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Olivier Coipel : "J’aime reprendre des personnages que je ne connais pas"

Par Alain Haimovici le 27 décembre 2005                      Lien  
De plus en plus d'artistes européens travaillent dans le secteur des comics aux États-Unis. Parmi eux, de nombreux hispaniques, mais aussi le Français Olivier Coipel, très apprécié par Marvel et les plus grands scénaristes. Un véritable rêve devenu réalité pour ce jeune dessinateur hors du commun.

De quelle manière a commencé votre carrière de dessinateur ?

J’ai été étudiant au CFT Gobelins, devenue « L’École de l’Image » par la suite. Je souhaitais travailler dans le cinéma d’animation. J’ai eu la chance d’être recruté par Amblimation en Angleterre, puis par le studio Dreamworks, dont Spielberg est l’un des fondateurs. Ce fut une expérience formidable de travailler quatre ans à Los Angeles. Un véritable rêve américain ! J’en avais également profité pour rencontrer des éditeurs de comics à qui j’ai pu montrer mon travail.

Quel éditeur vous a proposé votre premier job dans l’univers des comics ?

C’est Wildstorm qui m’a offert du boulot en premier. Nous nous étions rencontrés au Comicon de San Diego [1]. Pourtant, c’est DC qui a réellement fait décoller ma carrière en me faisant travailler sur Legion of Super Heroes pendant 3 ans. Ensuite, Marvel m’a offert un contrat d’exclusivité. Depuis, j’ai renouvelé ce contrat de 2 ans, il me reste une année. Olivier Coipel : "J'aime reprendre des personnages que je ne connais pas"

Vous avez déjà dessiné les plus célèbres héros DC et Marvel. Avez-vous des préférences ?

Vous savez, les X-Men étaient ma série préférée quand j’étais plus jeune. Ce sont des personnages mythiques. Mais avant d’avoir le privilège de les dessiner, Marvel m’avait fait travailler sur les Vengeurs que je connaissais beaucoup moins [2]. Ce n’était pas un problème car j’aime reprendre des personnages que je ne connais pas, comme sur Legion. Je n’ai alors aucune barrière pour les imaginer à ma façon : je parle de leur visage, de leur coupe de cheveux, tout ces petits détails qui peuvent nous donner une petite idée sur ce qu’ils sont. En même temps, il m’a fallu un petit moment pour mieux les connaître, donc mieux les cerner. De plus, travailler avec un scénariste tel que Geoff Johns facilite le travail : rien qu’en écoutant Captain America parler, vous pouvez immédiatement l’imaginer.
En même temps, la saga Red Zone des Vengeurs a été une petite frustration, dans le sens où l’on m’avait demandé de « redesigner » quelques personnages mais la plupart du temps, ils portaient des combinaisons anti-radiations qui cachaient leurs costumes !
Par contre, Uncanny X-Men a été une expérience bien différente. Je ne suis pas resté longtemps sur le titre, même si Chris Claremont aurait bien voulu que je continue à illustrer ses scénarios. Il a fallu que je travaille dans l’urgence, et remplacer le dessinateur Alan Davis du mieux possible. Résultat, je n’ai pas pu dessiner mes héros préférés aussi bien que je l’aurai voulu et j’ai n’ai même pas eu le temps de dessiner l’épisode qui se déroulait à Paris ! Mais c’était quand même génial, Claremont, pour lequel j’ai beaucoup d’admiration, m’avait laissé une totale liberté et ne m’a mis aucune pression.
J’espère seulement que je pourrai renouveler cette formidable expérience, mais dans de meilleures conditions.

Aujourd’hui, vous venez de terminer « House of M », un grand cross-over qui implique les plus célèbres héros Marvel (X-Men, Vengeurs, Spider-Man...), considérez-vous cela comme une consécration ?

Je ne considère pas les choses de cette manière, le mot « consécration » sonne comme un pic atteint, le top de le montagne, alors que pour moi ce cross-over n’est qu’une étape, une opportunité de bosser sur l’évènement Marvel de l’année, dont tous les médias parlent. On lit juste mon nom plus souvent !

Généralement, de quelle manière travaillez-vous avec les scénaristes et les encreurs ?

Je travaille par e-mail, mais les planches sont envoyées par courrier. Je pose des questions aux scénaristes, si nécessaire, mais c’est rare, de toute façon, j’ai toujours une grande liberté dans mon travail.
Je ne rencontre jamais les encreurs, mais on communique beaucoup si c’est la première fois que l’on travaille ensemble afin de connaître nos goûts respectifs, savoir ce que l’on a envie d’expérimenter ensemble.

Est-ce un revanchard de la BD franco-belge qui tente d’éliminer un talent qui fait fureur Outre-Atlantique ? Non. C’est Olivier Jalabert, patron d’Album Comics à Paris qui essaye de convaincre (par la manière forte ?) Olivier Coipel de venir signer chez lui. Photo : D. Pasamonik.

Quelles sont vos principales influences ?

J’ai toujours du mal à répondre à cette question. Quand j’étais gamin, c’était surtout Moebius et Silvestri, aujourd’hui je découvre Toppi, Breccia, bizarrement des gens hors du comics, qui m’inspirent et me donnent envie de dessiner.

Quel comics lisez-vous aujourd’hui ?

Je lis très peu ces derniers temps, les derniers en date sont Identity Crisis, Ultimates et Astonishing X-Men.

Avez-vous des projets ?

Continuer dans le comics et envisager une BD en France...

(par Alain Haimovici)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Image en médaillon (c) DR.

[1La plus importante convention de comics aux États-Unis.

[2À propos de cette série, l’auteur confie : "les fans m’ont d’ailleurs fait savoir que j’avais commis le sacrilège d’avoir oublié l’étoile dans le dos de Captain America !"

 
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