C’est sous un ciel radieux que le principal contingent des auteurs invités arrive à l’aéroport d’Agen ce vendredi. Parmi eux, Stanislas, l’un des fondateurs de l’Association et dessinateur des Aventures d’Hergé, Charles Berberian (Boboland, Monsieur Jean), François Avril (La Fresque), Jean-Claude Götting (La Malle Anderson, Happy Living), Jean-Luc Fromental (éditeur et scénariste notamment des Aventures d’Hergé), le chanteur Kent qui dessina des BD pour Métal Hurlant. A peine arrivé sur le tarmac, Jean-Luc Fromental, qui vient d’éditer La Genèse de Robert Crumb, pris dans un élan de mysticisme, tint à embrasser la Terre Sainte du Messie de la Ligne Claire française, Yves Chaland.
Vingt minutes plus tard, l’équipe est à Nérac. Le temps est magnifique, il fait 25°. Le vieux pont de pierre, le château, la maison de Sully, les tanneries qui logent la Baïse… sont illuminés par le soleil. C’est de toute beauté. A chaque fois, on se demande comment Chaland a pu avoir le coup de cœur pour le « ciel si bas » de la Belgique, comme disaient les publicités dans les années cinquante : « Le seul pays où les pneus pluie sont utiles 365 jours par an ».
Cette année, sous la houlette d’Isabelle Beaumenay-Chaland, Nérac innove, ou plus exactement essaye de transformer l’essai réussi de ses premières Rencontres Chaland de l’année dernière, en le pérennisant avec « Les états généraux de la Ligne Claire ». La rencontre néracaise –ce n’est pas un Festival !- va tenter de définir ce mouvement né en 1977 d’un terme inventé par Joost Swarte et qui a été mobilisé par une génération d’artistes depuis les années 1980, au point de créer des sous-genres, qui vont du néo-classicisme martinien, parfois empreint de maniérisme, au post-modernisme initié par Swarte, Floc’h, Ted Benoit, Ever Meulen, Serge Clerc et Chaland, jusqu’au « Style Atome » incarné par Daniel Torrès, Antonio Lapone, Rian Hugues ou François Avril…
C’est évidemment Ted Benoit qui cristallisa la Ligne Claire en France avec son ouvrage « Vers la Ligne Claire » (1980) qui incarne le mieux ce mouvement référentiel au style d’Hergé (mais pas seulement : Christophe, Rabier, McManus, Saint Ogan… figurent parmi ses fondateurs) nourri d’Underground, de design et d’art moderne. La grande exposition qui lui est consacrée à la Galerie des Tanneries lui rend à ce propos justice. On se surprend par exemple de lui découvrir les influences très nettes du Moebius de la période Bandard fou, ou encore celle, dont l’apport à la bande dessinée est franchement cryptique, du groupe Bazooka. La Ligne Claire, faut-il le rappeler, c’est avant tout une relecture de l’histoire de la bande dessinée.
Bref, Nérac est la destination idéale ce week-end. Pour ceux qui ne peuvent s’y rendre, suivez l’évènement en direct sur le site des Rencontres Chaland où dessins et vidéos rendent compte de ces instants exceptionnels.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Le site des Rencontres Chaland de Nérac
En médaillon : Isabelle Beaumenay-Chaland lors de l’inauguration.
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