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Mort de Carmine Infantino, une légende du Silver Age du comic-book

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 5 avril 2013                      Lien  
Le dessinateur et éditeur Carmine Infantino est décédé hier à l'âge de 87 ans. Dans le métier depuis les années 1940, il avait travaillé sur les comics les plus importants de l'âge d'argent (de 1956 à 1970 environ) dont il fut l'un des principaux artisans, notamment Flash, Adam Strange, Green Lantern, JSA, Batman... avant de travailler en fin de carrière sur les univers mythiques de Star Wars .
Mort de Carmine Infantino, une légende du Silver Age du comic-book
Le N°4 de Showcase marque le début de l’Âge d’Argent. La couverture est d’Infantino.
(c) DC Comics

On l’apprend sur la page Facebook du dessinateur George Perez : "Triste d’apprendre que la BD perd une autre de ses figures légendaires, écrit-il. Carmine Infantino était l’un des auteurs les plus influents de l’histoire du médium et je regarderai toujours Adam Strange, Flash et Space Museum stories comme des exemples formidables de la dimension magique du genre fantastique quand il est manié avec dextérité par un maître en la matière. Repose en paix, Carmine."

Quelques minutes plus tard, un communiqué de DC Comics venait saluer celui qui a été un de ses plus grands éditeurs.

Carmine Infantino était né le 24 mai 1925 à Brooklyn (New-York), comme bon nombre de grands auteurs fondateurs de l’industrie du comic-book. Il était considéré comme le meilleur encreur de sa génération. En 1940, il pousse la porte de Timely Comics (future Marvel) et se fait offrir par Joe Simon (le propre créateur de Captain America), la possibilité d’encrer les premières planches de Jack Frost. Voyant le résultat, Simon propose de l’engager ; mais il a 16 ans et son père refuse l’affaire tant qu’il n’a pas son diplôme. C’est son copain Frank Giacoia, avec qui il était venu au rendez-vous, qui a le job.

Dans les années 1960, il devient le dessinateur attitré des couvertures de DC Comics
(c) DC Comics

Après avoir fait plusieurs éditeurs, il aboutit chez DC Comics où il anime pour la première fois le personnage de Black Canary pour la série Johnny Thunder (1947). Bientôt, il dessine pour Flash, un personnage qui ne le lâchera pas avant longtemps, et travaille sur la plupart des grands héros des années cinquante, dans toute la gamme de l’aventure : science fiction, thriller, western..., souvent dans le sillage de Joe Simon et Jack Kirby avec lesquels il collabore régulièrement.

En 1956, l’éditeur Julius Schwartz demande au scénariste Robert Kanigher et à Infantino de donner un coup de boost à l’univers de Flash dans une histoire qui doit être publiée dans le N°4 de Showcase (octobre 1956). Infantino redéfinit complètement le personnage et son costume, lui insufflant une modernité inédite et tellement surprenante que les historiens du comics marqueront ce moment pour signaler la fin de l’âge classique ("l’âge d’or") et le début de l’ère moderne du comics. Il devient alors l’irremplaçable animateur de Flash tout en travaillant sur d’autres séries (Batman, Elongated Man, Batgirl, Deadman...)

Au tournant de l’année 1967, il est le maître d’œuvre de la plupart des couvertures de DC Comics. Mais Stan Lee, chez Marvel, a des vues sur lui et lui offre une rente mensuelle de 22.000 US$. DC ne peut pas suivre mais lui offre en revanche un poste de rédacteur en chef. Quelques temps plus tard, il devient directeur éditorial de la boîte. À ce poste, il se révèle être un incroyable accoucheur de talents et promeut les meilleures signatures de la maison au titre de rédacteurs en chef, notamment Joe Orlando et Joe Kubert.

Carmine Infantino était un formidable encreur. Ici, une "splash page" pour Green Lantern
(c) DC Comics
Batman par Carmine Infantino
(c) DC Comics

Il dépoussière le catalogue avec des dessinateurs comme Neal Adams et des scénaristes comme Denny O’Neil qui vont faire entrer les personnages de DC Comics dans une phase nouvelle qui se dégage petit à petit des contraintes du Comics Code.

C’est lui qui convainc Jack Kirby, en bisbrouille avec Marvel, de passer chez DC en 1970 pour y livrer ses derniers chefs d’œuvre : Fourth World puis OMAC, Kamandi, The Demon, Sandman.

Prenant la direction de DC Comics en 1971, on lui doit un rôle actif dans l’adaptation et le grand retour de Superman au cinéma pour lequel il collabore avec Mario Puzo comme consultant sur les deux premiers longs métrages. Il est également l’artisan d’un crossover historique avec la Marvel entre Superman et Spider-Man !

Quittant son poste en 1976, il travailla en freelance sur de nombreuses séries dont Star Wars, adaptée de l’univers mythique de Lucas, Spider-Woman et Nova. Sur la fin de sa vie, il enseigna à la School of Visual Arts et se montra très présent et très disponible auprès des jeunes auteurs.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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5 Messages :
  • je ne pense qu’il ait quitté son poste.
    il a été viré.

    http://www.newsfromme.com/2013/04/04/carmine-infantino-r-i-p/

    Répondre à ce message

  • Carmine Infantino une légende oui ! Il y a tellement à dire sur le bonhomme...

    Sa stature était impressionnante, sa façon reconnaissable entre toute, avec sa manière particulière de silhouetter ses personnages.Sa manière ,aussi, de décomposer les mouvements de Flash en une succession de dessins dans la même case , en inspiration directe de la technique de l’animation,aura fait bien des émules.

    Il pouvait tout dessiner.Et le faire bien.S’ il était un excellent encreur, d’ autres ont aussi fait un remarquable travail sur ses dessins.Et pas des moindre !

    Il aura quitté le métier de dessinateur ,avec rendement de fascicules mensuel ,épuisé.

    Il était aussi très dur avec les comics actuels et, critiquait vertement les causent qui avaient ,point par point, créés la désaffection du public, anéantissant les ventes.

    Les comics doivent beaucoup à cette figure majeure à plus d’ un point.

    Son plus beau coup en tant que responsable éditorial ?

    Avoir repéré et fait venir les mirifiques dessinateurs ,et surtout encreurs, philippins qui auront dynamisés et révolutionnés le monde des comics à l’ époque.

    Les amateurs de noir et blanc et de techniques d’ encrage en sont encore sur les genoux !!

    Répondre à ce message

    • Répondu par Michel Dartay le 5 avril 2013 à  23:28 :

      Oui, il oeuvra pendant de longues décennies, avant de devenir Directeur Artistique chez DC. Une carrière exemplaire ! Mes condoléances à ses proches !

      Répondre à ce message

  • Une petite anecdote révélatrice des mœurs du milieu de l’ industrie des comics.

    Carmine Infantino haut responsable chez DC Comics souhaite limiter la concurrence entre la maison d’ édition qu’ il représente et la maison Marvel.Il compte proposer une entente.Il téléphone alors à Stan Lee , éminence de la Marvel et, lui demande de lui communiquer la liste des divers tarifs payés, par cette maison Marvel, aux artistes pour leur travail.L’ idée est de s’ entendre sur ces prix pour limiter la surenchère , l’ inflation et ,le va- et -viens .Au détriment des artistes cela va sans dire !

    Stan Lee fait venir Roy Thomas ,le célèbre scénariste, alors editeur en chef chez Marvel, dans son bureau et ,lui ordonne de fournir cette liste de tarifs à Infantino. Chez la concurence .

    Réponse de Roy Thomas :"Non !"

    Stan Lee enchaîne :"Je suppose que je dois prendre ce refus comme ta lettre de démission ! "

    Réponse de Thomas :"Oui tu peux le prendre comme ça !"

    Stan Lee baisse la tête, Thomas tourne les talon et on en est resté là.

    Roy Thomas n’ a pas été viré, il n’ y a pas eu d’ entente sur les prix , et les artistes ont continués à faire jouer la concurence.

    Répondre à ce message

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