Les clients ne se bousculent pas dans le sous-sol où patiente Nadir, détective privé installé dans une cité. Alors une recherche d’enfant, quelle aubaine ! Sauf que l’enquête doit l’emmener en Algérie, terre de ses origines.
Et le bled, pour Nadir, c’est la famille qui l’étouffe, et les cadeaux de sa maman à trimbaler. Mais il finit par se laisser convaincre, et débarque à Alger avec peu d’éléments, épaulé par son cousin Mohammed. Le papa est au centre de la recherche : Saïd a fait croire à sa fille que sa mère l’avait abandonnée, tandis qu’il rejoignait les extrémistes du Front Islamique du Salut.
Réédition en couleurs d’un album paru en 2011 avec les moyens du bord, Oualou en Algérie joue sur les contrastes avec une énergie contagieuse. Réussir à évoquer les années sombres de ce pays meurtri par dix ans de guerre civile tout en alignant les jeux de mot franco-arabes relève de l’exploit.
Le fond demeure plutôt grave, donc, mais la forme toujours humoristique. Gyps n’hésite pas à ridiculiser les islamistes, et évoque avec malice les autres communautés : quelques blagues sur les Juifs, et une place importante accordée au christianisme, mais chut... Ne dévoilons pas pourquoi et comment.
Présenté tel un héros récurrent, Oualou pourrait bien revenir pour une prochaine enquête, sa double culture en bandoulière et son bon sens à l’intérieur.
Il se dégage de l’album un mélange de charme, de gouaille et fraîcheur qui assure à ce détective atypique un caractère assez unique. Le dessin décontracté et solide de Dahmani, proche parfois des vignettes de presse satirique, habille judicieusement le scénario. Et la visite de l’Algérie sur les pas de notre jeune limier vaut bien des exégèses de spécialiste...
(par David TAUGIS)
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