Lorsque Brenda vient au monde, sa mère, Stéphanie, a 15 ans, et son père s’est déjà éclipsé. Négligée, Brenda grandit pourtant vite et apprend à se débrouiller seule.
Malgré les brimades et les punitions injustes dont elle est victime, Brenda souhaite voir sa mère heureuse et s’occupe d’elle du mieux qu’elle le peut, à tel point que les rôles s’en trouvent inversés, Brenda devenant la « petite maman » de sa mère.
Comme tout autre forme d’art adulte, voilà longtemps que la bande dessinée a quitté le champ du simple divertissement, voire l’enseignement pédagogique à l’adresse des jeunes têtes blondes bien pensantes. Petite Maman prolonge cette exploration mature, en utilisant un langage et des codes destinés à développer des sentiments forts, et traiter des sujets qu’il faut évoquer, sous peine de les voir perdurer, et s’amplifier.
Le talent d’Halim (Arabico, Un Monde libre] n’est pas seulement dans d’oser d’aborder le sujet difficile de la maltraitance, il réside dans l’adéquation de la forme au fond. Le dessin, la mise-en-scène et les dialogues permettent de vivre cet enfer qui peut se déclencher dans chaque domicile, derrière chaque porte.
Même si le sujet est intrinsèquement très difficile, et si la réussite de son traitement touchera très certainement profondément des personnes sensibles, nous ne pouvons que conseiller fortement sa lecture. Pour briser le mur du silence mais aussi et surtout parce que Petite Maman est l’un des plus beaux livres de la rentrée, tout simplement.
(par Charles-Louis Detournay)
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