L’année 2012 vient de s’achever. Quel bilan faites vous de l’évolution de Sandawe ?
2012 a été une année de transition extrêmement importante pour nous. La suite de la levée de fonds entamée en 2011 (et qui se poursuit pour le moment par une troisième phase) nous a permis de faire aboutir un projet qui restait bloqué suite au manque de liquidités : la refonte complète du site.
Nous avons enfin un outil rapide, ergonomique et réactif. Avec les auteurs et les édinautes, on a tous poussé un grand “ouf !” de soulagement, car la lenteur du site précédent était un frein pour tout le monde. Ce qui n’a pas empêché de financer 11 albums, dont 7 sont déjà commercialisés. Et, malgré ces freins, nous avons pu rassembler près de 500.000 € pour financer les projets d’albums, ce qui n’est pas rien !
Un signe très positif est l’arrivée de personnalités de la bande dessinée qui nous contactent pour que nous les aidions à faire aboutir leur projet d’album, comme par exemple Renaud, le dessinateur entre autres de Jessica Blandy, et Gihef. D’autres suivront, prouvant que le financement participatif n’est pas réservé à des débutants ou à des albums impubliables (ce que nous avions déjà démontré par la qualité de nos premiers albums, je pense...).
Un nouveau projet intitulé Zozoland est à financer sur votre site. Celui-ci inaugure un nouveau mode de fonctionnement qui ressemble beaucoup au modèle mis en place par MMC BD. En expérimentant cette nouvelle voie, est-ce une manière de reconnaitre certains défauts du modèle économique de votre maison d’édition ?
Je n’utiliserai pas le terme “défauts”. Le système a des contraintes par rapport à l’édition traditionnelle, et la durée d’un financement est de celles-là. Cela peut prendre beaucoup de temps.
Dans le cas de Zozoland, l’album était terminé mais il n’est jamais sorti. C’est totalement stupide, surtout quand il est de la qualité de ce livre, réalisé par un formidable dessinateur, qui a animé longtemps le journal Spirou et par un scénariste bien connu de la BD tout public puisqu’il est le co-scénariste de l’excellente série “Sac à Puces” avec Zidrou, autre auteur Sandawe.
C’est d’ailleurs moi, lorsque j’étais rédacteur en chef de “Spirou”, qui avait accepté ce projet pour le journal. Je reste cohérent avec mes choix de l’époque. Nous expérimentons donc un financement mixte afin de pouvoir sortir cet album. Il est programmé pour fin février, il paraîtra donc avec certitude, et nous proposons aux internautes de le financer avec nous. Quelle que soit la hauteur de leur investissement, nous le complèterons.
Quels sont vos objectifs pour 2013 ?
Poursuivre le développement du site sandawe.com avec de nouvelles fonctionnalités, boucler la levée de fonds en cours, élargir la communauté et augmenter le nombre de projets à éditer.
J’ai une trentaine de propositions à lire, que le lancement du site ne m’a pas permis d’étudier à fond. Mais à première lecture, certaines sont très intéressantes et seront probablement en ligne début 2013. Je continue à effectuer un choix draconien afin de ne proposer au financement que des projets professionnels et de qualité, ce qui n’est pas le cas des sites de crowdfunding généralistes, qui sélectionnent peu.
Nous avons aussi entamé une nouvelle ligne éditoriale, avec la BD érotique, que nous souhaitons étoffer. Mais le principal challenge est pour nous de parvenir à toucher un plus large public, à la fois pour nous permettre de financer plus d’albums, mais aussi de publier plus de titres “tout public”. Il y a un énorme travail de communication à faire de notre côté pour nous faire connaître, faire connaître nos spécificités, et amener un nouveau lectorat.
Parmi tous vos projets, figure aussi la tentative de relance de la série Lance Crow Dog...
Effectivement ! Nous avions dans nos projets d’offrir une seconde chance à des séries qui n’ont pas pu trouver leur public ou qui ont été interrompues prématurément par leur éditeur. Le scénariste Serge Perrotin nous a proposé de tenter l’expérience sur la série Lance Crow Dog, qu’il souhaitait relancer avec son comparse Jean-Marc Allais [1].
J’ai été séduit par les cinq premiers tomes, la personnalité du personnage, la cohérence de l’univers, l’intelligence des récits. Jean-Marc Allais a réalisé de premières planches convaincantes, le duo avec Serge Perrotin fonctionne bien, alors pourquoi ne pas tenter l’expérience avec cette série ? Il n’était pas envisageable de la relancer sans que les cinq premiers tomes soient disponibles. Nous avons donc choisi de les rééditer en un seul volume d’intégrale, complété d’un dossier de textes et dessins inédits.
Est-ce un test pour éventuellement d’autres reprises ?
C’est effectivement un test, que nous allons réaliser sur plusieurs séries en parallèle. Le financement participatif permettra-t-il à des séries d’éviter de se volatiliser dans l’histoire de la bande dessinée ? Les édinautes de Sandawe apporteront une première réponse à cette question.
Pour conclure cet entretien, j’aimerais savoir si vous avez prévu quelque chose de spécial durant le festival d’Angoulême, qui ouvrira ses portes le 31 janvier prochain ?
Nous organiserons un concours qui permettra de gagner deux années de BD, mais sur l’ensemble de notre catalogue.
(par Christian MISSIA DIO)
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[1] auteur d’Il Pennelo avec le scénariste Serge Perrotin, chez le même éditeur
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