Angus a commis l’irréparable. Il l’a fait par amour, et voulait que la femme qu’il aime, Pauline, trouve enfin une échappatoire au joug et aux souffrances qu’on lui fait subir au quotidien. Les auteurs laissent penser qu’ils ont du sang sur les mains. Les deux tourtereaux volent la voiture de la mère d’Angus et s’échappent. Leur équipée devient bien vite monotone La vieille cassette audio d’AC/DC passe en boucle depuis des heures. Ils décident de s’arrêter dans une station à essence pour acheter de quooi manger et décompresser un peu. Ils pensent que la police est à leur recherche. Ils envisagent de refaire leur vie ailleurs, dans un autre pays. Elle trouve un emploi dans une bourgade du bord de mer et ils vivent dans un premier temps dans un camping de manière fort sommaire. Angus s’ennuie, se lasse de cette vie terne. On comprend également que Pauline se refuse à lui.
Difficile d’en dire plus sans dévoiler le cœur de ce conte trash et diminuer ainsi l’effet de découverte pour le lecteur. Est-ce un road-movie comme on en a vus cent ? C’est tout le contraire de cela. Le scénariste, Appollo (Biotope, Ile Bourbon 1730), se donne le temps de développer ses personnages sans fausse pudeur. La chute finale est-elle une réalité ou une allégorie ? Qu’importe. On sort de ce récit bouleversé par les peurs et les traumatismes de l’héroïne, en bien des points semblables aux nôtres.
Stéphane Oiry s’était fait remarquer en signantavec Jean-Luc Cornette la série Les Passe-Murailles, deux fois nominée au Festival de la BD d’Angoulême. Ses atmosphères, plus écrasantes que dans son précédent opus, cultivent le spleen, le mal-être, même dans les scènes plus légères.
(par Nicolas Anspach)
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