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Paris et les galeries BD : la frénésie continue

Par Thierry Lemaire le 9 juillet 2011                      Lien  
À l'instar des expositions de bande dessinée dans les musées, les ouvertures de galeries BD se multiplient depuis quelques années. Dernière en date, celle d'un acteur bien connu du milieu du 9e art: Jean-Marc Thévenet.

Elles sont aujourd’hui près d’une quinzaine à Paris et sont apparues dans les rues de la capitale en seulement quelques années : Les galeries Daniel Maghen, du 9ème art, Arludik, Bdartist(e), Christian Desbois, Martel, des Arts Graphiques, Slomka, Napoléon, Petits Papiers, Nana, Julien Brugeas et Oblique (les deux dernières ouvertes seulement cette année) ont la particularité de s’être spécialisées dans la bande dessinée.

Vraie demande ou bulle galeriste ? Le fait est que ces lieux d’exposition-vente poussent ces derniers temps comme des champignons.

Ce foisonnement n’a pas découragé Jean-Marc Thévenet de se lancer lui aussi dans l’aventure. Lui qui a depuis le début des années 1980 exercé bon nombre des métiers de la bande dessinée (on se souvient notamment de lui comme rédacteur en chef du journal Pilote, directeur de collection chez Futuropolis et directeur du Festival d’Angoulême) n’avait pas encore accroché à son palmarès l’activité de galeriste. C’est chose faite officiellement depuis cette semaine et l’ouverture de la galerie Jean-Marc Thévenet, 32 rue de Montmorency dans le 3ème arrondissement.

L’inauguration permettait de retrouver le parfum de la grande époque de Métal Hurlant avec une exposition Denis Sire composée de superbes dessins de belles carrosseries en tout genre.

Paris et les galeries BD : la frénésie continue
Denis Sire et Jean-Marc Thévenet

Organisateur et commissaire d’exposition (on se souvient en particulier d’Archi & BD et surtout de celle rapprochant la BD et l’Art Contemporain au Havre), Jean-Marc Thévenet a fini par ouvrir sa propre galerie :

«  En fait, c’est un désir qui remonte à très longtemps. Je n’avais pas eu l’occasion jusqu’à présent parce que j’avais beaucoup d’activités chronophages. Et puis, je cherchais un lieu qui soit dans l’univers et le parcours des galeries d’art contemporain. J’ai eu l’opportunité avec cet endroit. En sachant que cette galerie ne sera pas seulement un lieu d’exposition de bande dessinée. L’idée c’est d’imaginer qu’il peut y avoir dans des galeries à la fois des auteurs de bande dessinée, des street artists, des dessinateurs de dessins contemporains, des peintres, des sculpteurs, et que tous ces gens font partie d’un même environnement, d’un même imaginaire. Donc, je démarre avec Denis Sire, dont j’apprécie énormément le travail. Quand j’étais rédacteur en chef de Pilote, je rêvais de pouvoir le prépublier. Et puis on s’est recroisés incidemment, j’ai retrouvé du matériel, personnel ou de commande, qui n’avait jamais été présenté. Donc, on a décidé de travailler ensemble sur un principe qui est de présenter peu de pièces, une trentaine. L’idée est de ne pas être exhaustif, à l’image des galeries d’art contemporain. »

Il y a une profusion de galeries présentant des artistes de bande dessinée aujourd’hui. Le phénomène ne le surprend pas :

« Il y a deux explications. Un, c’est dans l’air du temps. Maintenant, on a compris que la bande dessinée était aussi exposable. Enfin, certains auteurs, je ne pense pas que tous les auteurs soient exposables, loin s’en faut. Deux, il y a la tentation de penser que c’est un marché qui est en train de se développer en dehors du secteur éditorial. Et que finalement, les premiers qui seront là réussiront à préempter le territoire. Maintenant, je pense que le marché des originaux doit se structurer. Le travail des galeries est un travail très intéressant si je le compare à l’univers de l’art contemporain, parce que ce sont les galeristes qui, fondamentalement, font la cote des artistes. Les ventes aux enchères sont très importantes. Ça a une grande visibilité, une vertu pédagogique. On se souvient du coup de tonnerre de la planche d’Hergé à 726 000 euros, de la vente Enki Bilal chez Artcurial à 1 million d’euros. »

Est-ce le fait d’une augmentation de la demande ou la volonté des auteurs de vendre de plus en plus leurs originaux ?

« Je crois que le périmètre des collectionneurs est encore relativement limité, répond Jean-Marc Thévenet, je parle des gros collectionneurs, c’est-à-dire ceux qui font la différence. Après, je pense qu’effectivement pour un certain nombre d’auteurs, c’est devenu une source de revenus complémentaires, à n’en pas douter. Mais je suis persuadé qu’il y a une nouvelle catégorie de collectionneurs qui va commencer à voir le jour, qui ne sont pas nécessairement des collectionneurs d’art contemporain purs et durs mais qu’on voit au salon du dessin contemporain, des gens qui ont été élevés à la bande dessinée, pour qui acheter des illustrations de Denis Sire n’est pas plus idiot qu’autre chose. »

Le positionnement de la galerie Thévenet est donc dans la droite ligne de ses expositions d’art contemporain :

« L’idée, c’est une transposition de la biennale en galerie. Je ne connais pas encore le nom du prochain artiste exposé. Ce ne sera pas nécessairement un auteur de bande dessinée. C’est un petit luxe personnel, mais j’en ai maintenant l’âge, de pouvoir travailler avec certains artistes. Et poursuivre avec eux une collaboration tout au long de l’année. C’est aussi le principe de la galerie, d’accompagner certains artistes au-delà du temps de l’exposition. »

Bienvenue au club !

(par Thierry Lemaire)

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Photos (c) T. Lemaire

 
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