateur de festival) : "Entre Chine et France, l’action symbolique fait toujours bouger les lignes."

Par Yohan Radomski le 23 mai 2013                      Lien  
Rencontre avec Michel Suro, organisateur du festival Bd dans l'Ain, qui participait au festival de Hangzhou en Chine, fin avril, début mai.

Depuis 1995, vous faites partie de l’organisation du Festival BD dans l’Ain. Comment expliquer la pérennité de ce festival ?

Le festival accueille un maximum de 25 auteurs, ce qui lui donne une dimension humaine et conviviale. Les auteurs en apprécient l’ambiance chaleureuse et festive, et le public la qualité des contacts avec les dessinateurs.

Comme l’organisation du festival repose sur une structure mixte composée de professionnels et de bénévoles, cela garantit aussi une certaine pérennité.

Comment un lien s’est-il établi entre le festival de Bellegarde et le festival de Hangzhou, en Chine ?

Il s’est établi par l’intermédiaire de Michel Jans, éditeur et organisateur du Festival de Grenoble avec qui nous entretenons d’excellentes relations. Au retour de son premier voyage en Chine, nous avons évoqué ensemble à Bellegarde l’idée d’inviter des dessinateurs BD chinois à nos deux festivals.

Deux mois après, en janvier 2012, nous avons rencontré à Angoulême Wang Ning, manager de l’agence Beijing Total Vision, pour mettre en place un projet d’échange franco- chinois.

Michel Suro (organisateur de festival) : "Entre Chine et France, l'action symbolique fait toujours bouger les lignes."
A l’assaut de la Grande Muraille
Michel Suro, Christian Lax, Michel Jans, Laurent Verron, et Wang Ning entreront-ils dans l’Empire du Milieu ?

Pouvez-vous évoquer la venue des dessinateurs chinois en France ?

Fin 2012, nous avons accueilli pendant 10 jours trois dessinateurs chinois : Chu Mi, Nie Jun et Jian Yi, édités en France chez Paquet/ Bao et Delcourt.

Ils étaient accompagnés de Wang Ning et de trois artistes de Pékin : Pang Bangben, Wang Kewei, qui sont peintres et dessinateurs et de Jia Yong, photographe.

Les dessinateurs ont participé aux festivals de Grenoble et de Bellegarde et dédicacé dans les librairies BD Fugue à Annecy et Expérience à Lyon.

Entre les deux festivals, la délégation a visité Chamonix, Annecy, Lyon et Pérouges et a été reçue officiellement à la Mairie de Grenoble, à la Mairie de Bellegarde et au siège de la Région Rhône-Alpes, partenaires de l’opération.

Laurent Verron et Emmanuel Lepage à pied d’œuvre au Festival de Hangzhou

Vous étiez présent avec des auteurs français au festival de Hangzhou qui s’est tenu fin avril début mai. Pourriez-vous présenter ces auteurs et quelle a été la raison de leur venue en Chine ?

Beijing Total Vision s’est engagé à accueillir trois dessinateurs français en Chine. Ils devaient participer au Festival de Hangzhou après une visite touristique de Pékin et des environs.

Michel Jans et moi-même avions proposé les trois dessinateurs, Christian Lax, Laurent Verron et Emmanuel Lepage qui ont accepté avec enthousiasme l’invitation.

Dédicaces de Christian Lax et Emmanuel Lepage au Festival de Hangzhou

Le Festival de Hangzhou est plutôt tourné vers l’animation et les mangas. Pensez-vous que le public a été réceptif à votre présence ?

Oui indéniablement, à en juger par la présence massive et instantanée du public devant le stand au moment où les dessinateurs réalisaient des fresques en direct et des dédicaces. Un public de jeunes en majorité, curieux certainement, mais dont l’enthousiasme et admiration se lisaient sur les visages.

L’exposition consacrée aux dessinateurs et plus largement à la BD occidentale était également très fréquentée.

Pensez-vous que des coopérations réelles vont se mettre en place entre des festivals, des éditeurs, des auteurs français et chinois ?

Oui, je le pense, mais cela prendra du temps.

Michel Suro et une cosplayer

L’échange que nous avons réalisé a permis de constater qu’il existait une vraie envie de rencontre et de découverte de la part des organisateurs du festival, du public ainsi que des auteurs, en France comme en Chine.

Mais je suis conscient du fait que cet échange a pu aboutir car il se situe hors d’enjeux commerciaux importants. En ce sens, il a une dimension symbolique.

Mais je crois que la répétition de ce genre d’actions qui permettent aussi aux éditeurs français et chinois de se rencontrer, contribuera petit à petit à débloquer les freins juridiques et administratifs qui les empêchent actuellement de coopérer.

Olivier Jouvray et Emmanuel Lepage au jardin Yu de Shanghai

L’action symbolique fait toujours bouger les lignes.

Et plus pragmatiquement, la perspective juteuse du grand marché chinois finira bien par aiguiser les appétits financiers et l’emporter sur les tracasseries administratives.

Avez-vous déjà projeté d’autres échanges de ce type ?

Nous sommes très satisfaits de l’échange que nous avons réalisé avec nos amis chinois. Il a été d’une grande richesse humaine et artistique. J’espère que nous pourrons reproduire ce type de jumelage, mais plutôt dans un an ou deux.

En attendant, pour ne pas perdre le fil qui nous relie, nous souhaitons inviter fin novembre de cette année à Grenoble et Bellegarde deux nouveaux dessinateurs chinois.

Un souvenir marquant du festival de Hangzhou ?

Les yeux écarquillés d’enthousiasme et de bonne humeur des milliers de jeunes Chinois.

La bonne humeur règne
Laurent Verron, Christian Lax et Emmanuel Lepage

(par Yohan Radomski)

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Lire un entretien avec Pang Bangben, avec Wang Ning et avec Michel Jans

 
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