Au début des années 1980 [1], Roberto Raviola dit Magnus crée la série Nécron. Il a déjà une longue carrière dans la BD derrière lui en Italie [2], notamment dans les Petits Formats [3].
Nécron, au contenu assez choc, est traduit rapidement en français chez Albin Michel/L’Echo des savanes, malheureusement dans un format "album" remonté dont les dessins sont réduits et parfois rabotés. Il faudra attendre 2006 pour qu’enfin nous puissions pleinement admirer ces pages dans leur format d’origine ! Qui plus est, les éditions Cornélius nous promettent l’intégralité de la série alors que 2 titres étaient restés inédits en français ; soit 7 volumes au total.
Le dessin est propre et précis, avec des aplats de noir et blanc très contrastés (opposition binaire, électrique, du noir et du blanc) ; les décors sont épurés voire absents quand ils ne sont pas indispensables.
Sans omettre un humour au second degré très marqué, cette série est également un hommage aux films et livres du genre [4].
Comme dans Den (première époque) de Corben, le personnage se promenant nu durant tout l’album dégage une certaine sensualité, ou en tout cas une virilité certaine...
Avec Nécron, tout comme Gotlib avait pu le faire avec ses séries Rhââ Lovely, Rhâ-Gnagna, etc., Magnus élève le mauvais goût au rang d’Art ! Nécron est plus drôle, bouffon, que « pornographique » [5]. Nous y retrouvons la saveur des Petits Formats pour adultes d’antan, même si, sur la forme il faut le reconnaître, les fascicules populaires ont laissé place à une BD relativement de luxe...
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(par François Boudet)
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[1] En janvier 1981 précisément.
[2] Celle-ci a démaré en 1964 avec Kriminal.
[3] Kriminal, Satanik, Dennis Cobb, Darix, Jezabel, Alan Ford, etc.
[4] Thierry Groensteen écrivait en 1986 dans Les Cahiers dans la BD N°72 : Magnus et Bunker dominent le genre, tout en le pervertissant par un usage immodéré du second degré. Leurs bandes se caractérisent par un cynisme volontiers sarcastique et par un clin d’œil permanent à une mythologie populaire déjà fortement ancrée, dont témoigne la figure récurrente du savant fou à l’intelligence dévoyée par le Mal.
[5] Qualificatif à propos de Nécron que refusait Magnus - cf. Les Cahiers de la BD N°72 - Nov.Dec.1986.
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