"Frère pauvre, compagnon inculte, MINIMAL le proclame haut et fort : toi aussi tu as droit au meilleur du neuvième art plastico-séquentiel international à phylactères ovoïdes (BD) ! Ne laissons pas aux élites parisiennes le monopole de l’arrogance, du mépris et de la prétention. Alors toi aussi, camarade pauvre, frère d’armes inculte, si en lisant MINIMAL tu ne ris pas, si tu trouves ça mal dessiné ou, plus simplement si tu n’y comprends rien, adopte une attitude dégagée, pose négligemment un coude sur la table et brais d’un ton inspiré : "MINIMAL, ça déchire grave."", écrit Manu Larcenet dans un de ses éditos.
Volontairement, l’auteur se veut prétentieux à outrance, hautain et pédant. Visiblement, il s’amuse beaucoup, et le lecteur avec lui. L’ouvrage évoque quelques thèmes récurrents puisés dans les fondamentaux de Larcenet (haine du fascisme, religion, microcosmes bourgeois, monde du travail...). Les pages drôles et méchantes explorent des espaces inattendus. Nous retiendrons en vrac : les inénarrables aventures (très statiques) de Starsky la palourde et Hutch la moule, l’arbre à palabres, Dieu est de retour, le coin des enfants, les mini-aventures d’Adolf Hitler, les tentatives avortées de gag de Placid et Lacan...
Tout le monde en prend un peu pour son grade, mais le talent et la finesse de Larcenet fait que tout passe, et que l’on rit de tout. Condensé d’absurde et d’arrogance, Minimal est parfois inégal, mais c’est une expérience de création atypique. Cette publication subversive et anticonformiste s’est arrêtée avant que Larcenet ne vende "son âme et son journal à la racaille mondialiste" !
(par Laurent Boileau)
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