Entrez avec Udo, opérateur radio novice, dans le sous-marin fatigué qui guette les navires alliés. Un univers étouffant, déprimant, oppressant. D’autant que le capitaine se montre à peine, et qu’en cette fin de Seconde Guerre mondiale, la paranoïa générale semble de rigueur.
La première mission n’est pas un succès total, mais le navire s’en tire sans trop de dégâts. Mais une autre menace s’immisce un peu partout parmi les soldats : un livre, entré par effraction, systématiquement jeté à la mer, et que l’on retrouve quelque part dans le bâtiment, à chaque fois. Tous ceux qui le lisent en ressortent métamorphosés. Qu’en sera-t-il du capitaine, qui juge l’ouvrage contraire à l’idéologie officielle ?
L’ironie du titre, le format italien parfait pour montrer les scènes marines et les paysages immenses, l’aspect documentaire du début de l’album : voilà quelques-uns des points forts de Pacifique. Un récit plein de caractère, qui parie sur l’embarras du point de vue de départ : les militaires que l’on découvre ne seront pas des héros, encore moins sous l’uniforme allemand. Et la surprise de l’effet salvateur de cette lecture interdite n’en éclate qu’avec plus de force.
Ce mélange de fable fantastique et de réalisme militaire reste maîtrisé du début à la fin, avec des ambiances claustrophobes nocturnes bien portées par le trait de Romain Baudy et Martin Trystam, qui œuvrent à quatre mains, comme par exemple Dupuy et Berbérian.
Parvenant à la fois à renouveler le récit de guerre et à faire passer un joli message de culture humaniste, Pacifique incarne ces BD précieuses qu’on recommande autour de soi sans modération.
Et qui nous convainc qu’ils ont bien fait de se lancer dans le 9e art, ces deux-là...
(par David TAUGIS)
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