Takehiko Inoue, l’auteur de Slam Dunk, Real et Vagabond, est un homme libre, libre de vivre ses passions comme il l’entend et de leur donner la forme qu’il souhaite. C’est ce qui lui permet d’effectuer un voyage sur les traces d’un artiste qu’il admire, Antoni Gaudi, et de réaliser Pepita à partir de ce voyage.
La démarche engagée par Takehiko Inoue dans cet ouvrage se veut d’abord chronologique, biographique d’une certaine manière : il lui a semblé falloir se mettre dans les pas du grand architecte, de son enfance jusqu’au grand œuvre inachevé, l’église La Sagrada Familia.
Ce grand volume cartonné, en sens de lecture occidental, recueille les impressions de l’auteur, le récit des rencontres qu’il effectue dans le cadre du voyage, de nombreuses photos prises au cours de celui-ci, des dessins réalisés sur le moment qui se mêlent après-coup aux photos ou demeurent indépendants de celles-ci.
Il est complété par une série de cinq ex-libris et un DVD comprenant plusieurs documentaires. Le principal, de 43 minutes, revient sur le voyage lui-même, et suit donc Takehiko Inoue au gré de ses pérégrinations. Deux autres, plus courts - environ quinze minutes chacun - montrent l’artiste au travail sur la réalisation de l’ouvrage. Les deux derniers - quelques minutes et quelques secondes - toujours liés au voyage, sont plus anecdotiques.
Certains considèreront - avec raison - qu’il ne s’agit pas d’une BD, certainement pas d’un produit franco-belge, niet que ce n’est pas même un manga qui plus est ! C’est vrai.
Mais nous avons aux commandes un artiste majeur de la bande dessinée mondiale qui peut s’affranchir des frontières et des codes de la narration graphique et qui n’a plus à s’enfermer dans la définition d’un domaine précis, un peu comme ces auteurs franco-belges qui, comme Bilal ou Joann Sfar, conjuguent réussite publique et critique, production de masse et démarche indépendante.
Pepita constitue peut-être l’occasion de découvrir un mangaka par un ouvrage d’art atypique qui offre une porte d’entrée sur l’univers de Gaudi mais surtout sur celui de Takehiko Inoue.
(par Aurélien Pigeat)
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