De quoi ça parle, Parapal ?
Komaki Ikeno, lycéenne, se voit dotée d’un odorat surdéveloppé le jour où Hana, extraterrestre à la recherche de certains de ses semblables disparus, parasite son cerveau pour survivre dans l’atmosphère terrestre. L’héroïne découvre peu à peu d’autres élèves « parasités » : Tsurumi à l’ouïe amplifiée et Rika dont la peau – représentant le sens du toucher – est devenue hyper sensible.
Dans ce nouveau tome, l’intrigue se déploie sur deux versants. Tout d’abord la gestion par Rika du traumatisme qu’elle a vécue : victime d’un viol collectif organisé par l’un ses professeurs elle se trouve secourue par ses camarades. Et c’est l’exploration de sa sensibilité exacerbée, l’appréhension des sensations éprouvées qui lui permettent de commencer à surmonter cela.
Ensuite l’entrée en scène d’un nouveau personnage, Shijô, a priori également « parasité », véritable don Juan multipliant sans vergogne les conquêtes dans un but en fin de compte assez inquiétant.
Sex, school & alien
Parapal aborde l’adolescence via la sexualité, de manière assez directe, non pas tant dans la représentation et le dessin que dans les situations et propos présentés. On peut ne pas apprécier l’axe choisi, mais, outre son évidente pertinence au vu du sujet abordé, force est de constater que le biais fantastique adopté procure un recul qui facilite le traitement de questions assez sensibles.
Dans ce volume, ainsi que l’explique Hana, Tsurumi et Rika manifestent une forme d’immaturité dans leur comportement, qui serait due à la présence des parasites dans leur cerveau. Ceux-ci deviennent la cause d’errements ou confusions adolescentes : levée d’inhibition, surmoi savamment évacué, expérimentations étrangement désaffectée, etc.
Une trouvaille narrative étonnante et pertinente en ce qu’elle permet à la fois une dédramatisation de certains événements - le ton est souvent léger - et une dramatisation - au sens de mise en action - de romances scolaires qui, pour une fois, ne subliment pas le rapport à la sexualité. Elle ouvre des sujets, graves, complexes, auxquels Takumi Ishida se confronte avec justesse : premières fois, viol ou encore grossesse non désirée.
De quoi susciter la polémique ?
Ce titre avait donc tout pour susciter une polémique ce qui n’a pas manqué de se produire. Lors de la parution du tome 1, le magazine de référence Animeland avait vivement critiqué le manga [1], les réserves portant sur la dimension morale de l’œuvre. Ce qui avait conduit l’éditeur, fait relativement rare, à répondre sur son site. Mise en cause, la rédaction d’Animeland s’était justifiée concernant le jugement formulé.
Comme expliqué dans les commentaires de la chronique du précédent volume, prêter un propos tendancieux au manga du fait des sujets qu’il aborde, dans les circonstances présentes, nous semble relever du contresens, ou du moins d’une lecture « plaquée » sur l’œuvre.
À l’occasion de la sortie du tome 2, et c’est assez logique, Animeland, dans son numéro estival et sur son site, persiste et renchérit même. Parapal "dérange d’un point de vue éthique" et constitue une lecture "écoeurant[e]", qui provoque "dégoût". Le magazine abaisse même la note octroyée au premier volume du manga (alors que la marge pour ce faire était mince !).
Cela nous donne d’autant plus envie de soutenir le titre tant il nous semble qu’il s’agit-là d’un des mangas les plus intéressants du moment sur ces thématiques par sa capacité à mêler habilement enjeux sérieux et registre décalé pour les traiter. Car les sujets graves n’excluent pas, par principe, une forme de légèreté pour les aborder. Ce serait bien triste.
(par Aurélien Pigeat)
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[1] La chronique disponible sur Internet n’est pas l’article d’origine, papier, plus développé. Mais la tonalité employée et les réserves émises sont du même ordre.
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