Nicolas Bara : "À travers "Le Concile des arbres", je souhaitais évoquer une ambiance à la Sleepy Hollow"

Le Concile des Arbres

Pierre Boisserie & Nicolas Bara (c) Dargaud

Nicolas Bara, vous avez publié Le Concile des arbres, une histoire écrite par Pierre Boisserie et publiée aux éditions Dargaud. Comment est né ce projet ?

J’avais déjà travaillé avec Pierre Boisserie. Nous avions fait Le Chant des Malpas ensemble il y a dix ans déjà. Ma rencontre avec Pierre s’est faite grâce à Éric Stalner, que j’avais rencontré à Angoulême et il m’avait présenté à Pierre.

J’avais adoré Sleepy Hollow, le film de Tim Burton, avec Johnny Depp et j’ai toujours rêvé de réaliser une BD dans le style de ce film. J’ai parlé de mon envie à Pierre, qui m’a ensuite écrit un scénario dans le même esprit.

Aviez-vous participé, de près ou de loin, à l’écriture de cette histoire ?

J’ai donné des pistes au niveau de l’ambiance. Le scénario a été écrit par Pierre mais je suis intervenu sur certains aspects du scénario : j’ai modifié certaines choses, j’ai parfois ajouté ou retiré des séquences. Par exemple, il y a deux pages dans l’album qui n’existaient pas dans le scénario original. Je les ai ajoutées.

Combien de temps avez-vous mis pour réaliser cette histoire ?

La création de l’album a un peu traîné parce que je travaillais sur d’autres projets en parallèle. Mais en temps réel, je m’y suis consacré durant près de deux ans, parce qu’il y a soixante-deux pages et j’ai aussi réalisé toutes les couleurs à l’aquarelle.

Le Chant des Malpas

Pierre Boisserie & Nicolas Bara (c) Dargaud

Pourriez-vous nous présenter les deux personnages principaux ?

Il y a pas mal de choses autour de mes personnages principaux. Nous avions multiplié les pistes concernant leurs passés respectifs car, à l’origine, nous voulions faire une série. Malheureusement, ce ne sera pas le cas puisque l’album est publié dans la collection Long Courrier qui n’a pas vocation à proposer de séries mais seulement des one-shots. Cette décision avait été prise dès le départ par l’éditeur.

Pour en revenir aux personnages, nous avons d’un côté Artemis d’Harcourt, une jeune veuve et Casimir Dupré, qui est un ancien tueur à gage. Dans l’histoire, nous suggérons que les deux héros ont fait des enquêtes ensemble dans le passé, ce qui expliquerait que leur relation soit un peu tendue, mais nous restons flous sur ce point.

Votre style graphique évoque un peu celui de Loisel. Est-ce que je me trompe ?

Non, vous avez bien deviné. On me le dit souvent, d’ailleurs. Lorsque j’étais ado, je lisais beaucoup les BD de Régis Loisel car je suis un grand fan de son travail, en particulier la série Peter Pan. Je suppose qu’il m’est resté quelque chose de cette époque... C’est vraiment un style que j’aime.

Avez-vous rencontré des moments difficiles durant l’élaboration de cet album ? certaines séquences vous ont-elles posées problème ?

Oui, la séquence du flashback avec les druides et les Romains. Je n’avais pas du tout envie de dessiner ce genre de personnages ! Pour ne rien arranger, c’est pendant que je travaillais sur cette séquence que l’on nous a appris que nous ne pourrions pas donner de suite au Concile des arbres... Cela m’avait mis un petit coup au moral.

J’ai aussi rencontré des difficultés durant la mise en couleur. C’était un petit défi de faire tout à l’aquarelle. Je me suis lancé. Au début, tout allait bien. Puis, j’ai eu un peu de mal vers la fin car je n’avais plus assez de recul sur mon travail. Je me suis mis à douter mais au final, tout s’est bien terminé.

Parlez-nous un peu de vous. Quel est votre parcours ?

Je suis diplômé de l’école de dessin Émile Cohl de Lyon où j’ai particulièrement étudié le dessin animé et l’illustration. Tout de suite après mes études, j’ai bossé dans le jeu vidéo : Dune et Inuit. Par la suite, j’ai signé pour réaliser le Chant des Malpas, mais je continuais de travailler pour le jeu vidéo en parallèle. Puis, j’ai été engagé dans une boite qui faisait du E-learning où je m’occupais des illustrations des modules de formation. J’y ai travaillé durant quatre ans avant de quitter la société pour me mettre ensuite à mon compte.

Je suis revenu à la BD, avec Le Concile des arbres, mais j’ai également fait mon retour dans le jeu vidéo. Je ne travaille plus avec les mêmes clients mais avec des éditeurs américains qui proposent des blockbusters pour consoles et PC. Je travaille d’ailleurs sur de gros jeux en ce moment, mais je ne peux pas en parler pour l’instant.

À écouter votre parcours, on réalise que la BD apparaît comme une passion. Est-ce une récréation pour vous de faire ce métier ?

Oui, c’est exact. J’adore la BD depuis tout petit ! Après, le problème de la BD c’est que c’est très difficile d’y faire carrière. J’ai la chance de travailler dans l’industrie du jeu vidéo, pour de grosses boîtes qui payent cinq fois plus que ce que je pourrais gagner dans la BD. J’aimerais beaucoup refaire des albums mais ce n’est pas évident… On verra ce que l’avenir me réserve.

Qu’est-ce qui pour vous, est incontournable pour créer une bonne BD ?

Le dessin, les ambiances. Ce sont les premières choses qui m’attirent. Si je voulais juste une bonne histoire, je lirais un livre. Mais en BD, le dessin prend une place très importante à mes yeux.

En dehors de Loisel, y a-t-il d’autres artistes qui vous ont influencé ?

J’aime beaucoup les films et les histoires se passant au 19e siècle. Des histoires du genre Jack l’Eventreur, Dr Jekyll & Mr Hyde, Frankenstein, etc. Côté artistes, j’aime beaucoup Nicolas De Crécy ! Cela ne se voit pas comme ça mais il a beaucoup influencé mon dessin. Dans la peinture, j’aime bien Egon Schiele.

Avez-vous d’autres projets BD actuellement ?

J’ai des idées, des envies... J’aimerais bien réaliser un album en tant qu’auteur complet ou alors plus m’impliquer au niveau du scénario. J’ai quelques pistes mais il n’y a encore rien de concret.

Pierre Boisserie & Nicolas Bara (c) Dargaud