Comme son titre l’indique, Neige Origines revient au début de la série-mère. Dans ce monde gelé et dévasté par le terrible mal d’Orion, les Douze forment une confrérie réfléchissant aux moyens de sauver l’Europe. Leur chef, Northman, a recueilli quelques années plus tôt un jeune garçon qu’il destine à devenir leur sauveur. Il l’a nommé Neige, mais ce garçon n’a pour l’instant que onze ans, ce qui trop jeune pour conjurer la menace...
En effet, un dénommé Bohort veut ouvrir une brèche dans le mur, la paroi qui sépare l’Europe du reste du monde. L’extérieur pourrait en profiter pour envahir le vieux continent et ruiner le plan des Douze. Pour contrer le dessein de cet ennemi qu’il semble bien connaître, Northman demande l’aide de l’ancien maître d’arme de Bohort : le redoutable Agravain l’orgueilleux. Ensemble, ils se rendent à Rome, là où règne l’Empapereur...
Même si le contrat qui lie Gine & Convard à Glénat mentionnerait un quatorzième album de Neige, ce sont plutôt les spin-off qui sont actuellement à l’honneur. Neige Fondation avait déjà prouvé tout l’extraordinaire potentiel que le scénariste Convard (aidé par son condisciple Éric Adam) pouvait encore tirer de cet univers gelé, à la fois, si théâtral et violent !
Avec le même duo de scénaristes, on retrouve cette part de violence brute et de désespoir dans ce premier tome de Neige Origines. Malgré une introduction très verbeuse, on renoue facilement, et avec plaisir, avec le monde de Neige, en particulier avec les fameux Douze qu’on avait découverts plus âgés dans le premier cycle de la série-mère.
Convard réutilise également une des premières caractéristiques de son univers gelé, en évoquant la puissance de l’Église qui rallie les miséreux dans une croisade dénuée de sens. C’est ainsi que l’intrigue prend place dans Rome, la Ville éternelle, que l’on visite du Colisée au Vatican !
Les relations entre les Douze sont passionnantes, en particulier le numéro 4 dont les connaisseurs de l’univers appréhendent déjà l’avenir. Malgré une énorme ficelle (les classiques yeux vairons), la conclusion du récit comporte un savoureux coup de théâtre qui permet d’en apprendre encore plus sur la personnalité complexe de Northmann, et donne l’envie de se replonger dans la lecture de la série-mère.
Côté graphique, Convard a appris de Neige Fondation où l’aspect hollywoodien des personnages se doublait d’effets informatiques bien éloignés du dessin haché de Christian Gine et de ses héros si imparfaits. Le dessin et les couleurs sont cette fois confiés à Fred Vignaux, avec qui le tandem de scénaristes avait déjà collaboré sur Le Pendule de Foucault. Bien leur en a pris, car on reconnaît immédiatement chacun des Douze, tout en prenant plaisir à deviner la Ville derrière les monceaux de neige. Alliant le dynamisme des combats à la beauté de certains paysages (même les décors crasseux), Vignaux tient le pari d’une transposition réussie !
Cette excellente introduction devrait bien entendu profiter d’une suite, que les amateurs de Neige attendent de pied ferme !
(par Charles-Louis Detournay)
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