En 2006, Kana, motivé par ses éditeurs japonais, avait contacté plusieurs sites de scantrad, cette traduction pirate de BD japonaises publiées en ligne avant la parution en librairie, en leur intimant gentiment d’arrêter la publication illicite des scans de séries à succès de la société et en particulier, LA série Naruto. Certains avaient accepté de fermer leur site par peur des représailles, d’autres non, et l’affaire s’était arrêté là. Cela restait moucheté et courtois.
En 2008, cela a été au tour de Pika et d’Alain Kahn, son président, d’exiger la fermeture du site Fairytail.fr, qui proposait les scans de la série de Hiro Mashima avant leur sortie en France. Il avait obtenu gain de cause en novembre de la même année.
Le 14 avril 2009, les éditeurs membres du groupe BD du SNE avaient signé une déclaration commune, contresignée par les ayants droit japonais, rappelant leur opposition formelle au “scantrad”.
La fin d’année avait aussi vu la fermeture de plusieurs sites fournissant des raws, tels que scansddl.free.fr, qui avait clôturé son site suite à la demande des éditeurs français.
2010 : la lutte s’intensifie.
Pour faire leur sortie, les teams de scantrad travaillent sur des raws, des pages scannées directement à partir des mangas, manhwa, manhua ou comics. Acte hautement illégal, mais au début toléré car il créait un buzz favorable à la commercialisation. Certains sites se spécialisèrent dans cette spécialité récoltant une audience à faire pâlir les sites BD les mieux référencés. Évidemment sans payer un fifrelin de droit d’auteur.
Le plus connu est Raw-Paradise, ou plutôt était, car le site a fermé ses portes suite à la prise de position officielle de la Shueisha dans le Weekly Shonen Jump #20 que nous avions évoquée dans une brève du 18 avril 2010. Quelques mois plus tôt, c’était Kodansha qui demandait à MangaHelpers (le second fournisseur de raws du net) de retirer tout scan issu de sa production, lequel a finalement retiré les raws demandés, mais aussi ceux de Shueisha et Shogakukan après cette annonce.
Mais le site a aussi décidé en revanche de réfléchir à une solution qui pourrait contenter les deux parties. L’idée serait d’ouvrir une nouvelle plate-forme permettant aux auteurs japonais de diffuser leurs œuvres sur Internet. Les titres seraient traduits par des fans, par les traducteurs des anciennes teams de scantrad, mais sous le contrôle des auteurs. Les discussions sont en cours.
In Manga we trust
La société Not A Basement Studio a lancé une application pour Ipod, Itouch et Ipad, nommé Manga Rock. Celle-ci permet aux fans de manga propriétaires de produits Apple de lire et de télécharger plus de 1000 mangas à partir du site Onemanga.com. Le problème, c’est que ce site est une bibliothèque virtuelle gardant en mémoire tous les ouvrages traduits par les teams de scantrad, y compris les mangas licenciés aux États-Unis tels que Fairy Tail, Air Gear ou encore Soul Eater.
Yen Press, éditeur américain de manga, s’est empressé de réagir face à cette application. Le responsable éditorial Kurt Hassler a déclaré à Anime News Network : "Étant donné que du contenu licencié par Yen Press apparaît sur cette application sans notre autorisation, nous sommes déjà en train de contacter Apple pour demander le retrait de cette application, et nous n’arrêterons que lorsque notre contenu aura été supprimé". L’éditeur à la pomme a finalement contacté la société à l’origine de l’application et a supprimé tout les mangas de l’éditeur.
Au même moment, le site HTMLComics fermait ses portes, après intervention du FBI, excusez du peu ! En effet, le département américain de la Justice a lancé une assignation à l’encontre de Gregory Steven Hart, le fondateur du site, pour infraction au droit d’auteur. Il faut dire qu’il proposait plus de six millions de pages de bandes dessinées et magazines au lecteur, dont Wolverine, Spider-Man, ou encore Catwoman.
C’est la lutte finale...
Cette semaine, le site AnimeNewsNetwork annonce qu’une coalition de 36 éditeurs japonais et quelques éditeurs américains se sont associés pour lutter contre le scantrad. Cette coalition a menacé de poursuivre une trentaine de sites, dont les noms n’ont pas été révélés.
Les 41 éditeurs sont Square Enix, Viz Media, Tokyopop, Vertical Inc., the Tuttle-Mori Agency, Yen Press, Akane Shinsha, Akita Shoten, ASCII Media Works, ,East Press Ichijinsha, Enterbrain, Okura Shuppan, Ohzora Shuppan, Gakken, Kadokawa Shoten, Gentosha Comics, Kodansha, Jitsugyo No Nihonsha, Shueisha, Junet, Shogakukan, Shogakukan Shueisha Production, Shodensha, Shonen Gahosha, Shinshokan, Shinchosha, Take Shobo, Tatsumi Shuppan, Tokuma Shoten, Nihon Bungeisha, Hakusensha, Fujimi Shobo, Fusosha, Futabasha, France Shoin, Bunkasha, Houbunsha, Magazine House, Media Factory, Leed sha et Libre Shuppan.
Le porte-parole du groupe a déclaré que : « Il est regrettable que cette action soit devenu nécessaire. Toutefois, pour protéger les droits de propriété intellectuelle de nos créateurs et la santé globale de notre industrie, nous n’avons pas d’autres alternative que de prendre des mesures agressives. Nous espérons sincèrement que les sites illégaux prendront d’eux-même la décision de cesser leur activité. Pour ceux qui s’y refuseront, nous procéderons à des injonctions et exigerons des dommages et intérêts. Nous allons officiellement déclarer ces sites illégaux aux autorités fédérales, notamment l’unité anti-piratage du département américain de la Justice, les services de polices locaux et le FBI. »
Le Scantrad n’a plus qu’à compter ses abattis.
(par Stéphanie Francqueville)
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