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Ne touchez à rien - Par Bézian & Simsolo - Albin Michel

Par François Peneaud le 10 janvier 2005                      Lien  
Des personnages empaillés, une histoire qui se déroule sur plus d'un siècle, des événements qui virent petit à petit au fantastique... rien de trop inhabituel pour Bézian. Mais cette fois-ci, l'auteur s'est joint à un scénariste venu de la littérature.

Bordeaux, 1890. Quant un riche marchand achète un vieil hôtel particulier, la condition posée par les précédents propriétaires ne semble pas lui poser de problèmes : ceux-ci se sont fait empailler, et le nouvel occupant devra s’assurer que les deux charmants cadavres tranquillement assis à une table auront la paix. Lui, par contre, commencera rapidement à se dire qu’il se passe des choses étranges dans cette baraque. Ah, et il y a un baobab qui trône dans le jardin. Interdiction de s’en débarrasser. Le négociant en vin qui se comporte en petit tyran avec ses employés ne bénéficie pas de la même protection...
Une vingtaine d’années après, une jeune artiste prend possession des lieux, après qu’un charmant couple de petits vieux bien silencieux les lui ait vendus. Elle posera sur les murs ses superbes peintures pleines d’intérêt pour la vie du peuple, et se sentira beaucoup plus à l’aise entre ces murs que ne l’avait été le marchand. Et ce n’est que le début d’une histoire qui nous conduira jusqu’à la toute fin du siècle dernier.
Au fil des pages de cet album se déroule donc une histoire de mystères et de non-dits, celle d’un vieux couple attaché à sa maison au-delà de la mort, témoins des bassesses et des beautés de la vie qui continue autour d’eux. Un beau scénario, empreint de préoccupations sociales et historiques où très peu de choses sont expliquées, et dû à la plume du romancier de polar Noël Simsolo, grand amateur de culture populaire.

Frédéric Bézian y fait montre de tout son talent, dans une narration qui fait la part belle aux cases silencieuses et qui laisse respirer l’histoire, tout en donnant une grande présence aux personnages grâce à un langage corporel tout en finesse ou à une mise en couleur sobre et chaude, à cent lieues des effets ordinateurs qui imprègnent la BD contemporaine. Son trait tend moins à l’abstraction que dans Chien Rouge, Chien Noir, et ses qualités illustratives montrent une fois de plus qu’il n’est nul besoin de photo-réalisme pour camper un monde crédible.
On peut regretter les nombreuses coquilles qui parsèment l’album ainsi que l’utilisation souvent un peu lourde de bulles de pensées et de descriptions narratives qui n’ajoutent pas toujours grand chose à l’ambiance délicieusement inquiétante. Peut-être ces derniers problèmes sont-ils dûs au passage de la prose au scénario de bande dessinée, passage qui n’est pas aussi évident que certains voudraient le croire.

En tout cas, les qualités du dessin de Bézian rattrapent largement les défauts du texte et font de cet album la lecture idéale d’une longue soirée d’hiver.

(par François Peneaud)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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