C’est une petite boutique à Paris, rue des boulangers dans le 5ème arrondissement. C’est le siège de la Fédération nationale des storyboardeurs français, une association de bénévoles qui ne compte aucun salarié. Médiatisée dans les années 2001-2004, cette fédération qui regroupe une cinquantaine de membres, a la reconnaissance du métier. Le storyboard a été inventé en 1927 dans les studios Disney. De grands réalisateurs comme Alfred Hitchcock y avaient très souvent recours. Son but est de visualiser les scènes d’un film qui seraient techniquement difficiles à tourner, voire à comprendre (des scènes de foule ou de combat, par exemple), afin d’en améliorer ou d’en budgéter l’exécution. Certains réalisateurs rejettent tout storyboard ; d’autres ne peuvent pas s’en passer.
« La tendance au rejet est en train de s’inverser, constate Raphaël Saint-Vincent, co-fondateur de la Fédération. Mis à part quelques grands fanatiques du storyboard comme Jean-Jacques Annaud, jusqu’à la fin des années 1990, les réalisateurs voyaient le storyboardeur comme un double gênant, un auteur invisible de plans ou de mises en scène. Aujourd’hui, tout le monde reconnaît qu’ils ont un apport dans le découpage technique et que c’est un processus de réflexion capital. Des metteurs en scène comme Patrice Leconte se les faisaient en général imposer par la production, en fonction des scènes à régler, des effets pyrotechniques, etc. Les gens voient plutôt aujourd’hui le storyboard comme un laboratoire d’essais pour ajuster la mise en scène. »
Rares sont les auteurs de bande dessinée qui passent de l’univers du storyboard à celui de la bande dessinée. Fabien Lacaf est le seul qui passe harmonieusement de l’un à l’autre. Il a récemment storyboardé et joué pour le dernier film de Gérard Jugnot, Rose et noir, puis L’emmerdeur de Francis Véber. Il vient aussi de publier chez Glénat Les Flammes de l’archange (scénario Armand Guérin et Fabien Lacaf) dont le one-shot sortira le 9 juin prochain.
Dans l’autre sens, il y a eu le cas malheureux de L’Affaire du Siècle de Jean-Jacques Beineix et Bruno de Dieuleveult. « Dieuleveult, l’un des premiers storyboarders français depuis les années 1980, était depuis toujours réticent à la BD, analyse Raphaël Saint-Vincent. L’ironie du sort a voulu qu’il a du transposer un storyboard par amitié pour Jean-Jacques Beineix. Il n’était pas non plus l’auteur de la colorisation. Cela a été une expérience malheureuse de tous les côtés. »
Pour autant, le storyboardeur est-il propriétaire de ses dessins, alors qu’ils ont été commandés par la production ? « Juridiquement, la propriété matérielle de l’original revient à l’artiste, l’auteur du dessin, peu importe qui l’a commandité, précise Saint-Vincent. On voit aujourd’hui des services juridiques de maison de production qui essaient de récupérer la partie cessible des droits moraux et patrimoniaux. En général, il suffit de faire la sourde oreille. En France, l’auteur ne travaille pas comme aux États-Unis en « work for hire ». Même s’il est intermittent, il garde ses droits moraux et patrimoniaux sur les œuvres produites. Il peut céder ses droits ou ses originaux, mais contre rémunération. » N’est-ce pas payer deux fois le storyboardeur ? « Comme syndicalistes, nous ne le voyons pas ainsi. Nous y voyons au contraire un moyen pour l’artiste de combler les trous dans le planning de ceux qui vont travailler sur une ou deux productions seulement dans l’année. Quand on fait la moyenne, ça reste assez limité. »
Aujourd’hui, c’est Sylvain Rigollot qui expose à la galerie. Son nom ne vous dit peut-être rien mais c’est ce cameraman (notamment pour les documentaires sur la Shoah de Spielberg), assistant-réalisateur pour Cédric Klapisch (Le Bidule, Ni pour, Ni contre) et réalisateur pour ses propres films qui a storyboardé Les Guignols de l’Info ou des publicités célèbres pour Carte Noire ou Ferrero.
Récemment, il a travaillé sur le Largo Winch de Jérôme Salle d’après la bande dessinée de Jean Van Hamme et Philippe Francq. Des planches en vente à partir de 400 euros à la galerie Storyboard qui permettent d’assouvir en un seul coup sa passion pour le dessin et pour le cinéma.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Exposition « Des Guignols à Largo Winch », jusqu’au 16 mai 2009 (un pot de décrochage en présence de l’artiste aura lieu à 20 heures ce jour-là).
La Maison du storyboard
24 rue des boulangers - 75005 - PARIS
Tel : +33 (0)1 43 26 07 09
Contact : contact@storyboard.fr
Le site de la Fédération
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