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Pierre Couperie, la rigueur d’un historien passionné

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 13 janvier 2010                      Lien  
Nous revenons sur la disparition de Pierre Couperie survenue il y a quelques jours, symbole d’une époque où certains pionniers bâtissaient en précurseurs les fondations d’une histoire de la bande dessinée.
Pierre Couperie, la rigueur d'un historien passionné
"Bande dessinée et figuration narrative", catalogue de l’exposition, dirigé par Pierre Couperie
DR

Les notices biographiques sont rares à propos de Pierre Couperie. On sait qu’il est né à Montauban en 1930, que cet historien fut chef des travaux au Centre de recherches historiques de l’École des Hautes Études en Sciences sociales, qu’on lui doit des travaux sur l’histoire économique et sociale de Paris et un atlas historique de cette ville. Il fut vice-président du Club de bandes dessinées (mai 1962), membre du CELEG (Centre d’étude des littératures d’expression graphique), puis vice-président de la SOCERLID qui fut le promoteur de la grande exposition « Bande dessinée et figuration narrative » au Musée des Arts-Décoratifs (1967), considérée comme le point de départ de la reconnaissance de la bande dessinée en France. Il conçoit la plupart des expositions et colloques organisés par la SOCERLID, pêchant parfois par passéisme ou par aveuglement, survalorisant les bandes dessinées de « l’âge d’or » (les comic strips américains d’avant-guerre) au détriment des comic books ou encore des grands courants de la bande dessinée mondiale comme les mangas japonais, par exemple.

Première édition de Little Nemo en France, avec un appareil critique de Pierre Couperie
Ed. Horay

Mais ses contributions aux revues Giff-Wiff (à partir de juillet 1962) et Phénix (à partir d’octobre 1966), sont pionnières et parmi les mieux conçues et les plus pertinentes à un moment où la documentation est rare. On lui doit l’appareil critique des premières éditions en France de Little Nemo, Flash Gordon ou Prince Valiant, base de l’éducation bédéphilique en France qui impulsa bien d’autres initiatives ensuite, dont notamment le Festival Internatinal de la Bande Dessinée d’Angoulême.

« Un modèle de rigueur et d’érudition »

« C’est Couperie qui, en sa qualité de vice-président du Club des Bandes Dessinées (futur CELEG), témoigne Maurice Horn, l’auteur de The World Encyclopedia of Comics, m’a écrit en 1963 pour me demander de devenir le correspondant du Club aux États-Unis. En tant qu’historien et théoricien de la bande dessinée, Couperie joignait une érudition et une finesse d’analyse avec un style accessible à un large lectorat. Dans ce domaine en France, à mon avis, il n’a jamais été égalé, encore moins remplacé.  »

Une curiosité toujours en éveil. Ici, "Dessus-Dessous" de Gustave Verbeek
Ed. Horay

« C’était l’intellectuel de la bande, ajoute Henri Fillipini, son collaborateur dans Phénix et futur éditeur aux éditions Glénat. C’était un chieur pour ça, c’était le genre de mec à passer une nuit blanche pour savoir si c’était un mardi ou un mercredi que Milton Caniff avait dessiné la planche de telle ou telle date ! C’était quelqu’un de très pointu, de pinailleur. J’ai eu le malheur d’écrire un jour un bouquin un peu bâclé et, même si nous étions amis et si on se voyait tout le temps, il ne m’a pas raté.  »

Dominique Petifaux, secrétaire de rédaction du Collectionneur de bandes dessinées et qui y a fait l’une de ses rares interviews [1] le confirme : « Couperie a été le premier véritable historien de la bande dessinée. Sa caractéristique a été (c’est ce qu’il faisait notamment dans son séminaire de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales) de relier la bande dessinée à l’ensemble de la production artistique de l’époque. Sa dernière manifestation publique fut un entretien qu’il a accordé à Annie Baron-Carvais et à moi en 1997[…]. Pour l’étude de la bande dessinée, il a formé un duo extraordinairement efficace avec Claude Moliterni : on ne pouvait rêver personnalités plus complémentaires. En gros, "la tête" et "les jambes"... Il était aussi reconnu à l’étranger. Pour tous les chercheurs en bande dessinée, il était un modèle de rigueur et d’érudition. »

« une curiosité d’une intensité d’enfant »

Le N°1 de Giff-Wiff (1962). Pierre Couperie en signe l’éditorial
DR

Ces dernières années, à la retraite, il vivait reclus dans son appartement du 5ème arrondissement de Paris. La dessinatrice des Triplés, Nicole Lambert fut parmi ses intimes : « Je l’ai connu parce qu’il m’avait invitée au Festival de Lucca, il y a 24 ans. Il avait vu Les Triplés dans le Figaro et il m’a invitée. C’est devenu un très grand ami. Danièle Alexandre-Bidon et moi-même l’avions vu ensemble le 23 décembre dernier. On est retourné le 3 janvier et il était mort. C’était un homme hors du commun d’une érudition phénoménale comme je n’en ai jamais rencontrée. Sa formation d’historien ressortait très sérieusement, il était d’une grande exigence. On l’a connu d’une manière tout à fait intime, comme un ami très cher. Il était d’une gentillesse et d’une tendresse extraordinaires, surtout quand on pense à quel point il pouvait être difficile et exigeant. Il avait une curiosité d’une intensité d’enfant : il voulait tout connaître, tout savoir, tout l’intéressait et, en même temps, il était très reclus. C’était un OVNI, quoi. C’est le premier universitaire sérieux qui a vraiment donné ses lettres de noblesse à la BD. Il était aussi bien spécialiste de la bande dessinée qu’un historien médiéviste de premier plan. Il était fasciné par la Guerre de Sécession qu’il connaissait dans les moindres détails. Il pouvait dire : « Vous savez, dans la musette du fantassin, il y avait trois cartouches de moins que chez les autres ». Il était féru d’astronomie à un point qui était stupéfiant, c’était une sorte de Pic de la Mirandole ! Il avait un goût du savoir. Il donnait un séminaire merveilleux aux Hautes Études qui a duré des années. C’était une jouissance pour l’esprit car il prenait ses exemples absolument partout : dans la BD, dans la peinture. Il préparait beaucoup de choses mais il avait du mal à terminer car il était fatigué. Il fonctionnait à mille à l’heure, il était inouï. Je l’aimais beaucoup. Être dans ses intimes, c’était un honneur formidable.  »

Encore interloqué par le scandale des archives de Claude Moliterni partiellement retrouvées sur le trottoir de son appartement parisien, Rinaldo Traini qui lui rend hommage sur l’excellent site d’information italien Af News s’inquiète de savoir s’il en sera de même avec celles de Pierre Couperie. D’après nos informations, elles seraient en sécurité, un inventaire devrait est prévu qui pourrait prendre quelques mois. La Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image d’Angoulême s’est d’ores et déjà manifestée pour en être le dépositaire.

Il est prévu que Jean Giraud alias Moebius dise un petit mot en son hommage à l’occasion de l’ouverture officielle du prochain Festival d’Angoulême.

[Ajouté le 14 janvier 2010].

On en sait un peu plus sur les circonstances de son décès. Il serait mort le 24 décembre 2009. Son corps a été découvert le 5 janvier 2010.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

[1CBD N°84, hiver 1997.

 
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11 Messages :
  • Pierre Couperie, la rigueur d’un historien passionné
    13 janvier 2010 17:09, par Jean-François Douvry

    Cruelle actualité , après Francis Lacassin il y a peu , Claude Moliterni , et maintenant Pierre Couperie...
    Ce que lui doit la Bande Dessinée est inversement proportionnel à sa notoriété , mais les amateurs intéressés par l’Histoire du genre savent ce que cet exigeant critique leur a apporté .
    Très heureux d’apprendre que ses archives ont une chance de rejoindre les fonds du CNBDI ( qui possède déjà celles de St Ogan), afin qu’elles puissent être exploitées et disponibles à la consultation.
    Je suis de ceux qui avait vivement protesté contre le sort fait à une partie des archives de Claude Moliterni ( dont j’espère que l’essentiel a été préservé...)
    (Une petite observation : lui reprocher d’avoir négligé le Manga... il y a quarante ans ! n’est pas approprié , ce continent de la bande dessinée étant inconnu à l’époque.)

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 13 janvier 2010 à  18:02 :

      Vous ne me ferez pas l’injure, cher monsieur, de faire dans un hommage à un historien un peu de... critique historique.

      Il est en effet étonnant que cette génération n’ait pas vu passer la BD japonaise.

      Par ailleurs, je vous signale que, dans Giff-Wiff, Pierre Couperie a eu, vis-à-vis des comic books des mots assez définitifs.

      Ces aveuglements sont propres aux pionniers. Quand Colomb découvrit l’Amérique, il pensait avoir trouvé l’Inde. C’est un peu du même ordre.

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      • Répondu par Jean-François Douvry le 13 janvier 2010 à  19:28 :

        Ce que vous avez exprimé , cher Didier Pasamonik , n’est pas erroné , simplement en décalage rapporté au contexte de ces années soixante . Il aura fallu attendre la fin des années quatre-vingt pour que le manga se fasse vraiment une place ( légitime) dans la perception des amateurs de bande dessinée .
        Au chapitre des aveuglements propres aux pionniers , Pierre Couperie avait la réputation non usurpée de ne pas mâcher ses mots , y compris vis à vis de ses amis proches.
        Une intransigeance qui rappelle , toutes proportions gardées , la prose acérée d’un François Truffaud dans les Cahiers du Cinéma , avec ses excès et ses vérités...

        Par ailleurs , je vous suis reconnaissant d’avoir développé au-delà d’une brève l’événement que constitue la disparition de Pierre Couperie , et rappeler son parcours .
        C’est une initiative qui honore ActuaBD .

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      • Répondu par L’archiviste le 13 janvier 2010 à  21:09 :

        Bonjour,
        Il est toujours difficile de juger l’oeuvre d’une personne sans en avoir fait le tour de façon précise et d’en faire une analyse. Pierre Couperie a réalisé de très nombreux travaux historiques... Je pense que personne ne les a toutes lue.

        Pour ma part, je vous remercie de rendre hommage à mon collègue des Hautes Etudes Supérieures...

        De plus en plus d’historiens s’intéresse à l’histoire de la bande dessiné. Pour ma part, je pense m’attaquer prochainement à réaliser une étude sur les Editions Fleurus et ses auteurs (Erik...).

        A bientôt...

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        • Répondu par hectorvadair le 14 janvier 2010 à  08:00 :

          Affecté par la disparition de ce spécialiste dont j’ai lu quelques ouvrages et articles de référence, comme tout amateur sérieux de bandes déssinées.
          ... Très intéressé aussi par cette étude sur les éditions Fleurus .

          Je vous informe au passage que mes recherches sur Pierre koernig dans le journal de Formule 1 m’a amené à envisager une réédition de sa principale histoire, et que je serais intéressé par votre travail.

          cf : le blogd-hectorvadair

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      • Répondu le 13 janvier 2010 à  22:25 :

        A ma connaissance, autant les bandes américaines étaient publiées en France dès le début du siècle (années 30 ?) autant la bande dessinée asiatique n’est arrivée en France que dans les années 70 et par la petite porte (novellisation des dessins animés avant les bandes originales), difficile de la connaitre dans ces conditions, la barrière de la langue (moindre en anglais) étant une grande muraille de Chine qui plus est.
        Pour la découverte des classiques US, il y a eu Charlie mensuel et la collection Copyright de Futuro, mais on a réellement découvert les mangas qu’à partir d’Akira chez Glénat.

        (je ne suis pas un spécialiste comme l’était Pierre Couperie et peut-être n’ai-je dit là que des âneries)

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    • Répondu par Mario le 13 janvier 2010 à  20:19 :

      Il ne faut pas oublier que notre fine équipe avait fort à faire pour faire (re) découvrir la BD américaine, mais surtout, avait suffisamment à faire pour que la BD, dont la BD française, soit reconnue comme un art, comme un loisir sain.
      Ils ont mis une bonne décennie avec une multitude de publications et de manifestations pour y arriver.
      Qu’ils aient laissé de côté, certaines représentations, malgré tout "lointaines" de la BD, n’est pas ici condamnable.

      Comme dans le premier hommage, je réitère mon admiration pour tous ces acteurs qui nous ont permis de connaître la BD mondiale, ses séries, ses auteurs, etc.

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      • Répondu par Oncle Francois le 14 janvier 2010 à  00:22 :

        L’oubli ou la méconnaissance du manga par François Couperie est tout à fait légitime et explicable.

        1 : d’une part, il a le droit de préferer les BD américaines ou le francobelge (plus l’italien, bien sûr).

        2 : la plupart de son travail d’historien de la BD a été fait à une époque (je veux dire avant 1980, voire 1975) où quasiment rien n’existait sur le manga, que ce soit en Europe, voire aux Etats-Unis. En effet, les BD japonaises (phénomène liée à leurs estampes, et donc fort ancien)n’étaient pas traduites en français, ni en américain. Il fallut attendre que certains mangas soient traduits en américain pour que des éditeurs (Glénat-Guttin par exemple)n’en essaient l’adaptation française. Les américains utilisent une langue proche de la notre, de plus, ils remettent les pages dans le bon ordre, car les japonais impriment leurs livres à l’envers (c’est ce que j’ai pu constater en feuilletant certains mangas), et en plus, je crois qu’il faut lire les pages de bas en haut ou de droite à gauche, on voit ce que cela donne d’habiter à l’autre bout du globe, où l’on mange des algues avec de l’alcool de riz, et ou l’on trouve très chic de dormir par terre dans des maisons de papier.

        Dans certains types de manga, l’editeur met du blanc là où des images pourraient choquer le prude ou pudibond public. Donc les américains reformatent à l’occidentale tout ce fatras, et les éditeurs français peuvent ensuite faire leur choix !!

        3 : enfin, il est inconvenant de critiquer quelqu’un qui n’est plus là pour se défendre.

        En hommage final, je dirai juste qu’avec Filippini et Moliterni, ils ont été les trois Mousquetaires de la BD.

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        • Répondu par Alex le 14 janvier 2010 à  01:45 :

          Oh, Onc’… parfois ! Y’a pas de ”phénomène” lié aux estampes, ce n’est pas une particularité culturelle mais une pratique artistique. L’introduction du terme ”Manga” dans notre vocabulaire date du 19e siècle avec la découverte de Edmond de Goncourt des travaux d’Hokusai. Outre ses estampes Hokusai ”croquait” sur le vif son entourage –de rapides dessins au pinceau intitulés ”La Manga” (15 volumes je crois)- c’est tout au moins le titre que EdG apporta dans sa catégorisation de l’oeuvre d’Hokusai.
          Bien avant Glénat, les Humanos publièrent –partiellement toutefois- le superbe ”Gen d’Hiroshima”. Artefact publia aussi un manga dans les 80’s. Tout cela reste en effet très anecdotique. Je ne crois pas que la ”Librairie du Japon” à Opéra existait déjà à l’époque.
          Pour ce qui est de la lecture du manga, je vous rejoins totalement. Je ne supporte pas les mangas, leur lecture est antinomique avec notre ordre de lecture (et c’est très clair que les maisons d’éditions les gardent dans cet ordre précis par pur intérêt économique-svp, ne me la faites pas !)
          Ceci dit, cela ne semble pas déranger le moins du monde mon fils de 15 ans !? Admettons-le Onc’… nous sommes des vieux c…

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        • Répondu par LC le 14 janvier 2010 à  02:52 :

          ils remettent les pages dans le bon ordre, car les japonais impriment leurs livres à l’envers (c’est ce que j’ai pu constater en feuilletant certains mangas), et en plus, je crois qu’il faut lire les pages de bas en haut ou de droite à gauche, on voit ce que cela donne d’habiter à l’autre bout du globe, où l’on mange des algues avec de l’alcool de riz, et ou l’on trouve très chic de dormir par terre dans des maisons de papier.

          Vous le faites exprès ou vous vous forcez (comme aurait dit Tillieux) ? Vous pensez par lieux communs d’il y a 100 ans, je vous aurais pourtant cru légèrement plus jeune pour encore aller courir la gueuse. Il n’y a pas de bon ordre, il y a différentes façons de faire.

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          • Répondu par Oncle Francois le 14 janvier 2010 à  12:06 :

            "Vous le faites exprès ou vous vous forcez (comme aurait dit Tillieux) ?"

            Excellente référence, ça commence bien !

            "Vous pensez par lieux communs d’il y a 100 ans, je vous aurais pourtant cru légèrement plus jeune pour encore aller courir la gueuse."

            Je suis loin d’avoir cent ans, je suis actuellement à 62% de cet objectif (même si les dames me donnent généreusement quelques années de moins, grace aux bons services de Loréal). Je ne vais pas "courir la gueuse" pour reprendre votre expression, d’abord les gueuses ne m’intéressent pas (à part la Gueuse-Lambic bien sûr, arf arf, humour !!°), je prefère les jolies libertines, et en plus je m’essouffle vite, donc elles me distanceraient facilement. Je prèfère le saut en activité sportive, ou déguster un petit sauté de biche. Car je suis un fin gourmet et un homme de goût. Donc je prefère Gir à Blanc-Dumont, Hergé à De Moor, JVH à Sente, le divin Manara à Pichard et Serpillièri. Je vous souhaite d’atteindre un jour mon niveau, cher LC (comme Laissez Tomber ???), vous verrez il suffit d’apprendre pour évoluer. Cordialement !

            "Il n’y a pas de bon ordre, il y a différentes façons de faire."

            Sage parole ! Donc de la même façon que je n’ai pas envie de manger des poissons crus vivants qui frétillent encore dans la bouche (voire dans la gorge ou l’estomac), je comprends que certains peuples trouvent bizarre certaines de nos spécialités culinaires comme les escargots ou les grenouilles. C’est la limite de la mondialisation, il y a des traditions et des gouts différents, tout produit ne peut pas plaire à tout le monde, et encore une fois (c’était le sujet de mon précedent post), il etait quasi-impossible pour un Français de bien appréhender le phénomène manga avant 1975.

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