Thibaut Vandorselaer se souvient parfaitement du moment où il a eu l’idée de réaliser un guide illustré par la bande dessinée. Il tenait dans ses mains Racing Show, le tome 46 des Aventures de Michel Vaillant. Sur la couverture, l’hôtel de ville de Bruxelles occupait tout l’arrière-plan. Cela a été le déclic. Y avait-t-il suffisamment de représentation des monuments de Bruxelles en bande dessinée pour en faire un guide ? La réponse est oui, bien sûr, comme pour Bruges. Quelques années de recherches et de rédaction plus tard, le succès est au rendez-vous. Les volumes publiés par les éditions Versant Sud sont tirés à 20 000 exemplaires pour le premier et 10 000 pour le second, traduits en néerlandais et en anglais, et séduisent aussi bien les touristes que les Belges eux-mêmes, qui redécouvrent leur patrimoine d’un œil nouveau.
Aujourd’hui Thibaut Vandorselaer s’attaque à Paris avec les Editions du Signe, structure strasbourgeoise plus à même de couvrir le territoire français. Le guide s’épaissit (350 pages) et propose 15 promenades d’1h30 à 3h00 qui recensent les principales curiosités de la capitale. À chaque fois, le commentaire historique du parcours est illustré par des cases de BD dont les légendes replacent intelligemment l’action de l’album dans son contexte géographique. Représentations contemporaines et historiques se côtoient et donnent une profondeur originale. Guide à la main, on s’amuse à comparer le bâtiment réel avec le style du dessinateur. Des styles très variés où Tardi, grand amoureux de Paris, se taille la part du lion. Dans la longue liste des dessinateurs cités (une centaine), on retrouve des auteurs aussi différents que Albert Uderzo, Jacques Martin, Blutch, Enki Bilal, Ted Benoît, Edgar P. Jacobs, André Juillard, Chantal Montellier, Tibet, José Munuera, Jean Graton ou... Hergé (Pas d’inquiétude, Thibaut Vandorselaer n’a pas découvert les originaux de Tintin à Paris dans les fondations du musée Hergé, il a juste illustré le musée du quai Branly par une case de L’Oreille cassée et l’observatoire par une autre de L’étoile mystérieuse).
Thibaut Vandorselaer, c’est un véritable travail de fourmi auquel vous vous êtes attelé.
Ça m’a pris trois ans pour réaliser le guide Paris. Un an pour la recherche, le travail de terrain et la conception des itinéraires, un an pour la rédaction. Et puis la dernière phase, c’est la demande des droits d’auteurs et la création du livre en elle-même.
J’imagine que vous avez dû faire des choix dans la très longue liste des BD qui se déroulent à Paris.
Oui, on ne pouvait pas montrer dix représentations du même lieu. Et puis j’ai choisi des auteurs suffisamment populaires pour que les lecteurs reconnaissent des albums qu’ils ont déjà pu lire.
Comment s’est passée l’obtention des droits ?
C’est incontournable puisqu’on utilise des œuvres originales. C’est parfois un parcours du combattant parce que les maisons d’éditions disparaissent ou cèdent leurs droits. En général, les maisons d’éditions aiment le projet et autorisent l’utilisation, parfois à titre gracieux, parfois à des tarifs préférentiels. C’est autant un outil de promotion pour la ville que pour les éditeurs. On a d’ailleurs souvent eu des retours de lecteurs qui ont collectionné tous les ouvrages mentionnés dans un guide.
Les éditeurs ont suivi dès le premier guide sur Bruxelles ?
Oui et j’ai eu 95% de gratuité. Mais c’est vrai qu’il fallait bien leur expliquer ce que je voulais faire. Ils étaient inquiets que je modifie les images ou les bulles. Grâce à mes premières publications, c’est désormais plus simple pour démarcher de nouveaux éditeurs. Et en même temps de moins en moins gratuit.
Vous avez d’autres villes en préparation ?
Tout à fait, j’ai le projet de réaliser les guides de Venise et de New York.
(par Thierry Lemaire)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion