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« Poulet aux prunes », l’antidote contre la déferlante Tintin

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 octobre 2011                      Lien  
Le film de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud sort demain mercredi, le même jour que Tintin. Choc frontal ? Pas sûr. Offre complémentaire plutôt, tant l’œuvre de Marjane Satrapi est tout le contraire de celle d’Hergé. Après la fureur de l’aventure hollywoodienne, voici la douceur du conte persan.
« Poulet aux prunes », l'antidote contre la déferlante Tintin
Poulet aux prunes de Marjane Satrapi
Ed. L’Association

Un auteur, pour résumer, ce n’est ni un dessin, ni une histoire, c’est une voix, un ton, une vibration, un son quoi. Comme au violon, une âme. Il est des voix qui portent, qui parlent fort, qui crient. Quand on lit, c’est la voix de l’auteur qui résonne en nous et le dessin est là pour la moduler, lui donner chair, la voix s’incarne, comme une âme, dit-on, habite un corps.

Au cinéma, c’est plus encore une voix que dans la lecture, elle est incarnée par un acteur qui lui offre sa présence. La différence entre Tintin et Poulet aux Prunes est là, dans la qualité de cette présence. Tous les efforts de Spielberg pour essayer de rendre présent un Tintin « en chair et en os » à grands renforts de pixels, pour habiles qu’ils soient, n’effaceront jamais le rôle habité d’un acteur.

Le Prix du Meilleur album de l’année 2005 attribué à Poulet aux Prunes de Marjane Satrapi (Ed. L’Association) lui a été remis au moment où Persepolis était en pleine aventure cinématographique, le film étant en cours de développement. Il est peut-être apparu comme une récompense opportuniste venant au secours d’un succès annoncé.

Pourtant, à mon sens, c‘est un livre bien meilleur que l’autobiographie de la jeune Iranienne fuyant le pays des mollahs à travers l’Autriche pour aboutir en France. Pétri de finesse et d’intimité, il raconte un drame familial qui touche à la création et à la difficulté pour un artiste d’être compris par les autres, en particulier par ses proches.

Mathieu Amalric et Maria de Medeiros dans "Poulet aux prunes"
© Le Pacte

À Téhéran en 1958, Nasser Ali Khan (joué dans le film par Mathieu Amalric), se laisse mourir quand il comprend que le violon qu’on lui a brisé ne pourra être remplacé par aucun autre. Attendant le trépas, il se remémore les instants passés, notamment ceux avec la belle Irâne à l’origine de sa vocation artistique.

De la création comme essence vitale, voilà de quoi parlent ce film et ce livre. Ne ratez ni l’un, ni l’autre. Écoutez la voix de Marjane Satrapi.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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