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Mobidic : "L’histoire de Roi Ours est un prétexte pour dessiner le plus d’animaux possible"…

Par Morgane Aubert le 4 mai 2016                      Lien  
Après sa nomination pour le prix Fnac, le one shot "Roi Ours" chez Delcourt vient de remporter le prix du premier album des lycéens picards à Amiens et est en lice pour le prix du meilleur album Diagonale-Le soir. Rencontre avec son auteure Mobidic à l'occasion du festival BD de Semur-En-Auxois.

Roi ours est votre premier album, pouvez-vous nous dire ce que raconte cette BD ?

Roi Ours est un conte. Il commence avec une jeune indienne qui est offerte en sacrifice par son propre père à la déesse Caïman pour sauver son village d’une malédiction. Elle est attachée à un totem et elle attend la mort… Mais elle est sauvée par le roi des ours qui la prend pour épouse et l’emmène dans la forêt...

Donc elle quitte le monde des hommes pour celui des dieux, des dieux qui sont tous représentés sous forme animale, vous aimez particulièrement dessiner les animaux ?

Oui, j’ai toujours aimé dessiner les animaux, et la base de l’histoire est même un prétexte pour dessiner le plus d’animaux possible…

Mobidic : "L'histoire de Roi Ours est un prétexte pour dessiner le plus d'animaux possible"…
"Roi Ours" de Mobidic aux éditions Delcourt

Est-ce que vous vous êtes inspirée de légendes amérindiennes pour écrire ce conte ?

En fait, pas du tout, j’ai triché, j’ai tout inventé ! Je suis là encore partie de prétextes graphiques piochés un peu partout pour le design des totems, des vêtements etc. Par exemple, je me suis beaucoup inspirée des aztèques pour les vêtements mais les aztèques n’ont ni tipi, ni totem donc j’ai pioché ce qu’il me plaisait dans différentes cultures. C’est un mélange…

Il y également une attention particulière qui est porté au corps, il y a de nombreux gros plans sur les mains, les pieds, le dos… Le corps c’est aussi quelque chose que vous aimez représenter ?

Oui, j’aime beaucoup m’attacher aux petits détails anatomiques pour les comprendre et aimer les dessiner. Par exemple en commençant Roi Ours, je n’aimais pas forcément dessiner les pieds et j’ai appris à aimer dessiner les pieds à cette occasion ! C’est bizarre, dit comme ça, mais c’est vraiment un truc de dessinateur ! Et puis aussi, j’aime bien dessiner la nudité sans pour autant que ce soit érotique. Surtout la nudité féminine car, malheureusement, dès qu’une femme est nue, les hommes sont persuadés que c’est une offrande. J’ai du mal à leur en vouloir parce qu’ils ont l’habitude que ce soit le cas depuis longtemps. Un des plus beaux compliments qu’on m’a fait, c’est sur le fait que j’ai réussi à dessiner une femme nue sans que ce soit vulgaire.

En tant qu’auteure, vous avez signé la charte du collectif des créatrices de BD, vous êtes une femme engagée ?

Je me sens surtout solidaire par rapport à celles qui étaient là avant moi, à une époque où elles étaient vraiment peu nombreuses, ce qui n’a pas été facile pour elles. Moi, je viens d’arriver dans le métier donc j’ai peu ou quasi-pas d’expériences sexistes à déplorer mais ça ne m’empêche pas de savoir que c’est là, que ça existe et que ça pourrait m’arriver.

"Roi Ours" de Mobidic
© Delcourt

Nous avons parlé de Roi Ours mais vous tenez également un blog dans lequel vous vous représentez sous la forme d’un animal, pouvez-vous nous dire de quel animal il s’agit ?

Oui, j’ai pour habitude de me représenter sous la forme d’un escargot.

Pourquoi ce choix ?

Ça vient d’un exercice que j’ai dû faire à l’école Saint-Luc où on devait raconter une anecdote qui nous était réellement arrivée et s’y dessiner en animal. J’ai choisi l’escargot, déjà par esprit de contradiction parce que toutes les filles de ma classe ont choisi des animaux mignons comme des chats ou des renards. Donc j’ai essayé des animaux bizarres ou dégoutants et j’ai bien aimé ma tête d’escargot ! Je trouvais que ça m’allait très bien et en plus ça collait avec l’histoire que je racontais. À l’époque, j’avais les cheveux très courts et je ne me suis jamais habillée de façon très féminine, du coup on me prenait souvent pour un garçon, surtout de dos, et vu que l’escargot est un animal hermaphrodite, ça collait très bien avec mon histoire.

L’artiste vue par elle-même.
© Mobidic

On peut justement revenir sur votre parcours, comment êtes-vous devenue scénariste, dessinatrice et coloriste de bande dessinée ?

J’ai trouvé ma voie assez tard puisque j’ai passé un bac S, sans savoir ce que j’allais faire de ma vie. Finalement je me suis dit que j’allais faire du cinéma d’animation, donc j’ai fait trois ans à la Cambre à Bruxelles, mais ça ne me convenait pas, je n’arrivais pas à trouver ma place. Je voulais raconter des histoires mais l’animation prend trop de temps et j’étais coincée par la technique donc j’ai opté pour la bande dessinée en me disant « ça risque encore de rater ». Et finalement ça a été un coup de foudre, j’ai l’impression d’avoir trouvé mon langage pour m’exprimer.

Et pourquoi le pseudonyme Mobidic ?

Ça vient de mes petites sœurs qui m’ont donné ce charmant surnom quand nous étions petites.

Quels sont vos projets ?

J’ai envie de continuer à faire des albums. Malheureusement pour l’instant, j’ai du mal à trouver un éditeur pour l’histoire que j’ai envie de faire… Elle a été refusée par plusieurs éditeurs. Je n’ai pas fini de chercher, mais je ne sais pas encore comment ça va se passer…

Propos recueillis par Morgane Aubert

Voir en ligne : Le blog de Mobidic

(par Morgane Aubert)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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1 Message :
  • Cette auteure est exceptionnelle !
    Vous avez raison de la mettre en avant.
    C’est mon gros coup de coeur découverte de l’année 2015.
    La puissance de son dessin, que dans un premier temps on assimilerait à Pellejero, est incroyable.
    La description et l’animation du Gorille, de l’ours et de la jeune fille sont d’une présence étonnantes et d’une douceur dans la sensualité rarement atteintes.
    Elle possède déjà un univers graphique personnel.
    Il faut absolument encourager des jeunes talents de ce niveau. Elle mérite largement tous les prix qui lui sont proposés.

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