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Minimum ouvre la collection "Erotic" chez Glénat Manga

Par Aurélien Pigeat le 9 avril 2014                      Lien  
Estampillé interdit aux -16 ans, {Minimum} arrive dans le catalogue Glénat Manga, ouvrant une nouvelle collection à destination d'un public adulte ou presque. Si de "petits" éditeurs se sont déjà engagés sur ce marché jusque-là jugé niche, il semble que les "gros" veulent à présent en prendre une part également, Pika proposant lui aussi un nouveau titre du même genre à la fin du mois.

L’érotisme, voire le porno, ou plus simplement la sexualité, dans les mangas, recouvre une réalité protéiforme, se manifeste sous des appellations multiples (hentai, ecchi, fan service) qui distinguent la nature explicite ou non du propos sexuel, de sa représentation. Il traverse aussi différents genres (comédie, drames...), s’intéresse à divers modèles sexuels tout en s’adressant à des publics différents (yaoi, hentai, yuri, barazoku...) et surtout, surtout, représente un marché lucratif et alléchant pour nombre d’éditeurs.

Sexe et manga en France, ça donne quoi ?

Minimum ouvre la collection "Erotic" chez Glénat Manga
Le controversé Nozokiana chez Kurokawa

Au Japon, le porno -ou hentai- représente en volume une masse considérable de la production globale de manga. Bien évidemment du côté de la production amateur, mais pas seulement : magazines et volumes se bousculent sur ce créneau. De manière plus soft, on trouve des titres simplement érotiques, ce qu’on pourrait associer au ecchi, sans compter la présence du fan service dans de nombreux titres, y compris les plus populaires, à destination des plus jeunes.

En France, si l’import de titres hentai s’effectue rapidement, jusqu’à trouver des volumes japonais à contenu explicite dans les FNAC au cours des années 1990, les éditeurs vont prendre leur temps avant de réellement investir le secteur et le développer.

Pour cela, il faudra d’abord compter sur de petits éditeurs au catalogue orienté yaoi, comme Soleil Manga et Taïfu [1]. Le yaoi proposant des scènes de sexe explicites, ces éditeurs avaient de fait franchi un cap que d’autres hésitèrent à affronter, malgré quelques tentatives ponctuelles.

Velvet Kiss, chez Soleil Manga

Ainsi, comme nous en parlaient Joanna Ardaillon et Iker Bilbao l’an dernier [2], Soleil Manga a développé un catalogue érotique -sa collection "Eros"- en allant voir des éditeurs spécialisés dans le domaine au Japon. En recherchant toutefois des histoires "festives" et en évitant les situations trop déviantes que l’on trouve souvent dans ce type de publication. Une offre avec des titres de qualité comme en témoigne par exemple Velvet Kiss, le haut du panier de ce type d’œuvre.

Infedility, un des derniers titres du catalogue hentai sans tabou de Taïfu

Taïfu propose, quant à lui, une collection précisément de "hentai sans interdit", c’est-à-dire sans censure et comprenant des histoires qui peuvent parfois susciter un certain malaise chez le lecteur (humiliation, chantage sexuel, SM, etc.). Histoires courtes, sans tabou, dans des registres multiples mais visant d’abord la satisfaction onaniste.

Mais d’autres éditeurs se sont depuis engouffrés dans la brèche. Par exemple Kurokawa avec Nozokiana fin 2012 (sur lequel Soleil Manga avait hésité à se positionner), un manga sur le voyeurisme, érotique plutôt que pornographique, avec tout de même de nombreuses scènes de sexe explicites et des situations où l’excitation provient notamment de la gêne qu’elles instaurent.

Step Up Love Story, chez Pika

Du côté des grands éditeurs, jusqu’à présent, pas grand chose, pas de réelle collection nourrie. Pika avait amorcé un mouvement avec sa série fleuve Step Up Love Story, toujours en cours depuis 2004. Mais la collection "Pika Sempai", dédiée au pornographique, ne fut pas véritablement étoffée durant les années suivantes : un oneshot, Goth, en 2006, et une série en 3 volumes d’un auteur français, Catacombes, en 2009.

Mais il semble que l’heure soit venue d’investir le marché pour les poids lourds du secteur puisqu’avec Attache-moi !! Pika réactive sa collection adulte dans les semaines qui viennent. Et qu’entretemps Glénat a ouvert sa propre collection avec Minimum de Maya Miyazaki.



Minimum et la collection "Erotic" de Glénat

Le point de départ de Minimum : une jeune femme nue miniature sortant du lecteur de dvd d’un ordinateur
© 2010 Maya Miyazaki / KODANSHA / Glénat

Un temps illustratrice pour Playboy Japan, la mangaka est l’auteure de nombreux titres clairement pornographiques mais aussi de séries plus simplement "coquines" à trame scénaristique plus développée. Il semble que Minimum s’inscrive plutôt dans cette seconde tendance.

Où pointe l’érotisme...
© 2010 Maya Miyazaki / KODANSHA / Glénat

Puceau, Ito est effroyablement complexé par ses désirs qu’il tente de sublimer dans la photographies de plantes. Mais alors qu’il surfe sur Internet en quête de sexe, son ordinateur plante et sort du lecteur DVD... une femme miniature ! Dévêtue de surcroît. Commencent alors, en compagnie de Haru, de rocambolesques aventures pour notre jeune -et frustré- héros.

De manière explicite et assumée, Minimum s’inspire du célèbre Video Girl Ai De Masakazu Katsura : jeune femme sortie d’un univers virtuel apparaissant à un jeune homme sentimentalement (ici plutôt sexuellement) coincé. Mais la référence sert juste de cadre et immédiatement Maya Miyazaki tire la comédie romantique vers l’érotisme.

Pour autant, ceux qui s’attendent à un titre pornographique en seront pour leurs frais. Difficile de dire vers quels types de développement ira la série mais, pour l’heure, on en reste à du ecchi, à une sorte de teasing esquivant les scènes de sexe explicites.

Problème d’échelle entre nos héros
© 2010 Maya Miyazaki / KODANSHA / Glénat

On s’attend à une montée en puissance de ce côté-là, ne serait-ce que parce que le dépucelage du héros par l’héroïne, apparaît comme un nœud dramatique majeur du manga. Mais il ne s’agit pas là de multiplier les scènes de sexe pour elles-mêmes mais simplement d’installer une forme d’excitation appuyée dans un cadre de comédie mêlée de SF.

Couverture japonais de Love in the Hell, annoncé chez Glénat

L’histoire avance rapidement, à coup de mystères et de rebondissements, offrant un réel fond d’intrigue. Surtout, et c’est là l’essentiel pour ce type de manga, le trait, fin et soigné, se prête particulièrement à la mise en scène des personnage, à la représentation de leurs corps.

En lançant Minimum, Glénat compte ouvrir une véritable collection dédiée à ce genre au sein de son catalogue. Sont ainsi d’ores et déjà annoncés deux autres titres pour l’étoffer. D’une part une autre série érotico-fantastique, Love in the Hell et, d’autre part, l’autobiographie illustrée de Mihiro, une célèbre "Idol", au titre évocateur : Nude. De quoi entrer fermement dans un segment du marché du manga érotique jusqu’ici délaissé.

Nude, biographie de l’Idol Mihiro

(par Aurélien Pigeat)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

- Minimum T1. Par Maya Miyazaki. Traduction Natsuka Osawa et Anthony Prezman. Glénat Manga collection "Erotic". Sortie le 19 mars 2014. 194 pages. 7,60 euros.

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[1Sur le yaoi en particulier, voir notre article "Les dessous du yaoi".

[2Lire en particulier la fin de l’entretien.

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