Combien de projets allez-vous accompagner dans un premier temps ?
PP : Nous avons reçu une vingtaine de projet de qualité que l’on va poster progressivement sur le site. Combien connaîtront un album ? Ce sera à l’édinaute de le décider…
LF : Nous espérons que quatre ou cinq projets auront la possibilité d’être financés et édités la première année. On table sur une quinzaine d’albums l’année suivante. Nous sommes dans une dynamique qui est différente des maisons d’édition puisque nous ne décidons pas du nombre de livres qui seront publiés par Sandawe. C’est l’ensemble des « édinautes » qui ont ce pouvoir.
D’où viennent les projets ?
PP : Ils ont différentes origines. D’une part, des auteurs nous proposent des histoires intéressantes déjà publiées dans la presse, mais qui n’ont jamais eu la chance d’être éditées en album. C’était une occasion de leur donner une seconde chance. Des auteurs m’ont présenté des nouveaux projets car ils croyaient au concept de Crowfunding. Certains avaient des idées de séries ou d’albums et profitent de cette occasion pour les faire aboutir. Il y aura une dizaine de projets visibles d’ici les prochains jours sur notre site internet. Nous en avons encore quelques-uns en réserve. La publication de ces dossiers sur le portail Internet demande un travail conséquent : nous devons travailler sur le « pitch » avec l’auteur. Il faut présenter la série en une phrase accrocheuse, afin que les « édinautes » comprennent directement le concept du projet. Le scénariste doit résumer son synopsis en une dizaine de lignes. Une sélection des planches doit être opérée. Nous réalisons également une bande annonce assez légère pour présenter le projet. Nous devons toujours veiller à ce que chaque élément soit compréhensible par des non-professionnels. L’objectif premier est de créer une communauté et de susciter l’enthousiasme autour d’un projet d’album.
Au fil des jours, les auteurs pourront poster plus de matériel (des croquis, des morceaux de planches) et instaurer un dialogue avec les « édinautes ». Quand le financement sera atteint et clôturé, cet espace se transformera en une zone VIP, où les édinautes-investisseurs pourront suivre l’état d’avancement du projet.
Publierez-vous des séries ?
PP : Il n’y aura aucune limitation dans le format ! Nous avons actuellement un roman graphique, un projet jeunesse, des séries, des one-shots, un cycle. Des projets en noir & blanc, d’autres en couleur. Il y a un accompagnement éditorial pour chacun d’eux. Par exemple, lorsque j’ai reçu les pages et le synopsis de Hell West (de Vervisch et Lamy), j’ai incité les auteurs à traiter ce récit sous la forme d’un roman graphique en noir et blanc. Il aurait été dommage d’y mettre de la couleur. Je trouvais que les pages étaient tellement belles telles-quelles…
Les projets sont classés sous la forme de collection sur le site Internet de Sandawe. Vous appelez ces catégories des « tribus ». La classification des séries en collections est en mouvement chez les autres éditeurs. Combien aurez-vous de « tribus » à terme ?
PP : La situation est provisoire. On n’a pas voulu exclure les collections car, dans certains cas, cela peut se justifier. Mais comme, avant d’avoir des projets édités, nous sommes dans l’incapacité de prévoir le type de livres que les auteurs nous soumettront, ni ceux que les internautes privilégieront (et nous espérons que cela sera le plus diversifié possible), nous avons prévu cette solution. Lorsque le moment sera venu de décider, nous avons en projet de faire participer les auteurs à la création des collections. Mais il nous reste encore un peu de temps avant cela.
Prévoyez-vous des formats différents selon les « tribus » ou selon les livres ?
PP : Chaque livre est unique, et donc étudié tel quel pour bien correspondre au travail de l’auteur. Pour la petite dizaine de projets du lancement, nous avons déjà cinq formats différents.
Vous avez interviewé dans l’émission culturelle belge 50° Nord. Jérôme Colin, un chroniqueur, émettait une critique assez vacharde sur le principe du Crowdfunding. Pour résumer brièvement son propos, il disait que ce principe ne favorisait pas les œuvres d’auteurs, de création, de renouvèlement du genre, car le public est plus porté vers des valeurs sûres, vers ce qu’il apprécie déjà…
PP : Il y a un risque, mais les premiers résultats tendent à montrer le contraire. Les projets qui obtiennent le plus de succès sont loin de correspondre aux normes de la BD "standard", bien au contraire. Mais nous avons aussi des outils qui permettent de défendre des œuvres plus hors-normes. Ainsi, des professionnels peuvent soutenir des projets, et donc leur apporter un peu de leur crédibilité, donner plus de confiance aux personnes qui auraient du mal à juger sur base des éléments que nous leur proposons. Certains « édinautes » peuvent s’orienter vers des choses qu’ils connaissent mieux, d’autres peuvent défendre d’autres voies... En tout cas, on n’assiste pas, pour le moment, à un phénomène de "moutons suivant le troupeau".
Pourquoi est-ce que les projets sélectionnés que l’on peut voir sur Sandawe vous tiennent-il à cœur ?
PP : Parce qu’ils sont de qualité et qu’on a envie de les défendre et d’aider les auteurs à aboutir à l’édition de leurs albums.
Une partie des albums est donc envoyée aux édinautes-investisseurs.Qu’en est-il de l’autre partie. Quel type de diffusions aurez-vous ?
PP : Une partie des albums est effectivement consacrée à la promotion, soit via les « édinautes » qui ont investi dans le projet et qui ont donc intérêt à le faire circuler autour d’eux pour qu’il soit vu le mieux possible, soit via le service de presse. L’autre est diffusée tout à fait normalement dans les circuits traditionnels. Nous aurons en plus une version numérique, bien entendu, pour les amateurs qui préfèrent ce type de lecture.
(par Nicolas Anspach)
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Lisez la première partie de l’interview
Lire également : Sandawe, naissance d’une maison d’édition sur Internet (Novembre 2009)
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Photo : (c) Nicolas Anspach
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