Ce sont, dans ce hors-série comme souvent lorsqu’il s’agit de Tintin, à chaque fois des petits moments d’érudition grand public (pas question d’effrayer le lecteur avec d’indigestes thèses scolaires) à un prix très modique : ici, 6,89€ pour 116 pages.
Si le reporter à la houppe est mis en avant dans ce numéro édité par Philippe Clerget, c’est bien davantage du Journal Tintin qu’il s’agit. Créé en 1946 par le fondateur des éditions du Lombard, Raymond Leblanc, il permit à Hergé de se sortir de l’impasse de l’Occupation où il s’était quelque peu perdu.
L’équipe dont s’est entouré Philippe Clerget est constituée de quelques très bons spécialistes du 9e art : le passionné Jacques Langlois à qui on doit notamment des hors-série du Point et d’Historia sur Tintin, sur Blake & Mortimer et sur Lucky Luke, Patrick Gaumer, le serial-biographe des éditions du Lombard et l’auteur du Larousse de la bande dessinée ; Philippe Goddin, hergéologue patenté, auteur de la biographie de référence sur le maître de l’École de Bruxelles ; Philippe Mellot, co-auteur avec Jean-Marie Embs des Archives Tintin pour les éditions Atlas, Mellot est ausii le "M" du BDM ; Dominique Maricq, l’autre expert en hergéologie, archiviste des Studios Hergé ; Dominique Petifaux, secrétaire de rédaction du regretté Collectionneur de bande dessinée ; l’historien Claude Aziza, traducteur en latin de Murena, appelé à venir parler d’Alix ; ou encore le spécialiste des comics et du cinéma Philippe Guedj...
L’équipe passe en revue les points forts de cette revue qui, avec Spirou, a construit l’âge d’or de la BD belge. Avec Raymond Leblanc et "son côté joli-cœur", comme disait Jacques Laudy, qui sait enjoliver son histoire et notamment sa laborieuse collaboration avec Hergé, mais qui, en même temps, en vaillant chef d’entreprise, a su faire entrer la bande dessinée dans la dimension qu’on lui connaît aujourd’hui : une production intensive d’albums, un marketing appuyé sur la prospérité de la marque grâce à sa filiale Publiart animée par Guy Dessicy, récemment disparu, et, grâce à Belvision, sur le développement dans l’audiovisuel. Il a également mis le pied à l’étrier d’un certain... Georges Dargaud en lui confiant la publication de Tintin France en 1948.
Les grands héros du journal sont également passés en revue : Blake et Mortimer, Alix, Chlorophylle, Modeste & Pompon, Ric Hochet, Michel Vaillant, Oumpah-Pah, Comanche, Dan Cooper, Thorgal... Concluant le numéro, Jacques Langlois retisse les liens entre l’univers de Tintin et Paris-Match, alias Paris-Flash dans Les Bijoux de la Castafiore.
C’est donc en prenant le thé après une sieste de vos vacances que vous dégusterez cette Madeleine de Proust qui vous replongera dans la candeur et la naïveté délicieuse des ces années d’or. Une lecture dont on ressort, forcément, embué de nostalgie.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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