Une femme retrouvée dévorée par des chiens, un homme découpé en morceaux, chacun faisant l’objet d’une pesée précise, une femme frigorifiée : autant de morts d’une rare violence, à la mise en scène soigneusement élaborée, infligées par un psychopathe déguisé en grenouille et opérant par temps de pluie. Des crimes avec comme dénominateur commun d’étonnants verdicts laissés à proximité des cadavres, mobiles revendiqués de ces assassinats démesurés.
L’enquête débute alors, tentant d’appréhender l’horreur et notamment cette monstrueuse disproportion entre les châtiments administrés et les crimes dont sont accusés les victimes. D’autant que la série en cours semble ne plus devoir s’arrêter et qu’il faut comprendre le schéma suivi par le tueur pour anticiper ses mouvements et ainsi espérer l’arrêter.
Thriller à l’ambiance pesante parfaitement retranscrite, Museum se livre à un exercice de style réussi. Il faudra cependant avoir le cœur bien accroché : les scènes d’assassinat, d’abord hors-champ lorsque l’on suit la découverte des corps par les policiers, sont directement et même longuement montrées lorsque la focalisation bascule sur le tueur.
L’alternance des deux points de vue - celui du criminel, ou plutôt celui de ses futures victimes, et celui de la police qui le traque - instaure une tension dramatique efficace tout à fait captivante. D’autant que les péripéties vont bon train et que le personnage principal, le lieutenant Hisashi Sawamura, premier relai du lecteur au sein de cette aventure, se trouve malencontreusement impliqué de manière personnelle dans cette affaire.
Reste néanmoins l’impression de voir une adaptation, pour ne pas dire un pur décalque, du film culte de David Fincher Seven. Les parentés s’avèrent terriblement frappantes, dans les procédures, la narration et les schèmes structurants le récit. S’il y a certes une transposition au Japon, une intrigue précise qui trace son propre chemin et quelques motifs originaux, cette impression de déjà-vu limite en partie l’impact d’un titre au demeurant très séduisant et dont on attend la suite avec intérêt.
La série est proposée par Pika dans deux formats et deux collections différentes : soit dans l’édition simple en trois volumes, soit en deux tomes grand format au sein de la collection "Pika Graphic" qui poursuit son entreprise de publication de titres à bien des égards remarquables [1]
(par Aurélien Pigeat)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Museum T1 : "Killing in the Rain". Par Ryôsuke Tomoe. Traduction Thibaud Desbief. Pika, collection Pika Graphic. Sortie le 17 mai 2017. 336 pages. 16 euros.
Commander ce livre chez Amazon ou à la FNAC
[1] Rappelons quelques-uns des différents titres publiés depuis un an dans cette collection :
Hello Viviane et Au gré du vent de Golo Zhao
Forget Sorrow de Belle Yang
Fossiles de Rêves de Satoshi Kon
Nos Yeux fermés d’Akira Sasô
Nouvelle édition de Dragon Head de Minetaro Mochizuki
Ghostface et Priest de Hyung Min-woo