Un vaisseau naufragé, trois hommes et une femme qui se retrouvent nus au milieu d’une nature tropicale... Annie Wellington doit-elle se contenter de satisfaire les appétits bonobiens de ses compagnons ou bien tenter le contact avec les indigènes du coin ? Certes, ils ne maîtrisent pas la langue de Marc Dorcel mais leurs attributs n’ont rien à envier à ses équipiers...
Plongé dans des multitudes de paysages forestiers aux verts éclatants, ce foisonnant album de Riverstone était paru au milieu des années 1980 dans la revue Bédé Adult. Ah, glorieuse époque qui permettait de déguster du porno gaulois en kiosque... Pour autant, l’œuvre ici rééditée sort du tout venant. Le volume présenté par Dynamite, dans un grand format imposant, ajoute un dossier de 16 pages supplémentaires, avec croquis, crayonnés et commentaires érudits. Mais l’originalité du propos de Riverstone tient au ton de cette aventure. Toujours dialogué, le récit n’empile pas les séquences sportives. Si les sexes turgescents se bousculent à chaque case [1], les scènes pornos restent minoritaires face aux séquences érotiques. Annie et ses formes surréalistes (poitrine et fesses énormes et visage poupin) est de toutes les pages, et représente l’appât permanent dans la jungle sauvage. Selon l’expression consacrée, elle se montre vraiment très ouverte à toutes propositions...
Au milieu de ces rencontres bibliques, l’auteur distille des dialogues rarement "hot" et cherche une forme d’élégance dans les questionnements existentiels de notre pin up et ses pompiers de calendrier. Souvent kitsch, voire benêts, les personnages et leurs conversations se déroulent dans des décors très soignés, et bénéficient d’un lettrage tellement arty qu’il est parfois aride à déchiffrer.
Nagarya a donc bien droit à un statut à part, car Riverstone a forcément beaucoup travaillé pour un tel résultat. Une histoire qui d’ailleurs se termine de façon curieuse, en pleine joute avec une tribu hostile, tandis que les indigènes semblent avoir pactisé avec nos survivants. De quoi faire une suite, mais 26 ans après, aucune nouvelle...
(par Guido BACRI)
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