Cléopâtre et Alexandre, des noms ambitieux s’il en est, deux jumeaux d’une dizaine d’années, vivent dans la rue depuis la disparition de leur père, plusieurs mois plus tôt. Ayant rejoints une bande de gamins voyous, ils doivent finalement prendre la fuite et se retrouvent séparés, chacun embarqué dans un périple qui prend peu à peu le tour d’une formidable course au trésor.
Récit d’aventure qui plonge le lecteur dans l’Amérique et le Pacifique des années 1860, Pile ou Face reprend avec brio les codes des histoires de pirates et d’orphelins contraints de se débrouiller seuls dans un monde d’adultes. Il y ajoute, et c’est ce qui fait son succès, à travers ses héros jumeaux les motifs du double et du travestissement.
Car il faut rapidement à Cléopâtre endosser une identité masculine, ce qui lui convient tout à fait car la jeune fille - au fond le véritable personnage principal de l’ensemble et sa plus belle réussite - ne cesse de contester la différence de traitement qu’elle observe entre son frère et elle.
Hope Larson et Rebecca Mock livrent ici une chronique prenante et passionnante. À destination des pré-adolescents, les volumes offrent des personnages complexes et des situations sérieuses, voire dramatiques, sources de réels dilemmes pour nos héros, sans pour autant verser dans le glauque ou le sordide. Petit bémol toutefois : les ultimes péripéties, qui ne nous ont pas vraiment convaincus.
Rue de Sèvres propose ainsi encore une fois une formidable BD jeunesse issue des productions anglo-saxonnes. Après La Cité sans nom et Jack le Téméraire, l’éditeur a manifestement trouvé là un filon fructueux, et c’est tant mieux.
(par Aurélien Pigeat)
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