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Olivier Bocquet : "J’aime la psychologie subtile des personnages de Camilla Läckberg"

Par Christian MISSIA DIO le 27 février 2014                      Lien  
Les éditions Casterman proposent une adaptation en bande dessinée du roman de Camilla Läckberg, "la Princesse des glaces". Confié à Olivier Bocquet, scénariste de "La Colère de Fantomas" et à Léonie Bischoff, auteure d' "Hoodoo Darlin' " chez le même éditeur, ce roman graphique a le mérite de faire découvrir aux amateurs de BD l'une des stars du roman policier de cette dernière décennie.
Olivier Bocquet : "J'aime la psychologie subtile des personnages de Camilla Läckberg"
Léonie Bischoff & Olivier Bocquet
Crédit photo : DR

Comment s’est déroulée votre première collaboration ?

Olivier Bocquet : C’est Casterman qui m’a contacté pour me proposer l’adaptation des romans de Camilla Läckberg en bande dessinée avec Léonie Bischoff. Une fois que nous avons lu le roman, nous nous sommes contactés par téléphone, puis nous avons convenu d’un rendez-vous chez l’éditeur. Enfin, cela a débouché sur un voyage en Suède quelques mois plus tard. C’est là bas que nous avons réellement fait connaissance et sympathisé.

Vous aviez passé combien de temps en Suède ?

Léonie Bischoff : Nous y avions séjourné une petite semaine. Nous avions su assez vite que nous allions travailler ensemble sur ce roman car nous avions eu les mêmes réactions après la lecture. Certains aspects du livre nous avaient plus touchés que d’autres, donc nous nous sommes dits que ça allait coller entre nous. Ce voyage en Suède a été vécu comme un challenge, car nous allions vivre dans le même espace quasiment 24h/24 pendant une semaine. Nous avions eu l’idée d’aller sur place afin de nous imprégner de l’atmosphère des lieux. C’était mon premier voyage dans ce pays. Je n’ai jamais été plus au nord que Berlin et je dois dire que j’y ai ressenti des ambiances à part...

Le roman originale de Camilla Läckberg

Camilla Läckberg est une véritable star dans son pays et ses romans sont des bestsellers. D’ailleurs, une série TV a été tirée de ses romans. L’avez-vous vue ?

Léonie Bischoff : Oui, j’ai vu deux épisodes.

Bien que les histoires de la série soient des scénarios originaux, vous êtes vous inspirés de cette production d’une façon ou d’une autre ?

Léonie Bischoff : Pas du tout, car j’ai vu cette série bien après avoir fini la BD. Je l’ai regardée par curiosité, car je ne voulais pas la voir avant, de peur de m’en inspirer de manière inconsciente. Je voulais que ma vision des personnage soit bien fixée dans mon esprit. Après, je pense que ça peut être utile de visionner cette production pour y puiser des idées, car il sera difficile pour nous de nous rendre régulièrement en Suède pour chaque album.

Olivier Bocquet : Lorsque nous avions commencé à travailler sur cette adaptation, la production de la série nous a envoyé des photos des acteurs et cela nous avait fait peur car il était hors de question pour nous de nous en inspirer. Mais en fait, cela ne s’est pas du tout passé comme ça. Personne n’a cherché à nous influencer. Nous avions déjà une source d’inspiration qui étaient les romans, alors si, en plus, nous devons inclure dans l’équation la série TV, nous aurions eu du mal à proposer notre propre vision de cette œuvre.

Quelques extraits de la Princesse de Glace
Léonie Bischoff & Olivier Bocquet, d’après l’œuvre de Camilla Läckberg (c) Casterman

Vous avez choisi d’insérer des flashbacks à certains moment du scénario. Pourquoi ce choix ?

Olivier Bocquet : Contrairement à un roman, une BD propose une narration visuelle. Certains passages du roman sont des séquences de description. Notre médium nous permet de mettre en images ces séquences-là. À d’autre moments, nous avons inventé des séquences inédites dans le roman afin d’ajouter de l’épaisseur aux personnages, à l’histoire, et à l’émotion surtout. Nous voulions aussi apporter une touche de douceur et de nostalgie qui était présente en filigrane dans le matériau d’origine mais qui n’était pas immédiatement perceptible.

Léonie Bischoff : Tous les souvenirs d’enfance de l’héroïne avec Alex étaient présents dans le roman. Nous n’avons fait que les mettre en évidence et, visuellement, ces deux ambiances ont vraiment apporté quelque chose à l’album.

Au début du livre, vous avez tenu à présenter tous les personnages de l’histoire. Cette séquence était-elle présente dans le roman ?

Olivier Bocquet : Non, pas du tout. Dans les romans, vous avez des dizaines et des dizaines de pages qui servent à présenter les personnages. Elles ne servent qu’à ça. Mais en BD, c’est plus compliqué de faire ce genre de séquences car elles prennent vite beaucoup de place dans le bouquin. Nous avons donc imaginé cette double page de présentation avec, dans la même case, chaque protagoniste représenté deux fois, adulte mais aussi enfant afin de montrer les changements, tout ce que nos personnages ont perdu ou gagné en devenant adultes. Nous les avons aussi fait parler à la première personne, ce qui permet aux lecteurs de rapidement s’identifier aux personnages.

Quels personnages vous ont le plus marqués dans cette histoire ?

Olivier Bocquet : Les parents Lorentz m’ont bien plu. C’est une des trouvailles du scénario de Camilla Läckberg : proposer des filiations paradoxales. La perte d’un fils, deux drames qui se télescopent... J’ai beaucoup aimé tout le traitement de ces personnages, car c’était subtil. Que ce soit dans le roman ou dans la BD, les personnages de “la Princesse des Glaces” font ce qu’ils peuvent, au mieux, avec sincérité. Parfois ça crée des drames, et c’est dommage.

Léonie Bischoff : Ce qui a joué aussi c’est que l’intrigue se passe dans une toute petite ville. Tout le monde se connaît et le “qu’en dira-t-on” fait très peur. Du coup, cela génère des comportements que l’on rencontre moins dans les grandes villes.

Combien de temps avez-vous mis pour réaliser cet album ?

Léonie Bischoff : Ça a été très rapide en fait. À partir du moment où Casterman nous a contactés, il y a eu environ une année de préparation durant laquelle nous ne savions pas si les ayants-droit allaient accepter notre projet d’adaptation ou non. Une fois que nous avons eu leur accord, tout s’est enchaîné. Nous avons débuté concrètement le projet en février, jusque fin octobre, période durant laquelle nous avons réalisé le storyboard et la BD définitive.

Olivier Bocquet : Les dernières semaines, Léonie travaillait quinze heures par jour, weekend compris pour boucler les 120 pages de la BD.

Léonie Bischoff : Oui, je n’ai pas eu de weekend pendant un moment mais au final, ça en valait la peine car on progresse très vite lorsque l’on travaille de manière aussi intense. Par moment, je râlais, c’est sûr, mais j’étais contente de voir tout le travail accompli et tout ce que cela m’apportait en tant que dessinatrice.

Cette contrainte de temps m’a aussi poussée à trouver des solutions, à aller à l’essentiel et ce n’est pas forcément une perte que d’aller plus vite, car on synthétise. Et puis, comme je n’ai pas fait les couleurs, en raison du manque de temps, cette expérience m’a apprise à travailler mon dessin de manière à ce qu’une tierce personne fasse la coloration à ma place.

Olivier Bocquet, vous êtes un jeune auteur de BD, mais vous avez une carrière professionnelle déjà riche. Pouvez-vous nous la résumer ?

Olivier Bocquet : J’ai toujours voulu raconter des histoires, mais j’ai longtemps hésité sur la forme. J’ai été attiré assez tôt par l’audiovisuel et j’ai travaillé dans le monde de la jeunesse pour la télévision française où j’ai écrit des scénarios de dessins animés. J’ai aussi écrit un roman qui a été publié et j’ai aussi fait quelques courts métrages. Puis, j’en ai eu un peu marre et j’ai bifurqué vers la BD.

Léonie Bischoff, vous faites partie d’un atelier qui publie de manière épisodique le fanzine “Millézine”. Pourriez-vous nous en parler ?

Léonie Bischoff : Oui, tout a commencé lorsque nous faisions des petits jeux de dessin, histoire de souffler entre deux projets "sérieux". On précisait un thème et on se donnait cinq minutes pour réaliser quelques pages sur cette idée imposée. Les résultats étaient très surprenants et différents. De fil en aiguille, nous avons décidé de faire ce petit jeu de manière un peu plus professionnelle afin de le montrer au public. Au début, nous réalisions deux fanzines par an mais aujourd’hui, nous n’avons plus assez de temps et nous n’en faisons plus qu’un par an. Le dernier numéro a été publié en juin dernier et le prochain est prévu pour juin 2014.

Qui compose cet atelier ?

Léonie Bischoff : Nous avons une nouvelle recrue dans l’atelier, une deuxième fille qui est Flore Balthazar. Sinon, les autres membres sont Nicolas Pitz, Thomas Gilbert, Hieu Nguyen et Jérémy Royer.

Quand retrouverons nous la suite des enquête d’Erica Falck en BD ?

Léonie Bischoff : Normalement pour novembre 2014.

Voir en ligne : Le blog d’Olivier Bocquet

(par Christian MISSIA DIO)

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