Partenariat à train d’enfer chez Bamboo

Traffic, dont le premier tome paraît ces jours-ci, réunira cinq histoires ayant pour cadre l’univers ferroviaire. Placée sous les auspices de Jean Giraud qui en signe les couvertures, ces albums rassemblent cinq visions de la vie du rail, cinq duos d’auteurs réunis sous la houlette d’Hervé Richez , directeur de Grand Angle, vont se partager la tâche dans les mois qui viennent.

Avec la collection Focus, Bamboo revendiquait déjà une volonté de proposer des thrillers haletants, réalistes accompagnés d’une parution… à un train d’enfer.

Le point de départ et le choix de cet arrière-plan ferroviaire repose sur une interrogation : le foisonnement des voyageurs ne renvoie-t-il pas à un extraordinaire concentré de destins et d’histoires qui s’entrechoquent ? Surfant à la fois sur les souvenirs de voyageurs, sur l’exploitation d’une certaine culture cheminote et menée en partenariat avec la SNCF, cette nouvelle série propose d’explorer l’univers des trains et des gares où comme chacun sait « tout est possible ! ».

Vitesse, technologie, transports amoureux… Le monde du rail se confond avec notre imaginaire collectif qu’il s’agisse de littérature ou de cinéma, du train sifflera trois fois à l’inconnu du Nord Express. L’occasion était donc toute trouvée de prendre le train en marche pour nous transporter vers une nouveau genre de thrillers.

Dans le wagon de têtes on reconnaîtra Malo Kerfrinden et Alexis Robin (Borderline), Damien Marie (Ceci est mon corps) ou Michel Espinosa (Oukase) ? auteurs maison embarqués par le chef de gare Hervé Richez. Les principaux protagonistes de la série sont déjà en place dans « une bande annonce » constituée de huit planches rassemblées en pages de garde de chaque album.

Premier titre paru ces jours-ci, Course contre la montre, se présente comme une synthèse originale et speedée de la Bête humaine (roman ô combien ferroviaire du vieux Zola) et de la bombe du même nom (fameux tube du groupe Téléphone).L’histoire nous décrit les péripéties d’un agent SNCF auquel on a implanté (à son insu) une charge explosive dans le but de provoquer un attentat sur un nouveau prototype de motrice.

En arrière-plan, on assiste aux dessous de véritables guerres commerciales entre les grandes compagnies pour conquérir de nouveaux marchés. « À peine une fiction », déclare François Régniault responsable de la communication à la direction de la SNCF qui a fait office de conseiller technique auprès des auteurs dans la réalisation de ce thriller économico- policier-fantastique.

Poursuites, courses haletantes, arrestations et rebondissements successifs, Makkal Nadaiev passe du statut d’obscur employé à celui de fugitif recherché par toutes les polices, ses confrères de la SNCF et l’ignoble Virus (sic !) maître d’œuvre de cette machination, clone d’un docteur Miloch High-Tech.

Au terme de ces 40 pages de suspense, un dénouement sans véritable surprise (mais qui fonctionne assez bien) permet au lecteur de s’arrêter... sans crier gare !

Le scénario d’Alexis Robin obéit aux lois du genre, avec rythme enlevé qui maintient l’intérêt de bout en bout. L’ensemble est bien servi par le graphisme fluide et limpide de Kerfriden qui ajoute à ce récit une dose de réalisme crédible.

Premier essai de la série, cet album sans grande surprise se lira agréablement aussi bien en première qu’en seconde classe !