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Paul Herman : « L’exposition "Les Capitales européennes" rassemble 250 auteurs ».

Par Charles-Louis Detournay le 20 juillet 2007                      Lien  
Directeur éditorial de Glénat Benelux, Paul Herman se consacre également à des expositions et à la publication de catalogues de bande dessinée. Pour nous, il revient sur cette passion et sur son dernier opus : {Les Capitales européennes}.

Paul Herman : « L'exposition "Les Capitales européennes" rassemble 250 auteurs ».
Le grand public connaît quelques uns de vos ouvrages tels que les Itinéraires de Bois-Maury, et Esquisses & Toiles sur J-F Charles, quels ont été vos autres projets ?

J’ai écrit également l’histoire des éditions Glénat. Ce n’était pas facile de faire le livre du patron (rires). Lors d’un repas entre Jacques Glénat, Henri Filippini, et moi, la question se posait de savoir ce qu’on allait faire pour les 30 ans de la maison. Et j’ai proposé qu’il écrive ses mémoires, mais par manque de temps, il m’a demandé de m’en occuper. J’ai regroupé les articles du Charlie Mensuel, pour lequel il avait écrit les échos pendant 10 ans. J’avais une totale liberté d’écriture, mais il m’avait dit qu’il se gardait bien entendu un droit de regard. En réalité, il a plutôt réalisé des ajouts, pour coller le plus possible aux faits.

Comment décidez-vous des thèmes de vos expositions ? Pour Hermann, c’était une façon de revenir sur la série, mais pour les autres ?

Dans le milieu des amateurs de BD, j’étais assez éloigné des fanzineux comme Jacques Glénat, François Rivière ou d’autres : je faisais des expos thématiques dont je publiais les catalogues. Ma première date de 1972, en lien avec mon mémoire sur la BD (un des premiers dans le monde francophone). Par ces expositions, dont celle sur le western, j’ai pu rencontrer pas mal de personnes du milieu de la bande dessinée car j’apportais des originaux d’auteurs assez renommés : Morris, Tibet, Hermann, Forton, etc. Puis, il y a cinq ans, Jacques Glénat m’a chargé de l’exposition du Décalogue sur une demande Frank Giroud. Ce n’est pas toujours facile de relier les idées des auteurs et les contraintes matérielles d’un évènement itinérant. Et comme cela a bien marché, chaque année, j’en ai réalisé une nouvelle : il faut la budgéter, prendre les contacts, s’occuper de la construction de stand, de la localisation, et bien entendu du catalogue.

Pouvez-nous faire le pitch de votre dernier bébé : les Capitales européennes ?

Ce livre rassemble un bel ensemble d’images évocatrices de grandes villes européennes où les personnages de BD évoluent. Quelques villes plus que d’autres inspirent les auteurs ; ainsi Londres, Paris et Rome sont très souvent le théâtre des récits de bandes dessinées. L’essor de la BD historique a cependant mis en avant quelques autres villes comme Berlin ou Athènes.

Votre catalogue s’honore d’une couverture d’André Juillard.

Jacques Glénat avait trouvé que c’était une excellente idée. Je savais qu’il avait un emploi du temps très chargé, mais il a pu l’intercaler dans son programme.

On a vu dans ce catalogue beaucoup d’images d’albums de Glénat, alors qu’on se serait attendu parfois à certains albums très réputés ?

Oui, j’avais pensé à ces illustrations incontournables comme la Marque jaune pour Londres, mais ce sont des images tellement connues qu’elles n’intéresseront sans doute pas le visiteur. Ce n’était pas vraiment un souci de droit car les éditions Blake et Mortimer fait partie de Média Participations. Ils étaient mêmes prêts à me donner des images du futur XIII se déroulant en Irlande, mais le timing était déjà serré pour clôturer la sélection, alors nous avons maintenu nos premiers choix. On a aussi évité les séries humoristiques comme les Pieds Nickelés pour conserver une cohérence à l’ensemble.

Exposition à Berlin

Avez-vous rencontré des difficultés pour obtenir les droits des illustrations employées ?

Non, il a fallu bien entendu expliquer le but poursuivi par l’exposition et tenir à leur disposition une série d’exemplaires du catalogue pour leurs justificatifs. Pour certains albums, le chemin à parcourir pour obtenir une réponse valide a parfois été ardu. La réaction des auteurs est également difficile à anticiper : la plupart du temps, ils sont enchantés d’y figurer, mais pourraient être déçus s’ils ne sont pas repris dans ce tour d’Europe des capitales. Ce choix reste bien entendu subjectif. Au total, 250 auteurs sont exposés, c’était déjà un sacré challenge.

Votre dernière page comporte un clin d’œil au futur de l’Europe, est-ce une demande de la commission ?

Non, j’ai agi de mon propre fait, en collaboration avec l’ambassade de France en Allemagne, et le bureau du Livre Français. Pour un précédent ouvrage, je m’étais rendu compte comme il est complexe de prendre contact avec la Commission pour un projet de livre. Rien que le fait d’utiliser le drapeau européen demande une pile d’autorisations diverses, raison pour laquelle la couverture de Juillard y fait allusion sans le reproduire.

Quel est le parcours de l’exposition ?

Nous avons débuté par Berlin. La quinzaine de la BD de Bruxelles vient de nous accueillir, puis on part à Leipzig au mois de septembre. Angoulême a formulé une demande : réponse à la rentrée.

Et votre prochaine ‘mission’ ?

Ce sera sur le thème de la mer. Malheureusement, notre répertoire n’est pas très vaste concernant les grandes batailles navales, et autres représentations maritimes. Il y a bien entendu le Belem et l’Hermione, mais j’ai également envie d’une insertion japonaise avec la vague de Hokusaï, mais je devrais alors me concentrer sur les mangas, ce qui impliquera plus de discussions pour obtenir les droits.

Gilles Chaillet en pleine dédicace

En reprenant la casquette de directeur de collection de Carrément BD, quels sont vos futurs projets ?

Nous allons éditer deux albums en 2008. Muriel Blondeau, l’épouse de Foerster, travaille sur un album fantastique, Margot l’enragée, basé sur un personnage folklorique de Flandre. Un jeune dessinateur, Dimitri Piot, nous fera découvrir les amours japonaises avec un ouvrage aux trois-quarts contemporain, et un quart de style Edo. Et dans un autre genre, le second Aldo Rémy de Tibet sortira sous peu.

Japan Expo vient fermer ses portes, un commentaire sur votre rivalité confraternelle avec Kana ?

Je pense que Kana et Glénat sont les deux leaders du marché actuellement. Les chiffres des ventes fluctuent fort selon les séries éditées, et les retransmissions télévisuelles des dessins animés adaptés. Ils publient entre autres Naruto et Détective Conan. Death Note laisse présager un futur brillant. Nous avons également nos valeurs sûres : Dragon Ball, One Piece, Akira, etc. Et puis, nous sortons bientôt le premier tome de Dragon Ball Z que le public suivra certainement.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Toutes les photographies sont © Torsten Goltz.

 
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