Ensuite parce que le thème - les aventures d’un évasionniste, Scott Free, sans cesse en train d’échapper à la mort- est une référence mythique pour de nombreux lecteurs puisque le dessinateur de BD Paul Pope (dans « Escapo »), comme le Prix Pultizer Michael Chabon ( dans son roman paru en France chez Laffont : « Les extraordinaires aventures de Kavalier et Clay ») y font expressément référence. Un autre romancier, français celui-là, Martin Winckler, auteur de la préface de l’album, ne dit pas autre chose quand, comparant Scott Free à un Houdini futuriste, il ajoute : « Jack Kirby n’a pas échappé à la mort, mais son néo-univers est entré en expansion au point de faire partie intégrante aujourd’hui -et, probablement pour toujours- de la galaxie D.C. Quant à Mister Miracle, il continue à nous servir d’exemple en déjouant les pièges qu’on lui tend, et comme tout être humain, à lutter inlassablement pour se libérer de ses chaînes ». L’humanisme partout présent dans les histoires de Kirby rappelle opportunément, en ces temps simplificateurs, que c’est cela aussi la culture américaine.
Petite anecdote amusante : cet album faisant partie de la période de maturité de Kirby (ce sont ses dernières œuvres), ces histoires avaient été publiées chez D.C. le grand rival de l’éditeur Marvel pour lequel Kirby a créé ses plus célèbres personnages (X-Men, Fantastic Four, Hulk...). Viré comme un malpropre, obligé de faire un procès pour récupérer ses originaux, Kirby se venge dans cet album en représentant Roy Thomas et Stan Lee. Il montre notamment le chairman de la « Maison des idées » en train d’ajuster sa moumoute (il en a une assurément), moquant en filigrane un « scénariste » attaché aux apparences et expert en mystifications en tout genre.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion