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Originaux de storyboard

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 avril 2009                      Lien  
On connaissait les originaux de bande dessinée qui, ces derniers temps, décrochent des prix fous dans les ventes publiques et qui font l’objet d’expositions dans les musées les plus prestigieux. La galerie Storyboard à Paris ne s’intéresse qu’aux dessins qui ont servi pour le cinéma, la télévision ou la publicité. Visite guidée.
Originaux de storyboard
La galerie Storyboard dans le 5ème Arrdt de Paris
Photo : D. Pasamonik. (L’agence BD)

C’est une petite boutique à Paris, rue des boulangers dans le 5ème arrondissement. C’est le siège de la Fédération nationale des storyboardeurs français, une association de bénévoles qui ne compte aucun salarié. Médiatisée dans les années 2001-2004, cette fédération qui regroupe une cinquantaine de membres, a la reconnaissance du métier. Le storyboard a été inventé en 1927 dans les studios Disney. De grands réalisateurs comme Alfred Hitchcock y avaient très souvent recours. Son but est de visualiser les scènes d’un film qui seraient techniquement difficiles à tourner, voire à comprendre (des scènes de foule ou de combat, par exemple), afin d’en améliorer ou d’en budgéter l’exécution. Certains réalisateurs rejettent tout storyboard ; d’autres ne peuvent pas s’en passer.

Storyboard pour Largo Winch par Sylvain Rigollot
DR

« La tendance au rejet est en train de s’inverser, constate Raphaël Saint-Vincent, co-fondateur de la Fédération. Mis à part quelques grands fanatiques du storyboard comme Jean-Jacques Annaud, jusqu’à la fin des années 1990, les réalisateurs voyaient le storyboardeur comme un double gênant, un auteur invisible de plans ou de mises en scène. Aujourd’hui, tout le monde reconnaît qu’ils ont un apport dans le découpage technique et que c’est un processus de réflexion capital. Des metteurs en scène comme Patrice Leconte se les faisaient en général imposer par la production, en fonction des scènes à régler, des effets pyrotechniques, etc. Les gens voient plutôt aujourd’hui le storyboard comme un laboratoire d’essais pour ajuster la mise en scène.  »

Rares sont les auteurs de bande dessinée qui passent de l’univers du storyboard à celui de la bande dessinée. Fabien Lacaf est le seul qui passe harmonieusement de l’un à l’autre. Il a récemment storyboardé et joué pour le dernier film de Gérard Jugnot, Rose et noir, puis L’emmerdeur de Francis Véber. Il vient aussi de publier chez Glénat Les Flammes de l’archange (scénario Armand Guérin et Fabien Lacaf) dont le one-shot sortira le 9 juin prochain.

Dans l’autre sens, il y a eu le cas malheureux de L’Affaire du Siècle de Jean-Jacques Beineix et Bruno de Dieuleveult. « Dieuleveult, l’un des premiers storyboarders français depuis les années 1980, était depuis toujours réticent à la BD, analyse Raphaël Saint-Vincent. L’ironie du sort a voulu qu’il a du transposer un storyboard par amitié pour Jean-Jacques Beineix. Il n’était pas non plus l’auteur de la colorisation. Cela a été une expérience malheureuse de tous les côtés. »

Storyboard pour Largo Winch par Sylvain Rigollot
DR

Pour autant, le storyboardeur est-il propriétaire de ses dessins, alors qu’ils ont été commandés par la production ? « Juridiquement, la propriété matérielle de l’original revient à l’artiste, l’auteur du dessin, peu importe qui l’a commandité, précise Saint-Vincent. On voit aujourd’hui des services juridiques de maison de production qui essaient de récupérer la partie cessible des droits moraux et patrimoniaux. En général, il suffit de faire la sourde oreille. En France, l’auteur ne travaille pas comme aux États-Unis en « work for hire ». Même s’il est intermittent, il garde ses droits moraux et patrimoniaux sur les œuvres produites. Il peut céder ses droits ou ses originaux, mais contre rémunération. » N’est-ce pas payer deux fois le storyboardeur ? « Comme syndicalistes, nous ne le voyons pas ainsi. Nous y voyons au contraire un moyen pour l’artiste de combler les trous dans le planning de ceux qui vont travailler sur une ou deux productions seulement dans l’année. Quand on fait la moyenne, ça reste assez limité. »

Aujourd’hui, c’est Sylvain Rigollot qui expose à la galerie. Son nom ne vous dit peut-être rien mais c’est ce cameraman (notamment pour les documentaires sur la Shoah de Spielberg), assistant-réalisateur pour Cédric Klapisch (Le Bidule, Ni pour, Ni contre) et réalisateur pour ses propres films qui a storyboardé Les Guignols de l’Info ou des publicités célèbres pour Carte Noire ou Ferrero.

Récemment, il a travaillé sur le Largo Winch de Jérôme Salle d’après la bande dessinée de Jean Van Hamme et Philippe Francq. Des planches en vente à partir de 400 euros à la galerie Storyboard qui permettent d’assouvir en un seul coup sa passion pour le dessin et pour le cinéma.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Exposition « Des Guignols à Largo Winch », jusqu’au 16 mai 2009 (un pot de décrochage en présence de l’artiste aura lieu à 20 heures ce jour-là).

La Maison du storyboard
24 rue des boulangers - 75005 - PARIS
Tel : +33 (0)1 43 26 07 09
Contact : contact@storyboard.fr
Le site de la Fédération

 
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8 Messages :
  • Originaux de storyboard
    26 avril 2009 02:38, par Guy l’éclair

    Il a récemment storyboardé et joué pour le dernier film de Gérard Jugnot, Rose et noir, puis L’emmerdeur de Francis Véber en cours de montage.

    Sachant que L’emmerdeur de Francis Véber est sorti il y a quelques mois et qu’il a fait un flop, ce serait étonnant qu’il soit en cours de montage.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 26 avril 2009 à  09:44 :

      Effectivement. Il est sorti en décembre 2008 et a fait 200.000 entrées (Est-ce un flop ? Il a du couvrir ses frais). L’erreur a été corrigée.

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      • Répondu le 26 avril 2009 à  13:40 :

        a fait 200.000 entrées (Est-ce un flop ? Il a du couvrir ses frais)

        200.000 entrées pour un Francis Véber c’est un flop oui, Timsit le reconnaissait en rigolant sur Canal +.
        Et 200.000 entrées, même à 10€ ça ne fait que 2 millions d’euros, un film de ce genre coûte plus cher (sans tenir compte de la part exploitant etc...), c’est bien un flop.

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        • Répondu par Tomblaine le 27 avril 2009 à  20:58 :

          Le film de Weber ayant couté 22 millions d’euros, c’est véritablement un flop, le réalisateur admettant par ailleurs tout à fait ses propres erreurs.

          Pour revenir au storyboard, on regrettera l’arrêt du magazine (éphèmère) qui lui fut consacré de 2002 à 2004 et dont on retrouvera des extraits ici :

          Voir en ligne : http://www.storyboard.fr/magazine.php

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          • Répondu le 28 avril 2009 à  03:10 :

            On se demande d’ailleurs pourquoi un film de ce style qui pourrait n’être que du théatre filmé peut couter aussi cher, il doit être possible de le réaliser pour 22 000€.

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            • Répondu par Sergio Salma le 28 avril 2009 à  16:08 :

              C’est vrai que de prime abord un film tout simple (sans explosions ,ni poursuite de camions , pas même un combat de gladiateurs du futur) qui affiche un tel prix peut sembler incroyable. Mais il suffit de savoir que les têtes d’affiche engloutissent déjà un cachet élevé justement parce qu’ils sont supposés drainer les foules. Les techniciens sont nombreux sur ce genre de tournage et il est très intéressant de savoir comment et à quels prix fonctionne cette industrie (comparé à la bande dessinée). 200000 entrées pour un film de Veber d’habitude très bankable ( entre parenthèses immense scénariste et très bon cinéaste )c’est un flop magistral et surtout une surprise( nombre de copies, promotion...). Il est arrivé dernièrement la même mésaventure à Jean-Jacques Annaud ; ils sont tous deux habitués à attirer des spectateurs rien que sur leur nom. Leur coup de maître étant Coup de tête avec Dewaere que l’un a réalisé et l’autre scénarisé.
              Ces réalisateurs sont déconsidérés( surtout Veber qui fait des films comiques, vieille rengaine) alors qu’en voyant leur filmographie ils nous ont prouvé à quel point ils sont importants, touchants et humains.

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              • Répondu le 28 avril 2009 à  18:46 :

                L’erreur était de faire un remake de l’Emmerdeur, à quoi bon passer après Brel et Ventura. Autant en donner une version au théatre est dans la logique des choses (comme Bourdon et Clavier pour la reprise de la Cage aux folles) autant l’extension au cinéma n’a pas de raison d’être, et le peu d’enthousiasme du public (doux euphémisme) corrobore ce fait.

                Il est rare que l’adaptation à l’écran d’un succès théatral de la saison soit un grand succès (Le démon de midi, flop, Ma femme s’appelle Maurice ,flop, une journée chez ma mère, flop), il n’y a guère que le Splendid qui a réussi à transposer ses pièces à l’écran avec succès.
                Le Splendid ET Veber, avec Le dîner de cons, en ayant remplacé Claude Brasseur par Thierry Lhermitte (du Splendid tiens) peut-être plus bankable.

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                • Répondu par Sergio Salma le 29 avril 2009 à  08:55 :

                  C’est là que c’est très subtil. L’emmerdeur avec Brel et Ventura était déjà l’adaptation d’une pièce écrite par Veber ! Devenu un film , Veber n’en avait été que le scénariste. Après 35 ans , il a eu envie de le refaire en étant réalisateur lui-même. Hitchcock a bien tourné 2 versions de l’homme qui en savait trop et on ne compte plus les remakes dernièrement (3 heures10 pour Yuma par exemple parmi tant d’autres)
                  Veber est un fabuleux scénariste ( je le range dans l’école Peyo ! Pas de gras, très rigoureux, efficacité maximale). Il devrait être étudié dans les écoles de scénario au lieu de nombre de cinéastes obscurs qui n’ont d’intéressant que leur poésie.
                  Il n’y a a priori pas de raison majeure au succès ou au flop . Film, pièce de théâtre, bande dessinée, fait divers, roman ,tout est bon je pense pour servir de point de départ à un film. Evidemment on peut facilement passer derrière et dire sourire en coin :"Mauvaise idée, le flop était facile à prédire.Je l’savais pff suffisait de me demander."
                  Avec les mêmes données de départ, le succès peut être au rendez-vous(et dans des proportions insoupçonnables).
                  Aléatoire au possible. On a des centaines d’exemples tous genres confondus.

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