Pierre Seron était né le 9 février 1942 à Chénée en Belgique, dans cette province de Liège qui enfanta des talents aussi divers que Jean-Michel Charlier, Victor Hubinon ou Greg. Après des études à m’Institut Saint-Luc où il croise ses confrères Walthéry, Dany et Pleyers, il devient l’assistant de Dino Attanasio (Spaghetti, Modeste & Pompon), Mittéï (Indésirable Désiré, il fut second assistant sur les décors de Ric Hochet), ou de Maurice Maréchal (Prudence Petitpas).
En 1967, il publie un premier récit dans Spirou sur un scénario de Victor Hubinon, puis il crée Les Petits Hommes dont le premier épisode soutenu par Yvan Delporte, est scénarisé par le journaliste du Moustique Albert Despreschins, puis par Mittéï sous le pseudonyme de Hao.
Alors que son trait à ses débuts ressemble à celui de Dany, il prend rapidement une inflexion vers le style Franquin, à la demande de son éditeur qui espère trouver là la recette d’un hypothétique prolongement de l’âge d’or de son journal. La série se poursuit dans Spirou jusqu’en 2004. Dans le même temps, Seron produit, pour Pif Gadget, La Famille Fohal (1973). Parallèlement encore, sa puissance de travail lui permet d’ajouter une nouvelle série pour Spirou : Les Centaures plutôt réussis Aurore & Ulysse.
Parfois servile, mais néanmoins honnête (après tout, la chose est commune dans le manga ou le comic book), cette volonté d’épouser le style de Franquin sans aucune distance parodique, comme cela a pu être le cas pour Yves Chaland et ses successeurs, a été mal perçue par la critique. D’autant que Seron n’hésitait pas parfois à regarder d’un peu trop près son modèle.
Manipulé par des éditeurs passés à côté de l’histoire, Seron en conçut une rancœur qui le poursuivit jusqu’à la fin de sa vie. Nous l’avions rencontré il y a deux ans à la Foire du Livre de Francfort. Il refusait toute interview et même de se faire photographier. Il acceptait juste de signer des albums pour ses « vrais » fans.
Il faut dire que, passé de mode, lâché par les éditions Dupuis qui tournèrent progressivement le dos à une bande dessinée commerciale trop marquée par son époque, sa fin de carrière est peu enthousiasmante : six albums « coquins » pour les éditions Joker et un 44e et ultime épisode des Petits Hommes, Eslapion 3, aux éditions Clair de Lune en guise d’adieu. Il avait cessé de produire il y a cinq ans.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Pierre Seron -par Zewan. Licence Wikimedia.
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