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Musée de la BD à Angoulême : L’hebdomadaire satirique "Le Rire" consultable en ligne

Par Nicolas Anspach le 20 janvier 2010                      Lien  
Après la collection « Saint-Ogan » et les archives de la « Maison Quantin », le CIBDI a numérisé les premiers numéros de l’hebdomadaire satirique {Le Rire} qui publiait les meilleurs dessinateurs, peintres et caricaturistes de son époque, dont certains précurseurs de la bande dessinée moderne.

L’une des missions de la « Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image » d’Angoulême est de numériser le patrimoine de la bande dessinée. Le CIBDI reçoit à cet effet des subsides du Ministère de la Culture et de la Communication. Elle vient de numériser une première série de 430 numéros (du 10 novembre 1894 au 31 janvier 1903) de l’hebdomadaire humoristique satirique Le Rire.

Lancé par Félix Juven à « la Belle Époque », alors que le climat politique de la France était marqué par l’affaire Dreyfus, Le Rire fut publié continument jusqu’au coeur des années 1950. Juven avait un certain génie et demanda aux meilleures artistes, écrivains, peintres, illustrateurs, affichistes ou encore caricaturistes de sont temps de travailler pour son journal. Jugez du peu : Henri de Toulouse-Lautrec, Caran d’Ache, Jules Renard, Benjamin Rabier, Théophile Alexandre Steinlen, Leonetto Cappiello, Jossot ou encore Auguste Vimar ont fourni textes, illustrations et dessins à cette feuille satirique.

Musée de la BD à Angoulême : L'hebdomadaire satirique "Le Rire" consultable en ligne
Couverture du Rire
Réalisée par Toulouse-Lautrec

Ce journal mordant de douze pages en couleurs et en noir et blanc, publié le samedi, attirait le public grâce à des illustrations soignées sur la couverture et dans une double-page intérieure. Les dessins humoristiques étaient souvent légendés. Souvent, dès les premiers numéros, les dessinateurs traitaient une thématique sous la forme d’une narration séquentielle que l’on peut qualifier de précurseur de la bande dessinée. Le Rire évoquait également l’actualité du moment, qu’elle soit théâtrale, littéraire ou politique. Henri de Toulouse-Lautrec y dessina des personnalités, mais aussi des scènes de vie… et parfois de mauvaise vie comme ces pittoresques scènes de maisons closes.

Les fascicules numérisés du Rire sont désormais consultables gratuitement en ligne sur le site du CIBDI.

Un dessin de Caran d’Ache en couverture du "Rire".
Les explorateurs : « — Si vous saviez ce que c’est que de vivre avec un chameau... » (exemplaire daté du 20 avril 1901)

Le Rire est apparu alors que la bande dessinée française était encore naissante. « Ce titre présente […] un intérêt exceptionnel pour l’histoire de la presse illustrée et de la bande dessinée à la période charnière où les histoires en images commencent à déserter le champ de la presse satirique pour être cantonnées dans celui de la presse enfantine », écrit le CIBDI sur son site Internet. Une numérisation de la collection du Rire était devenue nécessaire pour préserver ces journaux des affres du temps et des manipulations des chercheurs. Une heureuse initiative.

Le travail de la numérisation permet un accès beaucoup plus large aux fonds conservés par le CIBDI et évite la dégradation des documents lors de leur consultation. A gauche, le dessin expressionniste caractéristique de Jossot.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

On peut également y découvrir d’autres joyaux de ce fonds, notamment les très précieuses archives d’’Alain Saint-Ogan », le créateur de Zig et Puce, qui contient 82 cahiers manuscrits, des albums recueillant jour après jour la production du dessinateur parisien. Des documents inestimables. En mettant en scène Zig et Puce, deux jeunes garçons intrépides, Alain Saint-Ogan créa, en 1925, la première BD « moderne » usant de phylactères, comme dans les comic strips américains, sans qu’aucun texte ne vienne s’insérer sous la case.

Cette manière de faire influença fortement Hergé, le créateur de Tintin. Benoît Peeters relate dans sa biographie d’Hergé [1] qu’en avril 1931, Hergé rendit visite à Saint-Ogan pour lui faire part de son admiration et bénéficier de quelques conseils. A cette occasion, le maître lui offrit une planche originale intitulée « Gloire et Richesse ». Un heureux présage.

Alain Saint-Ogan (1895-1974) tenait une comptabilité minutieuse de ses publications. Une mine d’or pour les chercheurs.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Le CBDI présente également sur son site un fonds composé d’images populaires de type spinalien [2] publiées par la maison Quantin, un éditeur-libraire parisien spécialisé dans les livres d’art et autres ouvrages illustrés de luxe, entre 1885 et 1905.

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Les numéros numérisés du Rire sont consultables gratuitement en ligne sur le site du CIBDI.

[1Hergé, Fils de Tintin, Flammarion.

[2Planche de bande dessinée qui a la forme des images d’Épinal mais qui n’est pas produite par la maison lorraine. NDLR

 
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