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"Mutafukaz" : Des aliens sur le divan

Par Thomas Berthelon le 16 mai 2009                      Lien  
RUN confie son bébé Mutafukaz à l'artiste Jérémie Labsolu, pour une plongée déstructurée dans l'esprit d'Angelino aux portes de la mort. Une expérimentation totale en noir et blanc dans un trip lynchéen période "Eraserhead". Exceptionnel.

L’action de Mutafukaz se déroule à Dark Meat City, sur la côte Ouest des Etats-unis. Angelino et son pote au crâne enflammé Vinz sont pourchassés par des humains très spéciaux reconnaissables à leur ombre en forme de chauve-souris. Ce sont en fait des extra-terrestres aux commandes de notre société depuis leur arrivée sur Terre sous le régime nazi dans les années 40. Angelino est le seul à pouvoir les identifier.

Pour ce tome intermédiaire (pas encore le tome 3, mais plus vraiment le tome 2) édité chez Ankama Editions sous le label 619, l’univers déjà bien barré de RUN est désormais entre les mains de l’artiste Jérémie Labsolu. Le créateur de la série Mutafukaz avait laissé ses lecteurs face à la mort de Vinz et l’apparente exécution d’Angelino par les aliens, après que celui-ci soit tombé amoureux d’une dangerosité de l’espace joliment nommée Luna.

"Mutafukaz" : Des aliens sur le divan
©Jérémie Labsolu/Ankama Editions

Metamuta démarre exactement au même endroit, commence sur la même image qui clôturait le tome 2. Angelino se prend donc un pruneau dans la tête, et s’ensuit une plongée dans son esprit tordu, entre retour aux sources et romance. Toujours dans la dangereuse Dark Meat City, on suit la fuite en avant de la mère d’Angelino, déjà la cible des mystérieux aliens, tandis que son rejeton erre actuellement à la recherche d’une arme à feu, tentant de convaincre les passants de son combat contre les envahisseurs. Un David Vincent urbain cachant un trou noir dans ses pompes, pleurant la disparition de son pote au crâne enflammé.

Angelino et Luna en pleine gunfight
© Jérémie Labsolu/Ankama Editions

La BD se déroule dans la tête d’Angelino, Jérémie Labsolu peut donc se faire plaisir : jeu sur les textures, pages entières composées de taches d’encre, photos retravaillées... Les personnages peuvent même avoir un traitement tout à fait différent d’une page à l’autre. En fait, à la différence de RUN, Jérémie Labsolu ne s’interdit que la couleur.

Après sa collaboration très efficace avec Bicargo sur le tome 0 au style très rétro, RUN s’amuse une nouvelle fois à confier les rênes de son univers déjà protéiforme à un autre jeune artiste. Le prochain tome devrait voir le créateur à nouveau seul aux commandes (sauf surprise).

Au micro de l’émission Supplément week-end du 31 janvier 2009 en direct du dernier festival d’Angoulême, RUN nous confiait se trouver "dans une grosse période existentielle au niveau artistique" et vouloir "faire traverser Angelino la même crise existentielle que (lui) dans le tome 3".

Nul doute que la saga Mutafukaz deviendra de plus en plus introspective. Amis aliens, préparez les divans.

(par Thomas Berthelon)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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