BD d’Asie

Parapal T2 – Par Takumi Ishida - Akata Delcourt

Par Aurélien Pigeat le 13 août 2013                      Lien  
Le premier volume avait suscité une vive polémique autour d’une scène représentant le viol d’une des protagonistes. Ce tome 2 confirme pourtant les qualités pressenties : manifestement axé sur la sexualité, {Parapal} témoigne d’une réelle finesse dans cet audacieux mélange entre fantastique et apprentissage adolescent qu’il propose.

De quoi ça parle, Parapal ?

Komaki Ikeno, lycéenne, se voit dotée d’un odorat surdéveloppé le jour où Hana, extraterrestre à la recherche de certains de ses semblables disparus, parasite son cerveau pour survivre dans l’atmosphère terrestre. L’héroïne découvre peu à peu d’autres élèves « parasités » : Tsurumi à l’ouïe amplifiée et Rika dont la peau – représentant le sens du toucher – est devenue hyper sensible.

Dans ce nouveau tome, l’intrigue se déploie sur deux versants. Tout d’abord la gestion par Rika du traumatisme qu’elle a vécue : victime d’un viol collectif organisé par l’un ses professeurs elle se trouve secourue par ses camarades. Et c’est l’exploration de sa sensibilité exacerbée, l’appréhension des sensations éprouvées qui lui permettent de commencer à surmonter cela.

Ensuite l’entrée en scène d’un nouveau personnage, Shijô, a priori également « parasité », véritable don Juan multipliant sans vergogne les conquêtes dans un but en fin de compte assez inquiétant.

Parapal T2 – Par Takumi Ishida - Akata Delcourt
Où l’on discute justement du viol de Rika
Parapal T2 – Par Takumi Ishida - Akata Delcourt
© Ishida/Delcourt

Sex, school & alien

Parapal aborde l’adolescence via la sexualité, de manière assez directe, non pas tant dans la représentation et le dessin que dans les situations et propos présentés. On peut ne pas apprécier l’axe choisi, mais, outre son évidente pertinence au vu du sujet abordé, force est de constater que le biais fantastique adopté procure un recul qui facilite le traitement de questions assez sensibles.

Dans ce volume, ainsi que l’explique Hana, Tsurumi et Rika manifestent une forme d’immaturité dans leur comportement, qui serait due à la présence des parasites dans leur cerveau. Ceux-ci deviennent la cause d’errements ou confusions adolescentes : levée d’inhibition, surmoi savamment évacué, expérimentations étrangement désaffectée, etc.

Une trouvaille narrative étonnante et pertinente en ce qu’elle permet à la fois une dédramatisation de certains événements - le ton est souvent léger - et une dramatisation - au sens de mise en action - de romances scolaires qui, pour une fois, ne subliment pas le rapport à la sexualité. Elle ouvre des sujets, graves, complexes, auxquels Takumi Ishida se confronte avec justesse : premières fois, viol ou encore grossesse non désirée.

Découverte de la grossesse : versant fantastique et versant "réaliste"
Parapal T2 – Par Takumi Ishida - Akata Delcourt
© Ishida/Delcourt

De quoi susciter la polémique ?

Ce titre avait donc tout pour susciter une polémique ce qui n’a pas manqué de se produire. Lors de la parution du tome 1, le magazine de référence Animeland avait vivement critiqué le manga [1], les réserves portant sur la dimension morale de l’œuvre. Ce qui avait conduit l’éditeur, fait relativement rare, à répondre sur son site. Mise en cause, la rédaction d’Animeland s’était justifiée concernant le jugement formulé.

Comme expliqué dans les commentaires de la chronique du précédent volume, prêter un propos tendancieux au manga du fait des sujets qu’il aborde, dans les circonstances présentes, nous semble relever du contresens, ou du moins d’une lecture « plaquée » sur l’œuvre.

Parapal aborde la contraception par l’intermédiaire du préservatif
Parapal T2 – Par Takumi Ishida - Akata Delcourt
© Ishida/Delcourt

À l’occasion de la sortie du tome 2, et c’est assez logique, Animeland, dans son numéro estival et sur son site, persiste et renchérit même. Parapal "dérange d’un point de vue éthique" et constitue une lecture "écoeurant[e]", qui provoque "dégoût". Le magazine abaisse même la note octroyée au premier volume du manga (alors que la marge pour ce faire était mince !).

Cela nous donne d’autant plus envie de soutenir le titre tant il nous semble qu’il s’agit-là d’un des mangas les plus intéressants du moment sur ces thématiques par sa capacité à mêler habilement enjeux sérieux et registre décalé pour les traiter. Car les sujets graves n’excluent pas, par principe, une forme de légèreté pour les aborder. Ce serait bien triste.

Shijô, un don Juan qui manque de tact...
Parapal T2 – Par Takumi Ishida - Akata Delcourt
© Ishida/Delcourt

(par Aurélien Pigeat)

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[1La chronique disponible sur Internet n’est pas l’article d’origine, papier, plus développé. Mais la tonalité employée et les réserves émises sont du même ordre.

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7 Messages :
  • Qu’est-ce que c’est glauque le manga ! En plus d’avoir toujours un dessin stéréotypé et uniforme, ça développe toujours des trucs superglauques, je comprendrai jamais comment ces produits japonais ont pu s’imposer malgré leur médiocrité (à cause de Dorothée j’imagine et du mauvais goût des enfants de ces années-là, mais faut grandir un peu...)

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    • Répondu par Aurélien PIGEAT le 14 août 2013 à  19:18 :

      Quand même ! Faut être sacrément ignare, de l’art et de la vie, pour poster un tel commentaire !

      De l’art, parce que le manga - si si - sur pareil site, ce serait tarte de lui en dénier le statut. De la vie, parce que la sexualité - non non - n’est pas glauque pour tous. Pas plus que ne l’est l’adolescence en soi...

      N’hésitez pas à vous renseigner plus avant, sur l’un et sur l’autre, voire à pratiquer : ouvrir un manga vous ferait peut-être découvrir de nouveaux horizons, qui sait.

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      • Répondu par JP le 15 août 2013 à  00:28 :

        parce que la sexualité - non non - n’est pas glauque pour tous.

        Il est question de viol, alors oui le viol c’est de la sexualité, donc ce n’est peut-être pas glauque pour vous, mais ça l’est, heureusement, pour beaucoup de gens. Et ce boulot à la chaine de produit stéréotypé, c’est tout sauf de l’art.

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        • Répondu par Aurélien PIGEAT le 15 août 2013 à  11:44 :

          Merveilleux : on explore les différentes figures de l’argumentation de mauvaise foi : après la généralisation abusive - le manga - la réduction qui l’est tout autant : il n’est pas question que de viol dans Parapal, mais de sexualité en général. À défaut d’ouvrir ce manga, un peu d’honnêteté intellectuelle à la lecture des chroniques vous le ferait reconnaître. Et je ne pense pas que la manœuvre convainque grand monde.

          Et ce boulot à la chaine de produit stéréotypé, c’est tout sauf de l’art

          D’ailleurs, à ce sujet, vous entendez quoi au juste ? Ça désigne encore tout le manga, ou vous réduisez un peu le champ (à la production grand public actuelle ? à la contrainte de la prépublication ? ) ? C’est pour savoir si je dois rester sur l’hypothèse première (vous ne connaissez pas grand chose au manga, à la BD, à l’art en général), ou si on peut débuter une réflexion sur la question de la production dans les formes d’art.

          Parce que le quantitatif dans l’art, l’art produit sur commande, ou à partir de contraintes, ça existe, hein. Pensons à la littérature française du XIXème (Hugo, Balzac, Zola...), à l’école vénétienne et ses vastes atelier en peinture (ou quand Tiepolo et fils partent à Würzburg pour honorer une juteuse et prestigieuse commande...)... ou encore à la BD franco-belge au XXème !

          Mais a priori vous vous situez plus simplement dans une posture idéologique : "le manga, c’est par essence mauvais". Version provoc’ (troll dirait-on, vu le support web) dont on se demande si elle est gratuite ou plutôt symptôme réactionnaire, s’ancrant dans des convictions profondes malmenées par les récentes évolutions, non digérées, du monde de la BD.

          Mais il ne s’agit pas là d’un positionnement esthétique - c’est même tout le contraire : on est loin d’Aristote, Diderot, Kant, Hegel, Nietzsche ou encore Rancière - mais relève plutôt de la sociologie de l’art : outre l’inévitable Bourdieu (à lire vraiment, hein, pour éviter les caricatures), et pour rester dans l’école française (vous voyez : je prends soin des préférences de mon interlocuteur), cherchez du côté de Nathalie Heinich, ça vous éclairera certainement sur l’importance de la dimension historique qui intervient dans ce domaine.

          Ah ! Je me permets de faire - lourdement, je le concède - du name dropping : histoire de montrer qu’on peut s’intéresser au manga, avoir grandi avec le Club Dorothée et ne pas être totalement inculte.

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          • Répondu par JP le 15 août 2013 à  21:53 :

            Viol, uro, scato, bukkake, c’est très japonais comme sexualité, vous kifez tant mieux pour vous, mais ça n’en reste pas moins glauque.

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            • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 16 août 2013 à  14:19 :

              Viol, uro, scato, bukkake, c’est très japonais comme sexualité

              On a compris. Vous tentez de réduire l’art du manga à ce qui constitue votre propre obsession et qui vous fait tellement horreur que vous tentez de l’embrigader dans une espèce d’ordre moral aux contours autoritaires.

              C’est le moment de consulter, vous commencez à confondre la fiction et la réalité, ce qui vous est proposé à ce qui vous est imposé. C’est grave.

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            • Répondu le 18 août 2013 à  10:45 :

              Viol, uro, scato, bukkake, c’est très japonais comme sexualité.

              Et c’est surtout très raciste comme commentaire.

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