Une majorité des nouveautés de cette rentrée Dargaud est très orientée jeunesse : deux tomes de Miru Miru, Anna Anna tome 10, Orlando et Antonia. Ne vous fiez pourtant pas à la couverture animalière et au premier tiers du livre, c’est bien un polar qui se cache derrière les beaux paysages de la Bretagne.
Son héros est Mulo, un mulet. Un bâtard, fruit de l’union d’un âne et d’une jument, ayant l’habitude d’ignorer les regards chargés de mépris. En effet, quand on grandit dans un orphelinat, on apprend à encaisser les coups et les railleries. Mais qui est-il ? Ignorant tout de ses origines, Mulo n’a jamais pu répondre à cette question.
Pourtant, une lettre anonyme arrive un beau matin, prouvant que quelqu’un pense encore à lui. Et qu’il prétend que Mulo trouvera des éléments de réponse dans le casier d’une ancienne conserverie située sur une île. Notre héros têtu et tenace ne laissera rien ni personne s’interposer entre lui et la vérité.
D’emblée, on est passionné par le trait de Cédrick Le Bihan : ses animaux anthropomorphes sont très réussis, et témoignent de réelles expressions de sentiments humains. De plus, les paysages bretons et les scènes d’action captivent d’entrée de jeu, entraînant le lecteur dans un polar de plus en plus sombre.
Reste que le découpage aurait pu être un peu plus travaillé. On se demande si l’éditeur n’aurait pas mieux fait de choisir un format intermédiaire, afin de mieux profiter de la densité de la pagination, et de nombreuses pleines pages qui émaillent l’ouvrage. De plus, le manque d’informations distillées dans les premiers chapitres ne ménage pas de réel suspense et ne permet pas de directement bien comprendre l’humeur et les questions de Mulo, ce qui nuit à l’identification au personnage.
Malgré une intrigue somme toute classique, Mulo propose quoi qu’il en soit un réel univers ! Qui n’arrive certes pas au niveau de Blacksad, mais qui délivre une véritable atmosphère, surtout dans sa conclusion. L’ambiance bretonne profite de savoureux proverbes, qui font tout le sel de la région. Un beau dépaysement, plein de promesses pour des auteurs en devenir…
(par Charles-Louis Detournay)
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