Ce sont clairement les sept expositions (toutes des créations originales) qui font le spectacle à Lausanne. Celle consacrée à Frederik Peeters a pu donner toute l’ampleur d’un jeune talent (il est né en 1974) qui aligne depuis quelques années de purs chefs d’œuvre raflant deux prix à Angoulême en 2007 et 2008.
« J’aimerais faire des livres qui remplissent les têtes et non qui les vident » déclarait récemment le Genevois à la Tribune de Genève. L’exposition de Lausanne met en lumière de façon originale ce précepte appliqué à la lettre par l’un des représentants contemporains de la bande dessinée d’auteur.
L’autre exposition qui n’est pas passée inaperçue, c’est celle de Jean-Marie Derscheid : Pop-ups & Comics. Les pop-ups, vous savez, ce sont ces « livres-animés » qui se déploient, quand on les ouvre, en de magnifiques constructions de papier. L’exercice existe depuis le XVIIe Siècle et la bande dessinée n’a pas été absente de cette aventure : de Flash Gordon à Popeye, de Mickey à Astérix et Tintin, sans parler des créations originales d’auteurs un peu moins connus mais non moins fabuleux. Naguère fabriqués en Colombie, aujourd’hui en Chine, le pop-up est un art de l’émerveillement, lequel n’a pas manqué aux visiteurs du festival.
La Galerie des illustres du magazine de Spirou est une autre exposition patrimoniale qui a permis de rendre hommage aux classiques du journal belge : Franquin, Jijé, Morris, Peyo, Will, Paape et combien d’autres qui constituent le firmament de l’École de Marcinelle.
Les créateurs suisses ont pu se défouler sur un support original : les boites d’allumettes. Chaque année, le festival oblige les artistes à créer sur un thème imposé. L’exposition Fireboxes a surpis plus d’un festivalier par son originalité.
Le plasticien Noyau, le dessinateur Baladi et les dessinateurs suisses de demain avaient aussi droit aux cimaises.
Un changement de lieu réussi
La zone franche du quartier du Flon, en contrebas de la ville, était en travaux. Le Festival est venu se percher dans le haut de la cité, dans le quartier de la Riponne. En dépit de son caractère plus bourgeois, on pouvait craindre que le changement de lieu désoriente le visiteur et que le Festival perde en audience. C’est le contraire qui s’est passé : de 14.000 visiteurs en 2005, 25.000 en 2006, 31.000 en 2007, 34.500 visiteurs en 2008, le Festival a la satisfaction d’annoncer qu’aux premiers décomptes le dimanche soir la fréquentation avait été cette année « dans des proportions identiques à l’année précédente ».
C’est une bonne opération car le côté « hangar » du précédent lieu n’était pas toujours à la mesure des prestigieux auteurs invités. Cette année, avec la présence de Jean Van Hamme et de Grzegorz Rosinski et de près de 70 dessinateurs, les dédicaces ont fait le plein.
Un Prix du Public Manor du concours Dessinateurs de demain a été attribué à l’Espagnol Pablo Sanchez-Perez.
La prochaine et sixième édition du Festival aura lieu du 10 au 12 septembre 2010, à nouveau dans le quartier de la Riponne. Cette fois, l’invité d’honneur est à nouveau Suisse (il ne faudrait pas que cela devienne une habitude sinon on enlèvera le label « international » du Festival). Il s’agit de l’illustre Zep, à nouveau prophète en son pays. Depuis que les banques suisses voient leur secret quelque peu éventé, il est possible que la bande dessinée devienne le nouvel étendard de la qualité suisse.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Reportage photographique : Olivier Wurlod
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