Souvent, les blogueurs meurent d’ennui et leurs lecteurs avec eux. Leur numéro d’égotisme pétri de fausse ironie, ça va bien cinq minutes, mais quand cela dure des plombes, cela prend un côté pathétique. Il faut tout le talent d’un Boulet, d’une Pénélope Bagieu ou même, eh oui, d’un Trondheim, qui arrivent à développer un véritable univers ou tout simplement un ton unique pour qu’on aie envie de revenir tous les jours sur leurs pages ou, comme c’est le cas ici, sur leur version papier.
Jeromeuh ne se la pète pas. Point de pathos de créateur tourmenté quémandant la reconnaissance : juste de la légèreté, de l’inconséquence, une verve et un trait charismatiques. C’est un dessinateur débutant et qui le sait. C’est pourquoi il a redessiné complètement l’album pour sa mise en librairie, avec modestie. Car Jeromeuh n’est pas un pur produit numérique. Son dessin, il le fait à la main, l’encre consciencieusement, le scanne et le met en couleurs à la tablette graphique.
Chez lui, l’usage du blog prend tout son sens : son humour, ses dessins, il les teste en direct sur sa page consultée chaque jour par 10.000 lecteurs (il pense que ce n’est pas beaucoup, le fou). Comme il raconte sa vie, celle d’un gay parisien sans complexe ironisant sur sa « virilité » et volontiers langue de pute, il suscite forcément une curiosité amusée dont il se dépêtre avec brio grâce au personnage qu’il construit, jour à près jour, capable de grimaces ahurissantes.
Son premier album est accueilli par une toute nouvelle collection dirigée par Yannick Lejeune chez Delcourt. Le co-fondateur du Festiblog offre ainsi un espace en librairie à tous les créateurs qui cultivent leurs pixels. Et dire qu’il y a encore des gens pour penser que l’Internet n’est pas l’avenir de la BD !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Jeromeuh expose ses dessins à la Galerie Napoléon. Vernissage le mercredi 18 mai 2011 à partir de 19h00, en présence de l’animal. Galerie Napoléon - 23 rue Charles V, 75004 Paris, à deux pas du Marais évidemment.
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