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Paul dans le Nord - Par Michel Rabagliati - Ed. La Pastèque.

Par Charles HAM le 25 novembre 2015                      Lien  
Michel Rabagliati, auteur québécois incontournable, nous propose {Paul dans le Nord}, huitième album de sa série récompensée par plusieurs prix internationaux.

Québec, 1976. En cet été, olympique pour la capitale du Québec, Paul, jeune montréalais en pleine crise d’adolescence, se sent englué à Saint-Sauveur, lieu de villégiature où ses parents, Robert et Aline, peinent à achever les finitions du chalet qu’ils se sont fait construire juste à côté de celui de sa grand-mère et de sa grand-tante. Ils ne seraient pas contre un petit coup de main de sa part, mais Paul ne souhaite qu’une chose : avoir assez d’argent pour pouvoir s’offrir sa moto — une Kawasaki KE100 — et échapper ainsi à un quotidien morose et à des parents qui ne le comprennent guère. C’est que Paul se sent bien seul depuis que Kathy, sa sœur aînée, a quitté le domicile familial pour s’installer avec son petit ami. D’ailleurs, Il ne reste plus que la vieille poupée de Kathy pour lui tenir compagnie lorsqu’il s’isole dans ce qui fut leur cabane d’enfance pour y fumer en cachette. En ville aussi, il se sent comme dépossédé depuis que ses parents ont choisi de déménager du quartier de Rosemont pour s’installer dans celui de Saint-Léonard, car il lui faudra changer de Polyvalente.

Paul dans le Nord - Par Michel Rabagliati - Ed. La Pastèque.
Planche 1
Paul dans le Nord, Michel Rabagliati, éditions La Pastèque, 2015

Job d’été

En attendant la rentrée scolaire et l’irrémédiable retour à la Polyvalente [NB : établissement d’enseignement secondaire où sont proposées à la fois des filières générales mais aussi des professionnelles], il assiste son oncle Raynald, dans l’entretien d’espaces verts d’entreprises clientes. Il semble être le seul adulte dont Paul accepte les demandes sans rechigner. Non seulement son oncle prend le temps de parler avec lui et l’écoute, mais encore c’est un tonton facétieux qui n’hésitera pas à lui offrir sa première bière dans un bar à gogo danseuses et même une lap dance privée alors qu’il n’a pas l’âge légal. Et c’est si bon de transgresser les interdits lorsqu’on a seize ans ! On a l’impression de devenir un homme, alors qu’on est encore un homme en devenir…

Planche 6
Paul dans le Nord, Michel Rabagliati, éditions La Pastèque, 2015

La Polyvalente

C’est le jour de la rentrée et il ne pouvait rien arriver de pire à Paul que cette pustule d’acné qui s’est invitée sur son nez. Alors qu’il attend que son nom soit appelé pour rejoindre sa nouvelle classe, devant l’inanité des conversations de ses condisciples il se sent perdu, tel un Bantou avec plumes, pagne et sagaie qui aurait atterri au beau milieu d’une assemblée d’Esquimaux, au Nunavut ! Mais c’est à la « Poly » et plus particulièrement lors de son premier cours qu’il se liera avec Ti-Marc, taillé à la hache de cognée dans ce bois dont on fait ses vrais amis pour la vie, un de ceux avec qui l’on est capable de partir « sur le pouce » à l’aventure dans le Nord et d’assumer les rencontres de gens bizarres qui sont le quotidien de ce mode de voyage, de tester ses limites en matière d’absorption de bière ou d’initiation aux substances végétales psychotropes (les deux seules pages en couleur de cet album lui sont consacrées !). Bien plus qu’un simple compagnon de transgression des règles, Ti-Marc va partager avec Paul sa famille, sa connaissance du rock, du sport, sa « gang de Lac-Noir » — une bande de joyeux drilles, garçons et filles — au sein de laquelle il trouvera son premier amour, celui qui grandit, qui détruit, et qui finalement construit le chemin vers l’âge adulte.

Sweet sixteen

Que l’on ait eu seize ans à Montréal ou ailleurs, peu importe… Cet album ne manquera pas de séduire celles et ceux qui ont adoré ou détesté cette période prégnante de leur vie. On saluera la grande tendresse de l’auteur pour ses personnages, la clarté du trait — des dessins précis mais jamais chargés de détails inutiles — et la limpidité de sa narration en neuf chapitres qui s’imbriquent fort agréablement les uns dans les autres. Le chapitre final — « Montréal » — est un pur délice de roman graphique, un concentré de ce qu’est cette révolution hormonale qui nous fait quitter de façon incertaine les doux rivages de l’enfance pour ceux, plus assumés, de l’âge adulte. Allez, pour finir, et pour celles et ceux qui connaissent un peu l’Amérique du Nord, nous avons envie de demander de façon un peu potache à Michel Rabagliati : « À quand la suite ? À quand un Paul en Floride ? »

(par Charles HAM)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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