On l’apprend sur la page Facebook du dessinateur George Perez : "Triste d’apprendre que la BD perd une autre de ses figures légendaires, écrit-il. Carmine Infantino était l’un des auteurs les plus influents de l’histoire du médium et je regarderai toujours Adam Strange, Flash et Space Museum stories comme des exemples formidables de la dimension magique du genre fantastique quand il est manié avec dextérité par un maître en la matière. Repose en paix, Carmine."
Quelques minutes plus tard, un communiqué de DC Comics venait saluer celui qui a été un de ses plus grands éditeurs.
Carmine Infantino était né le 24 mai 1925 à Brooklyn (New-York), comme bon nombre de grands auteurs fondateurs de l’industrie du comic-book. Il était considéré comme le meilleur encreur de sa génération. En 1940, il pousse la porte de Timely Comics (future Marvel) et se fait offrir par Joe Simon (le propre créateur de Captain America), la possibilité d’encrer les premières planches de Jack Frost. Voyant le résultat, Simon propose de l’engager ; mais il a 16 ans et son père refuse l’affaire tant qu’il n’a pas son diplôme. C’est son copain Frank Giacoia, avec qui il était venu au rendez-vous, qui a le job.
Après avoir fait plusieurs éditeurs, il aboutit chez DC Comics où il anime pour la première fois le personnage de Black Canary pour la série Johnny Thunder (1947). Bientôt, il dessine pour Flash, un personnage qui ne le lâchera pas avant longtemps, et travaille sur la plupart des grands héros des années cinquante, dans toute la gamme de l’aventure : science fiction, thriller, western..., souvent dans le sillage de Joe Simon et Jack Kirby avec lesquels il collabore régulièrement.
En 1956, l’éditeur Julius Schwartz demande au scénariste Robert Kanigher et à Infantino de donner un coup de boost à l’univers de Flash dans une histoire qui doit être publiée dans le N°4 de Showcase (octobre 1956). Infantino redéfinit complètement le personnage et son costume, lui insufflant une modernité inédite et tellement surprenante que les historiens du comics marqueront ce moment pour signaler la fin de l’âge classique ("l’âge d’or") et le début de l’ère moderne du comics. Il devient alors l’irremplaçable animateur de Flash tout en travaillant sur d’autres séries (Batman, Elongated Man, Batgirl, Deadman...)
Au tournant de l’année 1967, il est le maître d’œuvre de la plupart des couvertures de DC Comics. Mais Stan Lee, chez Marvel, a des vues sur lui et lui offre une rente mensuelle de 22.000 US$. DC ne peut pas suivre mais lui offre en revanche un poste de rédacteur en chef. Quelques temps plus tard, il devient directeur éditorial de la boîte. À ce poste, il se révèle être un incroyable accoucheur de talents et promeut les meilleures signatures de la maison au titre de rédacteurs en chef, notamment Joe Orlando et Joe Kubert.
Il dépoussière le catalogue avec des dessinateurs comme Neal Adams et des scénaristes comme Denny O’Neil qui vont faire entrer les personnages de DC Comics dans une phase nouvelle qui se dégage petit à petit des contraintes du Comics Code.
C’est lui qui convainc Jack Kirby, en bisbrouille avec Marvel, de passer chez DC en 1970 pour y livrer ses derniers chefs d’œuvre : Fourth World puis OMAC, Kamandi, The Demon, Sandman.
Prenant la direction de DC Comics en 1971, on lui doit un rôle actif dans l’adaptation et le grand retour de Superman au cinéma pour lequel il collabore avec Mario Puzo comme consultant sur les deux premiers longs métrages. Il est également l’artisan d’un crossover historique avec la Marvel entre Superman et Spider-Man !
Quittant son poste en 1976, il travailla en freelance sur de nombreuses séries dont Star Wars, adaptée de l’univers mythique de Lucas, Spider-Woman et Nova. Sur la fin de sa vie, il enseigna à la School of Visual Arts et se montra très présent et très disponible auprès des jeunes auteurs.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion