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Mosquito chine-t-il ?

Par Florian Rubis le 23 janvier 2012                      Lien  
Après un retour en grâce en France largement dû à Michel Jans des éditions Mosquito, la reconnaissance internationale de Sergio Toppi prend un détour surprenant. Un récent voyage de l’éditeur isérois en Chine lui a en effet permis de constater l’étendue de sa popularité dans ce pays! Elle devrait déboucher fin 2013 à un renforcement des échanges sino-français dans deux festivals liés à Mosquito…

Pas même encore traduit en Chine, Sergio Toppi y fait l’objet, depuis pas mal d’années déjà, d’un fort engouement de la part de ses plus jeunes collègues chinois, très admirateurs de sa production artistique. C’est tout simplement l’évidence de son talent graphique qui s’est imposée à leurs yeux.

Michel Jans, son éditeur chez Mosquito, a pu ainsi constater l’étendue de la popularité du Milanais en participant fin octobre 2011 à Pékin (Beijing), au 2011 Sino-Europe Comic Festival. Le nombre forcément limité d’albums de Sergio Toppi emmené dans ses valises s’est écoulé très rapidement auprès des dessinateurs et autres amateurs chinois fréquentant l’évènement.

Ce voyage en Chine réunissait divers éditeurs, journalistes et auteurs français, dont Merwan Chabane et François Boucq. [1]

Mosquito chine-t-il ?
Portrait de Sergio Toppi
© 2011 Dauphylactère
Couverture de « Scènes de la Bible »
© 2011 Sergio Toppi & Mosquito

Comme l’explique lui-même Michel Jans : « Cette manifestation organisée par Beijing Total Vision et l’université Beijing Film Academy avait pour but de « favoriser une meilleure compréhension entre les acteurs de la chaîne du livre chinois et français et les étudiants, futurs professeurs et de permettre la mise en chantier de projets d’édition sino-européens. »

Mosquito voit donc la prise de risque financière de sa politique éditoriale et son suivi sur le long terme de ses auteurs aujourd’hui récompensés de façon significative.

La popularité de Sergio Toppi fait même, pourrait-on dire, boule de neige, puisque les rééditions par Mosquito d’autres grands auteurs italiens en viennent aussi les intéresser également à Dino Battaglia ouAttilio Micheluzzi.

La persévérance de ce petit label indépendant de la région Rhône-Alpes en remontre sur ce point aux plus grands éditeurs si prompt à interrompre une série après le premier ou le deuxième tome.

Jonas et la baleine (« Scènes de la Bible »)
© 2011 Sergio Toppi & Mosquito

Par ailleurs, les Cinq Jours Bande Dessinée de Grenoble, dont Mosquito est l’organisateur et le festival ami BD dans l’Ain de Bellegarde se préparent à recevoir des délégations de dessinateurs chinois en novembre 2013.

Shang Xiao, admirateur depuis l’enfance de Sergio Toppi et dessinateur chinois de « S.A.M. », sur un scénario de Richard Marazano, chez Dargaud
© 2011 Florian Rubis

De tels rapprochements vont être mis au point dans les coulisses d’Angoulême 2012. Dans le cadre d’un premier échange, quatre ou cinq artistes chinois seront invités en France pour y faire connaître davantage leur travail. En retour, un nombre comparable de leurs homologues français seront reçus à Pékin.

Ce qui laisse aussi à penser que des collaborations entre auteurs occidentaux et des dessinateurs chinois devraient logiquement s’ensuivre sous la bannière du Moustique.

(par Florian Rubis)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

En médaillon : portrait de Michel Jans en voyage en Chine
© 2011 Dauphylactère

Scènes de la Bible – Par Sergio Toppi – Mosquito – 149 pages, 25 euros

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[1Pour plus de détails à ce sujet, voir l’article de Frédéric Bosser, François Ier, empereur de Chine, dans dBD n°59, p. 6.

Mosquito
 
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8 Messages :
  • Mosquito chine-t-il ?
    23 janvier 2012 14:36

    Dans la BD aussi les travailleurs autochtones sont remplacés par des chinois, il n’y a pas que pour Lejaby.

    Répondre à ce message

    • Répondu le 23 janvier 2012 à  16:51 :

      Ils travaillent mieux, plus vite, pour moins cher.

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      • Répondu par Oncle Francois le 23 janvier 2012 à  20:09 :

        Vous avez raison, le Smic doit y être de l’ordre de 100 euros, et il n’y a pas d’Assedic, de Sécurité Sociale, de RMI ou d’allocations familiales (plutôt le contraire puisque les autorités ont longtemps encouragé la politique de l’enfant unique). Bizarre pour un pays qui se dit encore communiste, si vous voulez mon avis.

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      • Répondu par Michel Jans le 23 janvier 2012 à  21:14 :

        Mosquito n’est pas allé en Chine pour recruter des dessinateurs travaillant mieux et moins cher ! Nous avons été invités à Pékin pour une expo Toppi. Là-bas nous avons rencontré des auteurs talentueux, curieux et ouverts. Et si nous devions publier quelque chose d’eux, ce ne serait pas des travaux mercenaires, mais des œuvres chinoises qui nous touchent.

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      • Répondu par jacques dutrey le 23 janvier 2012 à  21:57 :

        et bravo, ami Jans !

        Répondre à ce message

  • Mosquito chine-t-il ?
    23 janvier 2012 22:43, par Patrick Gaumer

    Bonjour,

    "Pas même encore traduit en Chine" ? Pas tout à fait. Sergio Toppi figure dès le seuil des années 1980, aux côtés de son compatriote Dino Battaglia, au sommaire du Lian Huan Hua Bao, avec une reprise de "la Découverte du monde en bandes dessinées" (Larousse).

    Il y a quelque temps, lors des Rendez-vous de l’Histoire, à Blois, Li Kun Wu (Une vie chinoise) me précisait que Toppi figurait parmi ses influences majeures.

    Saluons en tout cas le travail de Michel Jans et de Mosquito.

    Bien amicalement,

    Patrick Gaumer

    Répondre à ce message

    • Répondu par Florian Rubis le 24 janvier 2012 à  06:32 :

      Merci Patrick pour ton érudite précision ! C’est l’occasion de constater encore que les séries historiques de Larousse ("Histoire de France", "La découverte du monde", "Histoire du Far West")ont permis à de grands dessinateurs italiens employés à cet effet (Manara ou Serpieri aussi) de se faire connaître de manière décisive à l’international. Par ailleurs, la rencontre de dessinateurs chinois me précisant la même chose que Li Kun Wu a stimulé la rédaction de cet article. Florian Rubis

      Répondre à ce message

  • Mosquito chine-t-il ?
    24 janvier 2012 00:53, par François S

    La casquette sied bien à Michel ! Et elle prouve que malgré le succès de la politique éditoriale de Mosquito, remarquable depuis le début, il n’a pas pris la grosse tête ...

    Pour les artistes chinois épris de réalisme tout en étant à la recherche d’originalité, la "ligne hachureé" (pardon de l’expression) de Toppi ouvre certainement des perspectives (mais point de fuite, car nous sommes dans une "démocratie populaire"...).

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