Albums

Petites éclipses - Par Fane & Jim - Casterman

Par David TAUGIS le 13 août 2007                      Lien  
Soit la rencontre surprenante de {{Fane}}, dessinateur de {Joe Bar Team}, et {{Jim}}, scénariste notamment de {Fée et tendres automates} sous le pseudo de Téhy. A l'arrivée un long roman graphique qui tente de capter les états d'âme d'un groupe d'amis réunis pour admirer une éclipse totale du soleil.

Une réunion de copains pas comme les autres. Le prétexte d’abord : admirer ensemble une éclipse, le mieux placé possible, quelque part dans le Sud. Le contexte ensuite : Jean-Pierre amène Jan, une petite amie trouvée sur le net en cachette de sa femme ; Dominique et Isabelle qui traversent une crise malgré les sentiments profonds qui les unissent, Hubert, homo jovial, mais qui crève pourtant de solitude ; et Héléna qui jette un regard acerbe sur toute la bande tout en continuant d’être amoureuse de Dominique.

Énoncé comme ça, Petites éclipses pourrait ressembler à une sorte de Monsieur Jean, ou au Davodeau de Quelques jours avec un menteur. Mais au bout de 290 très longues pages, l’intrigue n’a guère avancé. Les auteurs, qui ont travaillé à quatre mains, dessin et texte ensemble, annoncent dans l’entretien qui fait office de préambule à l’album, qu’ils ont mis beaucoup d’eux-mêmes dans les personnages. Un peu trop peut-être. Au point que ces longues scènes de règlement de comptes ni vraiment drôles ni originales ressemblent à un défoulement rageur face à la quarantaine qui menace.

Les citations, en première page, de Beigbeder et Nicolas Rey, écrivains branchouilles pour hebdo rive gauche, n’annonçaient rien de bon, et cela se vérifie. Pour sonner juste, Fane et Jim se sont sentis obligés de bombarder leurs dialogues de langage ordurier, avec plus de "putain" que dans une VF d’un film de Scorcese de la grande époque. Tant de violence verbale finit par rendre ces affrontements stériles interchangeables, dénués de toute émotion. L’histoire accumule ainsi scènes de dispute et piques assassines, avant de revenir au point de départ au chapitre suivant. Ne parlons pas du personnage de l’homo, totalement invraisemblable, doté d’un humour aussi subtil que celui d’un Bigard après une tournée de trop au bar du village. Et que dire de la séquence mettant en scène cette guérisseuse déjantée, censée faire sauter le reste de vernis de la petite bande à couteaux tirés ? Pas convaincante du tout et lourdingue au possible.

À la fin de l’album, la situation des six personnages n’aura pas beaucoup progressé, sauf peut-être au niveau des larynx, fatigués de tant de hurlements entre la cuisine et le salon. Et si le dessin en noir et blanc fait son possible pour sortir du modèle explosivement caricatural et dynamique de Joe Bar Team, sa vivacité ne suffit pas à rattraper le manque cruel de nuance et de précision dans les expressions, capital dans un projet de ce genre. Dominique, le schtroumpf grincheux de l’histoire, pâtit par exemple d’un visage qu’on a bien du mal à cerner tout au long de l’album.

Pour donner un peu de corps à Petites éclipses, Fane et Jim auraient pu tenter de développer une véritable intrigue, comme a su si brillamment le faire Davodeau dans Quelques jours avec un menteur, et des dialogues un peut plus profonds. Mais le plus dur pour le lecteur reste l’impossibilité totale de s’attacher à des personnages veules et souvent antipathiques.

Petites éclipses - Par Fane & Jim - Casterman

(par David TAUGIS)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR David TAUGIS  
A LIRE AUSSI  
Albums  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD