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ParisBD, pari gagné ?

Par Laurent Melikian le 20 juin 2003                      Lien  
Du 12 au 13 juin dernier, la BD s'était installée dans un hall surchauffé du parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris. Pour sa deuxième édition ParisBD a voulu faire oublier un première édition calamiteuse:

"La deuxième édition de PARIS-BD, le Salon des univers dessinés, parrainé par la Mairie de Paris, vient de fermer ses portes.
Plus de quarante mille personnes (dont 1800 professionnels) se sont déplacées durant les quatre jours, malgré des conditions de transport difficiles pour les Franciliens durant les deux premières journées. Le week-end a particulièrement été bon avec une journée de dimanche très fréquentée par le public familial. (…)
" C’est ainsi que la C.O.S.P. société organisatrice de la manifestation introduit son communiqué de fin de salon. Alors objectif atteint ?

ParisBD, pari gagné ?Pour Carol Venance responsable du stand des éditions Soleil, tout baigne : "Avec 31 auteurs présents et beaucoup de public, nous sommes très satisfaits notamment pour les deux albums que nous présentions en avant première. Nous nous attendions à voir beaucoup de jeunes auteurs venir présenter des dossiers mais ce ne fut pas le cas. Peut-être parce que traditionnellement, ils ont l’habitude de venir à Angoulême, à moins que les grèves des transports les en aient dissuadé." Car cette année, tous les grands éditeurs étaient présents, à l’exception de Dupuis et des Humanoïdes Associés. Ils n’ont pas seulement drainé une grande partie des 200 auteurs en dédicaces, mais ont pu aussi fournir des animations et des expositions indispensables à ce genre de manifestation. L’organisation de ParisBD elle aussi a participé à l’effort en produisant deux autres expositions, des débats avec le magazine BoDoï et une vente aux enchères avec l’étude Tajan.
Chez SEMIC, Thierry Mornet dresse également un bilan positif : "Très nette amélioration dans la tenue et la fréquentation, c’est encourageant. Nos ventes nous ont permis d’équilibrer notre budget avec en plus des contacts fréquents avec les professionnels". Car bien sûr, un des atouts d’une manifestation parisienne est la proximité d’une majeure partie de la profession. Même constat pour Paul Carali, grand ordonnateur du magazine Psikopat : "Ça a bien fonctionné. J’ai eu de bons contacts avec des lecteurs et des professionnels. Beaucoup de projets sont ébauchés. Mais "Monsieur Paulot" ajoute un bémol,Cependant j’observe que le prix du stand est le même qu’à Angoulême où il y a cinq fois plus de visiteurs. Cela ne me semble pas normal et s’il n’y a pas de changement, je ne reviendrais pas. Mais au moins ici, les organisateurs nous écoutent et essaient de bien faire."

Cette attitude de l’organisation a été soulignée par la majorité des participants que nous avons croisé. Autre unanimité, tout le monde s’est plaint de la chaleur écrasante a régné dans ce hall sans climatisation et a entraîné quelques défaillances physiques sans gravité. Dans son communiqué, même le COSP regrette ce fâcheux désagrément.

À ranger également dans les déceptions, l’association avec le salon Cartoonist spécialisé en manga et animation japonaise n’a pas incité les exposants spécialisés à venir en masse. On suppose que ceux-ci n’ont pas encore l’habitude de sortir d’un ghetto dans lequel ils ont été forcés de grandir. Mais ce déficit n’a pas fait que de malheureux car les fans de mangas eux ont répondu présent. Guy Buée de la micro structure Esprit Livre (éditeur du comics The Crow) est enthousiaste "De mon point de vue, le mariage avec le public manga est très réussi, j’ai vu venir de nouveaux lecteurs, qui d’habitude ne lisent que du manga !" Cerise sur le gâteau, les participant(e)s au Cosplay (concours de déguisement) ont bousculé par leur exubérance le train-train calibré des amateurs franco-belges.

On ne peut pas faire plaisir à tout le monde. Car malgré touts ces progrès et qualités, Paris BD reste un salon pour les accros. Les éditeurs indépendants au catalogue pointu ne sont pas tous venus. Et ceux qui en étaient sont mitigés. Comme Michel Jans de Mosquito arrivé de Grenoble : "Nous nous posons de grosses questions sur notre place dans une manifestation de ce type. Nous n’avons pas forcément rencontré notre public. Grâce à la présence de Sergio Toppi qui mène maintenant une petite communauté de fans, nous avons limité les dégâts. Pour d’autres, ce fut catastrophique. Évidemment, la manifestation doit prendre ses marques et viser d’abord le cœur des bédéphiles. Au final, un déplacement à Angoulême s’avère moins coûteux. Mais là bas, pour l’organisation, nous n’existons pas. Ici, les rapports sont beaucoup plus cordiaux." De l’autre côté, les très gros éditeurs ont aussi leurs réticences. Le responsable commercial d’un de ces groupe qui préfère ne pas se dévoiler nous a déclarés : "Franchement, je me demande ce que nous faisons à ParisBD. Certes il y a eu beaucoup de public pour des séries adulte qui marchent déjà bien. Mais sur le secteur jeunesse a été bien moins abordé. Je n’ai pas vu énormément de public familial. En fait, ce n’est pas encore là que nous allons trouver les 20 à 30 000 nouveaux lecteurs que nous devons trouver chaque année."

Paris ne s’est construit en un jour. ParisBD a déjà fait un saut important vers la reconnaissance de la profession. En matière de salon commercial grand public, il n’existe à peu près rien en Europe. Rien de comparable à la Comic Convention de San Diego où 50 000 visiteurs payent 40 $ l’entrée sans rechigner et où chacun trouve sa place. Le chemin est encore long, mais cahin-cahas, Paris BD n’est pas sorti de la piste et compte de sérieux suporters.

(par Laurent Melikian)

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